Cinéma
Le séisme intérieur d’Alexandra
Ni le réalisateur, Alexandre Sokourov, ni son actrice principale, Galina Vichnevskaïa, n’ont pu venir à Cannes pour présenter leur film. Alexandra n’en est pas moins l’un des favoris dans la course à la Palme d'Or.
C’est un film silencieux et profond, pudique et élégant, sur les ravages intérieurs de la guerre et la façon dont elle vide les têtes, piétine les fiertés, et assèche les cœurs. C’est un film bouleversant, qui ne peut pas laisser indifférent, et que certains voient même déjà couronné d’or au soir du palmarès.
Pour son Alexandra, Sokourov est allé filmer en Tchétchénie, à l’endroit même où des soldats russes sont actuellement cantonnés. Tournage vérité, sous la protection du FSB (services secrets russes)... Alexandra nous fait partager quelques heures de la vie d’une vie d’une femme, âgée, qui vient rendre visite à son petit-fils soldat, qu’elle n’a plus revu depuis 7 ans.
© Rezo Films
Vie ordinaire au sein du camp militaire, échanges inespérés avec des femmes tchétchènes, rencontres manquées, aussi, et avenirs bouchés… Sokourov ne montre aucun combat, mais on sent dans les mots et dans les regards de ses personnages, la violence d’une guerre, devenue si quotidienne que plus personne n’en voit la fin.
Dans le rôle phare, Galina Vichnevskaïa, grande soprano russe et veuve de Rostropovitch, campe une Alexandra d’une époustouflante dignité. A plus de 80 ans, c’est son tout premier rôle. Qui pourrait bien lui valoir un prix d’interprétation.
© Rezo Films
par Valérie Lehoux
Article publié le 25/05/2007 Dernière mise à jour le 25/05/2007 à 09:15 TU
