Cinéma
Violent réquisitoire contre Vladimir Poutine à Cannes
(Photo : Reuters)
Le festival de Cannes touche à sa fin. Le palmarès sera dévoilé dimanche soir lors de la cérémonie de clôture. Evénement ce samedi : la présentation de Rebellion : l'affaire Litvinenko de Andreï Nekrassov et Olga Konskaïa.
Un documentaire choc, à charge contre le régime de Vladimir Poutine et dont la sélection, hors compétition, a été annoncée in extremis jeudi.(Photo : AFP)
Le film part de l'assassinat, par empoisonnement avec une substance radioactive, dAlexandre Litvinenko en novembre dernier à Londres, et retrace son itinéraire.
Ancien brillant agent du FSB, les services secrets russes, Alexandre Litvinenko a mené la rébellion contre une agence qu'il accuse d'être le bras armé d'un clan au pouvoir. On y apprend ce que beaucoup disent déjà : que la guerre en Tchétchénie est instrumentalisé par le pouvoir en place pour limiter de façon drastique les libertés, au nom de la lutte anti-terroriste. Que les attentats de Moscou en 1999 auraient été organisés par les services secrets russes.
Du coup, le film livre la charge contre le président Poutine, en reprenant des faits déjà sortis dans la presse, mais oubliés ou occultés : il accuse le président russe d'avoir été imliqué dans un détournement massif de l'aide humanitaire pour Saint Petersbourg au début des années 90. Récemment, de nombreux militants de la liberté d'expression ont trouvé la mort : comme la journaliste Anna Politkovskaïa qui témoigne dans ce film.
On se dit que les réalisateurs Andreï Nekrassov et Olga Konskaïa prennent des risques en venant ici, de même que la veuve de l'ancien agent secret, Marina, présente à la conférence de presse en présence de son fils de 12 ans, Anatoli. Est-ce un hasard si une résidence secondaire en Finlande d'Andreï Nekrassov a été saccagée voilà trois semaines ?
Les réalisateurs avaient d'ailleurs prévu de donner des interviews dans l'après-midi. Rendez-vous finalement annulés. La pression doit être trop forte. Lors de la conférence de presse, Marina Litvinenko s'est dit fière d'accompagner ce film à Cannes. «C'est très important que ce qui s'est passé en novembre à Londres n'arrive plus jamais à personne, n'importe où ailleurs», a-t-elle poursuivi, manifestement émue, mais très digne devant la foule des journalistes et des caméras.
(Photo : Reuters)
par Sophie Torlotin
Article publié le 26/05/2007 Dernière mise à jour le 26/05/2007 à 19:30 TU