Sommet G8
Moscou et Washington s'échauffent
(Photo : AFP)
Le chef de l'État renoue avec le langage de la guerre froide, alors que George W. Bush, en route pour le sommet du G8, fait étape ce lundi à Prague et se rendra en Pologne en fin de semaine.
George W. Bush a quitté Washington ce lundi pour la République tchèque où il doit séjourner 24h avant de rejoindre le sommet du G8, qui prévu du 6 au 8 juin, à Heiligendamm, en Allemagne.
Après les déclarations du président russe, Vladimir Poutine, ce dimanche, sur la possibilité de pointer de nouveaux missiles sur l’Europe, George W. Bush a voulu placer sa tournée des capitales européennes sous le signe de la décontraction.
«Ce voyage est l’occasion de revoir de vieux amis et de m’en faire de nouveaux», a-t-il déclaré, en faisant allusion au président français Nicolas Sarkozy qu’il rencontre pour la première fois dans ses nouvelles fonctions. Pour George W. Bush, «la guerre froide est finie» et il continuera d’appeler Vladimir Poutine, «son ami». Ce dernier sera d’ailleurs son hôte, le 1er juillet prochain.
Après Prague et Heiligendamm, le président américain devrait se rendre en Pologne, en Italie, en Albanie et Bulgarie, pays où les États-Unis ont déjà installé ou vont installer des bases militaires.
Des manifestations contre le projet de bouclier antimissile et contre la guerre en Irak sont prévues à Prague, à l’occasion du séjour de George W. Bush.
Une récente enquête d’opinion montre que 60% des Tchèques sont opposés à l’installation des équipements américains par «crainte de représailles».
Les dirigeants tchèques, qui ont par ailleurs envoyé des troupes en Irak et en Afghanistan, soutiennent que ce système de défense antimissile va «augmenter notre sécurité et celle de nos alliés et voisins».
Le retour à la guerre froide
Au cours d’un entretien accordé ce dimanche à un groupe de journalistes occidentaux dans sa résidence, à l’extérieur de Moscou, Vladimir Poutine avait déclaré qu’il serait contraint de «prendre de nouvelles cibles en Europe, si le potentiel nucléaire américain s’étend sur le territoire européen».
Les Américains veulent installer 10 missiles intercepteurs en Pologne et un radar ultra-perfectionné, en République tchèque, en prévention d’attaques potentielles venant d’Iran ou de Corée du Nord.
Le président russe a aussi expliqué que la Russie se voyait obligée de se lancer dans «une course à l’armement» qu’il regrette, mais qu’il attribue aux initiatives américaines.
«Nous avons retiré toutes nos armes lourdes au-delà de l’Oural et nous avons réduit nos forces militaires de 300 000 hommes (…) mais qu’avons-nous obtenu en échange ? » a-t-il demandé « Nous voyons que l’Europe de l’Est est submergée de nouveaux équipements et de nouvelles bases. Ce qui est en train de se passer c’est le désarmement unilatéral de la Russie».
Vladimir Poutine a cependant tenu à rajouter :«Malgré nos discussions difficiles sur le système de défense antimissiles, nous sommes des amis des États-Unis».
Les accords initiaux entre les États-Unis et la Russie sur le désarmement de leurs arsenaux sont actuellement en suspens. Washington, après les attentats de septembre 2001, a souhaité conserver une partie de ses ogives nucléaires qui auraient dû être détruites. Une centaine de missiles intercepteurs américains sont officiellement déployés dans le monde, notamment en Alaska.
La Russie continue d’entretenir des bases dans les États satellites de l’ex-Union soviétique (en Transnistrie, par exemple). Le 26 avril dernier, les autorités ont annoncé qu’elles suspendaient l’application du traité sur les Forces conventionnelles en Europe (FCE). Le 29 mai, la Russie a testé un nouveau missile intercontinental à têtes multiples.
Un pur démocrate
Interrogé sur les propos de l’ancien chancelier Gerard Schroeder à son sujet, qui parlait de «pur démocrate», Vladimir Poutine a rétorqué :
«Bien sûr, que je suis un pur et absolu démocrate ! La tragédie, c'est que je suis le seul pur démocrate au monde. Voyez les États-Unis : des tortures horribles, des sans-abri, Guantanamo. Voyez l'Europe : des manifestations violentes, durement réprimées. Même les Ukrainiens se sont discrédités et vont vers la tyrannie. Depuis la mort de Gandhi, je n'ai personne à qui parler !»
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Le rapport 2006 de Amnesty International sur la Russie, publié le 23 mai 2007.
par Marion Urban
Article publié le 04/06/2007 Dernière mise à jour le 04/06/2007 à 10:00 TU