Environnement
Le feu sous la glace
(Photo : AFP)
La hausse des températures, provoquée par les émissions de gaz à effet de serre, entraîne la fonte des neiges et de la glace qui entraîne à son tour, une nouvelle hausse de température.
C’est sur cette équation que les Nations unies ont voulu attirer l’attention du public en choisissant le thème «La fonte des glaces, une question brûlante ?» pour la journée mondiale de l’environnement, célébrée ce mardi 5 juin.
La ville de Tromso, en Norvège, point de départ de nombreuses expéditions dans l’Arctique et grand centre de recherches scientifiques sur l’environnement des pôles et leurs populations autochtones, a hébergé plusieurs manifestations et conférences, organisées par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Toutefois, la journée mondiale de l’environnement est l’occasion de campagnes de nettoyage, de marches, de concours de dessins, de poèmes dans les écoles et de bien d'autres évènements dans de nombreux pays.
Le PNUE a rendu public ce mardi son rapport, intitulé Perspectives mondiales pour les glaciers et la neige, avec en arrière-plan, l’idée de «fournir des arguments aux citoyens désireux d’interpeller leurs dirigeants politiques sur ce qu’ils vont mettre en œuvre pour lutter contre le réchauffement climatique».
« Posez-vous la question … »
La bande-annonce que diffuse le PNUE à l’occasion de la journée mondiale de l’environnement est explicite : «Les changements climatiques ont déjà un impact». Suivent des images de sécheresse, d’inondations, d’Inuits abandonnant leurs traîneaux à chiens, d’ours polaire en perdition sur un morceau de la banquise et de pompiers impuissants face à des incendies de forêts. «Posez la question à un paysan africain, un habitant des îles, un autochtone, un ours polaire ou votre compagnie d’assurance, posez-vous la question…», dit le texte.
Le PNUE explique les changements climatiques en prenant l’angle de l’accélération de la fonte des glaces et de la neige. Il renforce les constatations du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat.
Il n’est pas besoin d’être un habitant des pays de glace et de neige pour subir les conséquences de leur disparition : 40% de la population mondiale est concernée, disent les experts.
Les gaz à effet de serre sont à l’origine de la fonte des calottes glacières et de la disparition de la banquise, et pire, ces fontes accélèrent le réchauffement de la planète dans une chaîne sans fin.
Un cycle infernal
La neige et la glace disparaissent. Par conséquent, les mers et les océans gagnent en volume et en superficie et offrent encore plus d'espace à la chaleur.
Alors que la glace renvoie les rayons du soleil, l'eau les absorbe. Elle se réchauffe et fait fondre encore plus de glace.
Les pergélisols (sols gelés en permanence) retiennent d’importantes quantités de méthane. La glace fond, et donc, la pression du gaz augmente, brisant facilement la fine couche de glace restante. Or, le méthane est un gaz à effet de serre encore plus puissant que le dioxyde de carbone.
Les dernières recherches indiquent que les lacs de Sibérie, formés suite au dégel des pergélisols, produiraient 5 fois plus de méthane que prévu initialement. Les sols ont libéré des poches de méthane datant d’il y a 43 000 ans.
Disparitions
L’Arctique se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale. La glace d’été, dans cette région, pourraient totalement disparaître avant la fin du siècle.
Quelques 4 millions de personnes vivent dans les régions arctiques, dont environ 10% d’autochtones. Cultures, traditions et conditions de vie sont en rapport avec la neige et la glace. La chasse, la pêche, la cueillette et l’élevage des rennes sont les principales ressources des populations de l’Arctique. Les animaux et les hommes ont besoin de la glace pour se déplacer et trouver leur nourriture.
La disparition des ours polaires est programmée. Aujourd’hui, ils perdent du poids. Dans la baie d’Hudson, les ours adultes ont perdu 15% de leur masse corporelle entre 1981 et 1998.
En Asie, 2,4 milliards de personnes dépendent des eaux douces des glaciers des hautes-montagnes. Les pénuries d’eau seront de plus en plus fréquentes. Plusieurs fleuves vont voir baisser leur débit, ce qui affectera les cultures, les industries et la production énergétique.
La mer monte
La fonte des glaces est responsable d’une grande partie de l’élévation du niveau des mers. Les calottes glacières du Groenland et de l’Antarctique sont les principales responsables de cette montée des eaux.
La route de la mer du Nord, le long de la côte sibérienne n’est actuellement navigable que 30 jours par an. D’ici la fin du siècle, elle le sera pendant 120 jours. Certains y voient une nouvelle opportunité pour développer des gisements pétroliers et gazeux.
Les paysages côtiers vont subir des bouleversements. On verra l’éclosion de nouveaux ports, de nouvelles villes, de nouvelles infrastructures dans des environnements de plus en plus fragiles.
Les habitants des îles de faible altitude ou des terres situées en-dessous du niveau de la mer comme aux Pays-Bas ou au Bangladesh, sont les premiers menacés.
Les compagnies d’assurance
Tempêtes tropicales et incendies de forêts sont de plus en plus fréquents avec le réchauffement de la planète. Les dégâts causés aux biens individuels ou collectifs vont coûter de plus en plus cher à la société, sans oublier les dommages corporels.
La compagnie de réassurance allemande Munich Re a estimé les pertes dues aux catastrophes naturelles de l’année 2005 à quelques 200 milliards de dollars américains. Les dédommagements payés par les assureurs aux victimes se sont montés à seulement 70 milliards de dollars. En 2004, les pertes économiques avaient représenté 145 milliards de dollars. Les compagnies avaient remboursé 45 milliards de dollars.
La fonte des glaces |
☼ Les glaciers du Ruwenzori, à la frontière de l'Ouganda et de la République démocratique du Congo ont perdu 50% de leur glace depuis 1987. Dans 20 ans, ils n'existeront plus. |
par Marion Urban
Article publié le 05/06/2007 Dernière mise à jour le 05/06/2007 à 09:12 TU