Législatives 2007
Toujours plus d’ouverture
Photo : AFP
Pas question de s’arrêter en si bon chemin. A en croire Nicolas Sarkozy, l’ouverture politique est devenue incontournable et indispensable. A tous ceux qui critiquent le «débauchage» de personnalités de gauche et mettent en cause sa sincérité, le chef de l’Etat répond : «Avec l’ouverture, je n’ai pas voulu faire un coup. Je veux réformer en profondeur notre pays pour le moderniser. Parce que les changements seront forts, j’ai besoin d’une majorité large».
L’ouverture est ainsi présentée par le président de la République comme l’un des éléments de la réussite de sa politique de rupture : «Si la majorité ne s’ouvre pas, elle se condamne». En mettant des pions de tous les camps dans son panier, Nicolas Sarkozy espère donc se donner les moyens de réformer sans bloquer. Il veut aussi prouver qu’il est bien décidé à gouverner pour tous les Français, pas seulement pour son clan. En offrant des ministères à des socialistes, il estime donc avoir manifesté sa bonne foi, puisqu’il n’a pas tenu compte des mécontentements parmi ses proches.
Grincements de dents
Il est vrai que cette décision a une conséquence directe : de nombreux fidèles du chef de l’Etat ont dû accepter de ne pas faire partie de l’aventure gouvernementale au nom de l’ouverture. Des dents ont d’ailleurs grincé dans les rangs de l’UMP. Celle de Patrick Devedjian, l’un des fidèles de Nicolas Sarkozy, notamment. Il avait ainsi lancé avec ironie et amertume avant la formation du gouvernement de François Fillon, que l’ouverture pourrait aller «jusqu’aux sarkozystes !»
Et cela n’est peut-être pas fini. Nicolas Sarkozy semble désireux de poursuivre sur sa lancée après les élections législatives, lorsque seront annoncées les nominations de nouveaux secrétaires d’Etat. Non seulement, il avertit qu’il y en aura peu : «On ne doublera pas, loin de là, la taille du gouvernement». Mais en plus, rien ne semble devoir garantir au parti majoritaire qu’il sera le seul, ou même le principal, bénéficiaire de ce complément gouvernemental. Le chef de l’Etat dresse, en effet, un portrait-robot des candidats aux secrétariats d’Etat qui n’augure rien de bon pour l’UMP : «Ils devront répondre à des critères de diversité à la fois par leurs origines territoriales, leurs origines politiques et être représentatifs de la France multiple». Et en plus, ils seront sélectionnés en fonction de la parité.
L’ouverture ne s’arrêtera pas, à en croire Nicolas Sarkozy, aux portes du gouvernement. Le chef de l’Etat avait fait part, pendant la campagne pour la présidentielle, de son désir de confier la présidence de la commission des Finances de l’Assemblée nationale à un membre de l’opposition. Il confirme dans Le Figaro que cet engagement sera «tenu», dès après les élections. Le président sait bien que cela prive de fait un membre de la majorité d’un autre poste à responsabilité : «Je comprends parfaitement que cet engagement, que j’ai pris devant les Français, puisse bousculer certaines traditions et peut-être gêner des ambitions». Mais il explique sans détour que «tout cela a bien peu d’importance au regard de l’enjeu».
Répondre aux critiques
Face aux nombreuses mises en garde sur les dangers pour le fonctionnement de la démocratie d’une «vague bleue» aux élections législatives, qui donnerait tous les pouvoirs à l’UMP, Nicolas Sarkozy a tout intérêt à continuer de prôner l’ouverture. Cela lui donne un argument pour rejeter les accusations de ses adversaires, en montrant qu’il veut poser les bases d’un nouveau mode de fonctionnement politique entre majorité et opposition. Il a d’ailleurs confirmé qu’un statut de l’opposition serait établi pour préserver ses droits.
Ce discours semble convaincre les Français. Les enquêtes d’opinion indiquent qu’ils adhèrent à l’action engagée par Nicolas Sarkozy et son Premier ministre. Les nominations de personnalités de gauche (Bernard Kouchner, Jean-Pierre Jouyet, Eric Besson et Martin Hirsch) ont été globalement approuvées. A la veille du premier tour des législatives, le président de la République a donc toutes les raisons de garder le cap en affirmant : «Si l’opportunité se présente, je proposerai à d’autres personnalités de gauche et du centre de nous rejoindre». Une méthode qui étonne François Hollande. Pour le Premier secrétaire du Parti socialiste : «Si l’on veut qu’il y ait une belle ouverture, un beau débat démocratique dans notre pays, il faut qu’il y ait un grand nombre de députés de gauche à l’Assemblée nationale». A chacun sa manière de voir l’ouverture.
par Valérie Gas
Article publié le 07/06/2007 Dernière mise à jour le 07/06/2007 à 13:52 TU