Corée du Sud
Le 10 juin, jour de commémoration nationale
(Photo : Reuters)
Avec notre correspondant à Séoul, Thomas Ollivier
Pour la première fois depuis 20 ans, le gouvernement a officiellement célébré l’anniversaire du soulèvement du 10 juin 1987. Ce dimanche matin, dans le quartier des ministères, quelque 3 000 personnes, dont beaucoup d’anciens activistes pro-démocratiques, avaient été conviées pour marquer l’événement. Le gouvernement a, en outre, décidé de faire de ce 10 juin un jour de commémoration nationale.
Le président de la République en a profité pour égratigner au passage l’opposition. «Nous ne pouvons pas appeler le mouvement du 10 juin une révolution, car il reste encore des partisans de la dictature militaire qui voudraient reprendre le pouvoir», a-t-il déclaré. Une allusion à peine voilée aux conservateurs et plus précisément à Park Geun-hye, la fille du président-dictateur Park Chung-hee. Elle est, en effet, l’une des candidates favorites de l’opposition conservatrice pour l’élection présidentielle qui aura lieu à la fin de l’année. En dehors des escarmouches politiques, plusieurs défilés étaient organisés ce week-end, à Séoul et en province. Ils ont été fortement encadrés par les forces de l’ordre qui semblaient craindre des échauffourées, mais tout s’est passé dans le calme.
Les événements de 1987En 1987, la Corée du Sud vit encore au rythme imposé par les successeurs du dictateur Park Chung-hee, mort assassiné près de dix ans plus tôt. Le général Cheon Doo-hwan, porté au pouvoir par un coup d’Etat en 1980, dirige encore le pays d’une poigne de fer. L’économie est la priorité nationale, les opposants politiques sont impitoyablement traqués et, souvent, éliminés. C’est le cas d’un étudiant qui, le 14 janvier 1987, meurt après avoir été torturé dans un commissariat. Le pouvoir tente d’étouffer l’affaire, mais les mouvements pro-démocratiques refusent de le laisser faire. C’est la blessure mortelle d’un autre étudiant, touché le 9 juin par un éclat de grenade lacrymogène, qui va mettre le feu aux poudres. Dès le lendemain, la photo de sa blessure provoque une lame de fond pro-démocratique. Malgré la répression policière féroce, les manifestations se multiplient pour réclamer des élections libres. Dès la fin du mois de juin, le pouvoir n’a pas d’autre choix que de s’incliner.
C’est cette lutte qui est commémorée, depuis samedi en Corée du Sud. Ceux qui y ont participé sont encore jeunes, beaucoup sont aujourd’hui âgés de 40 ans et se souviennent avec émotion, un peu partout dans le pays, du combat qui a changé leur vie.Article publié le 10/06/2007 Dernière mise à jour le 10/06/2007 à 12:46 TU