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Comores

Faible participation et confusion à Anjouan

A Anjouan, une élection non reconnue par l'Union africaine. 

		(carte : H.Maurel/RFI)
A Anjouan, une élection non reconnue par l'Union africaine.
(carte : H.Maurel/RFI)

Les Comoriens ont voté sans enthousiasme, ce dimanche, au premier tour de l’élection des présidents des trois îles de cet archipel de l’océan Indien, y compris sur l’île autonome d’Anjouan, malgré un report ordonné par le gouvernement fédéral. L’Union africaine (UA) a annoncé qu’elle ne reconnaîtrait pas la validité de l’élection à Anjouan, jugeant que «les conditions prévalant à Anjouan, notamment sur le plan sécuritaire, ne permettent pas la tenue d’élections libres, régulières et transparentes».    


Avec notre envoyé spécial à Anjouan, Bruno Minas

Les joyeux défilés des partisans de Bacar dans les rues de Mutsamudu contrastent avec une journée électorale plutôt morne, sans files d’attente devant les bureaux de vote: les électeurs savaient sans doute que ce scrutin était plombé d’avance par le refus du gouvernement central et de la communauté internationale de le valider. Le président sortant de l’île autonome a défié l’Union africaine en organisant quand même cette élection. Ses hommes estiment être dans leur bon droit. Sofaoui Makani,  conseiller politique du gouvernement d’Anjouan, a ainsi déclaré, au micro de RFI: «Nous sommes dans les règles. Ce n’est pas Anjouan qui a fauté. Ce sont les autres. Nous ne sommes pas des sauvages. Nous sommes dans un monde civilisé».

Les autorités de l’île autonome ont organisé cette élection avec les moyens du bord, tellement pressées qu’en tête des bulletins de vote, on a oublié le 2ème «O» de Comores, «l’Union des Comres». Dans plusieurs bureaux, il n’y a pas d’isoloirs, pas d’encre indélébile et presque pas d’électeurs.Taluil Amadi Mari fait partie des présidents de bureaux quelque peu dépités. Il se sent incompris: «On voit pas pourquoi nos frères africains aujourd’hui veulent poser des problèmes pareils. Je crains qu’il y ait des problèmes entre nous les Comoriens».

Dans le village de Ongojou, celui du candidat Moussa Toyibou, soutenu par l’Union, la plupart des habitants estiment que l’élection n’est pas aujourd’hui, mais bien dimanche prochain, comme il a été décrêté. Témoin cet habitant: «Pourquoi ils ne patientent pas jusqu’à l’autre dimanche ? S’ils nous battent, ils nous battront l’autre dimanche. Mais aujourd’hui, nous ne sommes pas d’accord». 

Les opposants à Mohamed Bacar attendent tous dimanche prochain, la vraie élection, disent-ils, une sorte de deuxième premier tour, si l’on peut dire. Et l’on s'y perd… Même les candidats commencent à se mélanger dans les tours, comme Mohamed Jafari : «Le scrutin sauvage que Mohammed Bacar est en train d’organiser, ça a été un échec cuisant. Il n’y a personne, il n’y a pas d’électeurs. Par conséquent, je pense que ce deuxième tour - pardon, c’est le premier tour, moi, j’appelle ça premier tour du 17 - est vraiment très important».

La question est maintenant de savoir s’il sera possible pour l’Union africaine de venir organiser l’élection comme elle le souhaite. Pour le gouvernement d’Anjouan, c’était ce dimanche, un point c’est tout. Mais pour le représentant de l’UA aux Comores, Mourad Taiati, cette élection est un non événement. On attend maintenant de voir quelle sera l’attitude de l’organisation panafricaine. Sera-t-elle en mesure d’organiser à son tour une autre élection dans les normes qu’elle a fixées ? On s’attend à une proclamation de la victoire de Bacar et à son investiture dans la semaine. L’UA est placée devant le fait accompli.



Article publié le 10/06/2007 Dernière mise à jour le 10/06/2007 à 21:12 TU

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