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Législatives 2007

Alliances : marchandages en vue

Avant le deuxième tour des législatives, Ségolène Royal a contacté François Bayrou en vue d'une alliance. 

		(Photo : AFP)
Avant le deuxième tour des législatives, Ségolène Royal a contacté François Bayrou en vue d'une alliance.
(Photo : AFP)
Ségolène Royal a ouvert le bal au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle. Elle a annoncé avoir contacté François Bayrou, le dirigeant du Mouvement démocrate (MoDem), pour évoquer la question des alliances au second tour. Une initiative en décalage avec la position de François Hollande. Le Premier secrétaire du PS reste sur les bases d’une alliance à gauche et ne veut s’adresser qu’aux électeurs.

Le MoDem sait depuis dimanche soir qu’il pourra obtenir, au mieux, quatre députés à l’Assemblée nationale. Sur les 535 candidats engagés par ce parti, seuls quatre ont en effet la possibilité de se maintenir le 17 juin. Parmi eux, il n’y a d’ailleurs que François Bayrou dans les Pyrénées-Atlantiques qui est en tête à l’issue du premier tour. Il a donc de bonnes chances d’être réélu, même si le candidat de gauche reste en lice et provoque une triangulaire avec l’UMP.

Le nouveau parti centriste, qui voulait profiter du bon score de son leader à la présidentielle (plus de 18% des voix le 22 avril), a dans tous les cas raté le coche. Il sortira des législatives sans véritable capacité à faire entendre sa voix à l’Assemblée nationale. Il ne pourra pas conserver le groupe que l’UDF avait obtenu en 2002 (20 députés au minimum sont  nécessaires). Cela ne veut cependant pas dire que les 7,61% de voix qui se sont tout de même portées sur le mouvement au premier tour des législatives ne représentent rien. Bien au contraire semble-t-on penser au Parti socialiste, où on parie qu’il existe du côté du MoDem une réserve de votes.

Ségolène Royal tête de pont ?

C’est certainement ce qui explique avec quel empressement Ségolène Royal a pris les devants, dès lundi matin, en déclarant qu’elle avait laissé un message à François Bayrou pour discuter du second tour des législatives. La candidate socialiste de la présidentielle ne s’est pas présentée à ce scrutin mais elle s’est engagée activement dans la campagne électorale. Il semble donc qu’elle soit décidée à jouer entre les deux tours des législatives la même carte que celle qu’elle avait abattue entre les deux tours de la présidentielle. Elle avait, en effet, à ce moment-là participé à un débat télévisé avec François Bayrou dans l’espoir de convaincre ses électeurs de se reporter sur elle.

La démarche de Ségolène Royal est tout de même un peu surprenante. Elle n’occupe, en effet, aucune fonction officielle au sein du PS. C’est son compagnon, François Hollande, qui est Premier secrétaire et mène, à ce titre, la campagne des législatives. Et celui-ci n’a pas laissé entendre, depuis dimanche soir, qu’il souhaitait négocier avec François Bayrou. Il s’est contenté d’en appeler aux «électeurs», de gauche ou pas, désireux d’empêcher l’UMP d’avoir une «majorité écrasante» et «d’écraser» -il insiste- grâce à cela l’opposition à l’Assemblée nationale.

L’initiative de Ségolène Royal pose donc une nouvelle fois la question de la répartition des rôles au Parti socialiste. A-t-elle fait office de tête de pont vers François Bayrou avec l’assentiment de son compagnon ? Ou a-t-elle décidé de son propre chef de tendre la perche au centriste et de faire une ouverture à la mode socialiste ? Dur à dire. En tout cas, François Hollande n’a pas vraiment essayé de s’aligner. Le Premier secrétaire a annoncé, lundi matin, que les socialistes s’effaceraient là où des candidats de gauche étaient mieux placés (ce qui est rare). Et concernant l’éventualité de désistements en faveur de candidats du MoDem en position de battre l’UMP, il a déclaré : «Là où nous avons été écarté, il faut que le pluralisme puisse exister». De l’art de botter en touche.

Sans parler de François Bayrou -il est vrai qu’il l’a toujours considéré comme un homme de droite-, le Premier secrétaire évoque donc simplement l’enjeu qu’il fixe au scrutin. Il rejoint là, malgré tout, Ségolène Royal pour laquelle il est nécessaire que «les électeurs du MoDem (rejoignent) les candidats du PS», car l’objectif du 17 juin est «d’empêcher la concentration excessive des pouvoirs entre les mains du même parti». Et seul le PS est en position d’obtenir plus d’une centaine de députés et de peser face à l’UMP à l’Assemblée nationale. Mais selon les projections des différents instituts de sondages, le score peut varier énormément : entre 60 et 170 sièges. François Hollande lui-même a concédé que dans une cinquantaine de circonscriptions, les résultats «se joueront à quelques voix».

Au cas par cas

Est-ce que dans ces conditions l’alliance PS-MoDem qui n’a pas eu lieu lors de la présidentielle peut se concrétiser officiellement aux législatives ? Pas sûr. François Bayrou a bien fait de la lutte contre un pouvoir absolu de l’UMP le principal moteur de sa campagne. Mais au MoDem, la ligne est de procéder à des évaluations dans chaque circonscription au cas par cas. Dans le Finistère où Michel Canevet, arrivé troisième, pouvait se maintenir, celui-ci a par exemple préféré renoncer à se présenter dimanche prochain. Mais il n’a pas pour autant donné de consigne de vote en faveur de la gauche.

Il est vrai que le mouvement de François Bayrou n’a pas grand-chose à gagner en appelant à voter partout pour le Parti socialiste. D’autant que rien ne dit qu’il n’y aura pas localement quelques petits arrangements avec la droite. Après tout, Jean-Pierre Raffarin n’a-t-il pas lui aussi fait les yeux doux au MoDem. Malgré la brouille entre François Bayrou et Nicolas Sarkozy, l’ancien Premier ministre a estimé «à titre personnel» qu’il était favorable au retrait du candidat UMP face au leader centriste dans les Pyrénées-Atlantiques, parce qu’il faut toujours «tendre la main» quand on gagne. Vraie magnanimité ou discours intéressé destiné à donner aux centristes partis au MoDem une raison de revenir dans le giron de l’UMP ? A voir.



par Valérie  Gas

Article publié le 11/06/2007 Dernière mise à jour le 11/06/2007 à 13:43 TU

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