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Législatives 2007

Y a-t-il un pilote au PS ?

Les voix dissonantes de François Hollande et de Ségolène Royal alimentent la cacophonie à la tête du PS. 

		(Photo : AFP)
Les voix dissonantes de François Hollande et de Ségolène Royal alimentent la cacophonie à la tête du PS.
(Photo : AFP)
Le Bureau national du Parti socialiste a apporté son soutien à François Hollande en rejetant unanimement l’hypothèse d’une alliance avec le Mouvement démocrate (MoDem) de François Bayrou. Cette mise au point intervient après la tentative d’ouverture au centre de Ségolène Royal, au lendemain du premier tour des élections législatives. Elle sonne comme un désaveu de l’initiative de l’ex-candidate à la présidentielle. Même en pleine campagne électorale, les dirigeants socialistes ont du mal à accorder leurs violons et à mettre entre parenthèses la bataille pour le leadership du parti.

Elle dit «MoDem», il répond «non». Ségolène Royal et François Hollande ont décidément bien du mal à parler d’une seule voix. Et cela fait de plus en plus désordre au Parti socialiste. Quand Ségolène Royal était candidate à la présidentielle, elle avait la main. Mais maintenant, on a changé de bataille électorale et c’est François Hollande qui est censé être redevenu le chef du PS. Sauf que son autorité n’a cessé d’être mise en cause depuis le 6 mai. La raison est simple : les socialistes savent qu’ils vont devoir gérer la bataille pour le leadership de la famille dès après le 17 juin. Alors même si chacun a fait des efforts avant le premier tour de scrutin pour jouer la scène de l’union, il y a des couacs.

Le message laissé par Ségolène Royal sur le téléphone de François Bayrou en est un. L’ex-candidate a tenté un coup de poker -ou de communication-, de son côté. Une fois de plus, elle a pris de court son compagnon en rejouant la scène du rapprochement avec le centre déjà rôdée depuis la présidentielle. Et tout le monde a remarqué que François Hollande n’avait pas beaucoup apprécié d’être obligé de se justifier de sa position vis-à-vis de François Bayrou à cause de l’initiative de sa compagne. Et aussi d’apparaître comme un second couteau plutôt que comme le dirigeant du Parti socialiste. Le Premier secrétaire a donc non seulement affirmé que, pour lui, il n’y avait pas d’alliance avec le Mouvement démocrate envisageable. Mais surtout, il a fait en sorte que sa position soit entérinée par l’instance dirigeante du PS, le bureau national.

Arrêter la «cacophonie»

Il a reçu le soutien sans ambiguïté de tous les dirigeants présents à la réunion. Et notamment celui de Pierre Mauroy, pourtant l’un des premiers soutiens de la candidature de Ségolène Royal. L’ancien Premier ministre de François Mitterrand a été très clair en estimant que la page de la présidentielle était tournée : «Seul le Premier secrétaire a la légitimité pour les questions stratégiques. Ne rajoutons pas à la cacophonie». Laurent Fabius a tenu un discours équivalent sur la question de l’alliance avec le MoDem : «Il n’y a pas lieu d’avoir des combinaisons sur ce point entre les responsables, entre les appareils». Aucune voix ne s’est fait entendre pour contredire cette position. Mais il est vrai que Ségolène Royal elle-même était absente et qu’aucun de ses partisans, comme Julien Dray, n’était là non plus.

Cela n’a pas conduit pour autant à faire profil bas dans le camp de la principale intéressée. François Rebsamen, l’un de ses proches, a expliqué que le bureau national n’avait manifesté aucun «désaveu» face à la démarche de Ségolène Royal. Il a déclaré que le fait d’avoir réuni sur son nom quelque 17 millions d’électeurs lui donnait une légitimité pour faire des «gestes». Et surtout, il a affirmé  qu’elle n’avait jamais parlé «de changement d’alliance». Ségolène Royal a, elle, expliqué que le message laissé à François Bayrou visait simplement à lui faire savoir qu’elle était, elle aussi, favorable au «pluralisme» et n’attendait pas de réponse [ce qui tombe bien puisque François Bayrou n’a pas répondu à son appel et a même manifesté sa volonté de rester indépendant]. Et avec une petite touche d’ironie, elle a relativisé la polémique avec François Hollande et marqué sa différence en déclarant : «Ce serait bien, de temps en temps, que la politique soit simple comme un coup de fil».

Un couple en ligne de mire

Le feuilleton des escarmouches entre Ségolène Royal et François Hollande n’est pas du goût de tout le monde au Parti socialiste. Manuel Valls a ainsi attaqué très durement le comportement des deux responsables politiques. Le député de l’Essonne a déclaré, le 10 juin, en avoir «assez que la vie de son parti tourne autour de la vie du couple Hollande-Royal». Il a poursuivi ses critiques, trois jours plus tard, en affirmant qu’il ne concevait pas que François Hollande reste à la tête du PS. Il s’en est aussi à pris Ségolène Royal en déclarant qu’on ne pouvait pas «s’autoproclamer leader». Depuis la présidentielle et la publication par deux journalistes du Monde d’un livre [La femme fatale] qui évoque l’influence des relations entre les deux protagonistes sur la campagne électorale, le sujet de la confusion entre la vie privée et la vie politique de Ségolène Royal et François Hollande est de moins en moins tabou.

Décidément, la période post-législative s’annonce tendue au Parti socialiste. Une fois les élections passées, rien n’empêchera plus les règlements de compte entre des chefs jusque-là obligés de mettre en sourdine leurs rivalités. Et les déclarations sans concessions des uns et des autres depuis la présidentielle -de celles de Dominique Strauss-Kahn sur la responsabilité de François Hollande dans la débâcle des socialistes à celles de Manuel Valls-, laissent penser que la bataille sera sans pitié. Une perspective dont Nicolas Sarkozy ne manquera certainement pas de tirer profit si l’occasion se présente. Lui, qui a d’ores et déjà annoncé qu’il allait poursuivre sa politique d’ouverture au centre et à gauche après les législatives.



par Valérie  Gas

Article publié le 13/06/2007 Dernière mise à jour le 13/06/2007 à 13:46 TU

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