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Législatives 2007

Vague bleue, digue rose

L'Assemblée nationale française 

		(Photo : <a href="http://www.assemblee-nationale.fr/">Assemblée nationale</a>)
L'Assemblée nationale française
(Photo : Assemblée nationale)
Les Français ont rectifié le tir entre les deux tours des élections législatives. Après un premier scrutin, le 10 juin, qui laissait penser que l’Union pour un mouvement populaire (UMP) allait s’imposer de manière massive, le Parti socialiste et ses alliés ont finalement obtenu plus de sièges que dans la précédente Assemblée nationale, au soir du 17 juin. La victoire de la formation de Nicolas Sarkozy est néanmoins incontestable et le gouvernement pourra s’appuyer sur une majorité forte. Mais la défaite d’Alain Juppé à Bordeaux porte un coup très dur à la droite. Le tout nouveau ministre de l’Ecologie doit maintenant démissionner.

La nouvelle a jeté un froid dans le camp de l’UMP. Alain Juppé, candidat à Bordeaux, a été battu par son adversaire socialiste, Michèle Delaunay, qui obtient 50,93% des suffrages exprimés. Le score est serré mais le résultat sans appel. Et ce verdict condamne le ministre de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables, à une double peine. François Fillon avait fixé une règle pour tous les membres du gouvernement candidats aux élections législatives : pas question d’être recalé par les électeurs et de conserver son portefeuille. Alain Juppé a donc annoncé immédiatement après l’officialisation de sa défaite qu’il présenterait, dès lundi, sa démission au Premier ministre.

Il s’agit d’une très mauvaise nouvelle pour le gouvernement. Le ministère de l’Ecologie n’est pas un ministère tout à fait comme les autres. Nicolas Sarkozy l’a créé pour répondre à ses engagements de campagne sur la priorité à accorder aux enjeux environnementaux. C’est un très gros ministère transversal, le seul ministère d’Etat du gouvernement. Remplacer Alain Juppé va donc être une tâche difficile car rares sont les personnalités politiques à posséder l’expérience et l’autorité suffisantes pour s’imposer à un tel poste. Le remaniement ministériel annoncé pour l’après-deuxième tour s’annonce plus délicat que prévu.

Satisfaction et humilité

L’UMP sort donc des élections législatives victorieuse mais forcée à une certaine humilité. Le parti du président de la République a donc bien atteint son objectif puisqu’il pourra disposer à lui seul de la majorité absolue. François Fillon, qui est intervenu rapidement après l’annonce des résultats, a d’ailleurs remercié les Français d’avoir fait un «choix clair». Il s’est réjoui que cela permette «au président de la République de mettre en œuvre ses projets». A l’exception d’Alain Juppé, tous les autres ministres candidats ont été élus. Ce qui représente aussi une satisfaction pour le chef du gouvernement qui avait fait de ce scrutin un enjeu personnel.

Mais le score du Parti socialiste et de ses alliés de gauche impose tout de même à la majorité présidentielle de prendre en considération la volonté de rééquilibrage manifestée par les électeurs entre les deux tours. Dans ce contexte, la poursuite de la stratégie de l’ouverture politique au centre et à gauche devient encore plus nécessaire. François Fillon a d’ailleurs donné des garanties de sa volonté d’associer tous les Français au gouvernement et a insisté sur la nécessité de «dégager des consensus nationaux autour des grands défis». La majorité sera, a-t-il aussi déclaré, «respectueuse de l’opposition».

Le PS, que certains sondages annonçaient à moins de 100 députés, s’en sort plus qu’honorablement. Il réussit en fait à améliorer son précédent résultat. En 2002, il n’avait obtenu que 149 sièges avec les apparentés. Cette fois-ci, il pourrait dépasser les 200 députés (185 pour le seul PS selon les résultats définitifs). La défaite est là mais elle est beaucoup moins massive que prévue. Le PS est donc un peu rasséréné après cette élection. Et François Hollande est apparu serein pour commenter les résultats qui vont permettre à la gauche de peser sur le travail de l’Assemblée nationale. Le Premier secrétaire a salué le vote de ses concitoyens grâce auquel «la vague bleue annoncée n’a pas eu lieu». Il a manifesté la volonté du PS de jouer une rôle d’«opposition utile» mais il a aussi insisté sur la nécessité de «rénover la gauche».

Sur ce dernier point, tous les socialistes semblent d’accord. De Ségolène Royal à Dominique Strauss-Kahn en passant par Arnaud Montebourg ou Manuel Valls, de nombreuses voix se sont élevées, dès dimanche soir, pour appeler à changer la donne à gauche. Ce diagnostic commun n’est pas forcément un signe encourageant pour le travail de refondation. Car les socialistes sont loin de partager la même analyse sur la méthode et les objectifs. Et les tribulations du couple Royal-Hollande -qui a annoncé officiellement sa séparation le soir même du scrutin- risquent de compliquer la situation. Le débat au PS porte sur le calendrier : faut-il changer la direction du parti tout de suite ou attendre le congrès prévu à l’automne 2008 ? Il concerne aussi les fondements idéologiques et les alliances.

De nouvelles alliances ?

De ce dernier point de vue, la question de la stratégie vis-à-vis du MoDem va se reposer. D’autant que le parti de François Bayrou sort des élections législatives, certes faible, mais plein d’espoir. Il compte trois députés, là où certains instituts lui en prédisaient zéro. Et la formation centriste se trouve dans une configuration où elle possède peu d’élus mais un vivier d’électeurs. François Bayrou a repris du poil de la bête au soir du 17 juin et a annoncé son intention de «construire ce grand courant politique dont la France a besoin».

Rénovation à gauche, reconstruction au centre… c’est le bon moment pour repenser les alliances. Il n’y a pas qu’au PS et au MoDem qu’on y pense. Noël Mamère, l’un des quatre élus des Verts, a annoncé que la formation écologiste envisageait d’accepter de former un groupe avec le Parti communiste, qui obtient 15 députés dans la nouvelle assemblée. Même si le PC perd son autonomie puisqu’il avait obtenu 22 élus en 2002, ce résultat le requinque après le score désastreux de Marie-George Buffet à la présidentielle.

Malgré le scrutin majoritaire, les petits partis n’ont finalement pas été totalement exclus, à l’exception du Front national. La seule représentante de la formation d’extrême-droite au deuxième tour, Marine Le Pen, a été battue dans sa circonscription du Pas-de-Calais par le socialiste Albert Facon. La représentation de ces formations du centre et de la gauche reste néanmoins limitée. Dans la nouvelle Assemblée nationale, la bataille opposera bien les deux grands partis, l’UMP et le PS.



par Valérie  Gas

Article publié le 18/06/2007 Dernière mise à jour le 18/06/2007 à 22:24 TU

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