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Etats-Unis

Le maire de New York Michael Bloomberg en route vers la Maison Blanche ?

par Guillemette Faure

Article publié le 20/06/2007 Dernière mise à jour le 20/06/2007 à 17:00 TU

Michael Bloomberg(Photo : AFP)

Michael Bloomberg
(Photo : AFP)

Michael Bloomberg dit vouloir rester maire de New York mais se comporte en candidat à la présidentielle de 2008. Il vient de quitter le parti républicain et semble savourer les spéculations sur ses chances d’entrer dans la course. Mais il a beau avoir une popularité intacte dans sa ville, il a également quelques obstacles sur sa route.

De notre correspondante à New York

Michael Bloomberg sillonne les Etats-Unis. Il déplore la dégradation de l’image de son pays dans le monde, s’inquiète du financement des retraites ou de la couverture médicale, s’en prend au fonctionnement des grands partis… Rien qui ne soit exactement du ressort d’un maire de New York.

Voilà quelques mois que le comportement de Michael Bloomberg, 65 ans, aiguise les interrogations sur ses chances de se présenter à la Maison Blanche.

Dernier grain apporté au moulin des spéculations : sa décision mardi de renoncer à son affiliation au parti républicain. Politiquement, elle n’annonce aucun virage politique. Avant de se présenter à la mairie de New York, Bloomberg avait sa carte chez les démocrates. Mais dans une ville à gauche, le champ démocrate étant trop encombré de candidats, le milliardaire fondateur de l’entreprise d’information financière du même nom avait alors changé d’étiquette pour avoir la voie libre.

Depuis son arrivée à la mairie, ses relations avec le parti républicain ont été réduites au minimum. Au point que, en 2004, lorsque le parti a organisé sa grand messe à New York pour la campagne de réélection de Bush, Bloomberg s’est contenté d’aller rendre visite aux groupes en minorité au sein du parti : les républicains homosexuels, les républicains favorables au droit à l’avortement…

Les chances d’un indépendant

Cette fois, la décision de quitter les républicains est «alignée avec la façon dont je gère et vais continuer à gérer notre ville», dit son communiqué, «l’approche non partisane a fait des miracles à New York». Les analystes politiques la croient surtout alignée sur une stratégie d’entrée dans la course à la Maison Blanche. Le maire de New York n’aurait une véritable chance qu’en se présentant sous une étiquette indépendante.

Quelles seraient ses chances ? Après tout, le dernier candidat indépendant élu à la Maison Blanche s’appelait… Abraham Lincoln. Ross Perot, le dernier indépendant à avoir fait des vagues, avait, après avoir injecté 65 millions de dollars de sa fortune personnelle dans sa campagne, récolté 19 % des voix et aucun des grands électeurs dont il faut 270 voix pour être élu.

Mais le jeu a changé cette année, glissent les pro-Bloomberg. Les Américains n’ont jamais été aussi désenchantés par leurs partis. Et Bloomberg, dont le magazine Forbes évalue la fortune à plus de cinq milliards de dollars pourrait dépenser bien plus.  «Personne ne sait quel peut être l’impact de 500 millions de dollars sur une campagne», souligne David Boaz, du Cato Institute, «Bloomberg a déjà montré qu’il avait le sens du risque».

Juif, pas marié, et petit…

Ce ne serait pas le seul élément d’imprévu : personne ne sait comment réagirait l’Amérique à un candidat juif, pas marié… «et petit» ajoute souvent l’intéressé. Plus généralement, selon David Boaz, «son message, c’est sa compétence : c’est un argument essentiel pour un candidat en tête, mais est-ce assez excitant pour un outsider qui voudrait attirer l’attention ?»

Vedette chez lui, Bloomberg n’a pas encore de stature nationale. Réélu avec 20 points d’avance sur son adversaire, il est aujourd’hui un des maires les plus populaires de New York. Les sondages locaux montrent que les New Yorkais le préféreraient à la Maison Blanche à leur ancien maire Rudolph Giuliani. Et si le vote new yorkais n’a jamais fait une élection aux Etats-Unis, en terme d’image, Giuliani, qui a fait de son bilan new yorkais un de ses arguments de campagne pourrait souffrir d’avoir dans les pattes un candidat qui mettrait la prospérité de New York à son crédit.

Une candidature de Bloomberg pourrait aussi nuire à l’autre candidate new yorkaise, la sénatrice de l’Etat Hillary Clinton, ou à n’importe quel républicain qui fait de l’équilibre budgétaire une priorité…  «Il n’a peut-être pas beaucoup de chance de gagner une course présidentielle, fait valoir Costas Panagopoulos, professeur de sciences politiques à Fordham Université, mais il risque de l’influencer énormément. »