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Chronique des matières premières

L’huile de coton entre le marteau et l’enclume

Dominique Baillard 

		(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

Presque absente du marché mondial où à peine un demi-million de tonnes sont échangées chaque année, l’huile de coton cherche à se faire connaître.

L’huile de coton Savor fabriquée au Burkina Faso par la société SN Citec a ainsi été primée hier au concours des meilleurs produits oléicoles (1) organisé à Paris, elle était en compétition avec de l’huile de baobab, de l’huile d’avocat ou encore de noix de cajou. La directrice de la SN Citec, Bintou Diallo a surtout profité de cette soudaine notorieté faire part de son optimiste sur l’essor de son produit.  Alors que le marasme du marché du coton désespère les producteurs africains, les fabriques d’huile se frottent les mains. Ceux-là ont le regard rivé sur le cours des huiles, un marché qui explose depuis que l’Indonésie et la Malaisie, les deux gros producteurs exportateurs d’huile de palme, ont choisi de dévier une bonne part de leur production vers la filière des biocarburants.

L’huile de palme restée pendant longtemps la moins chère du complexe en a littéralement pris la tête, et sur les marchés africains où elle est massivement importée, son prix est maintenant supérieur à celui de l’huile de coton. C’est une aubaine pour les cuisinières qui préfèrent cette dernière pour ses vertus culinaires, et donc de bonnes affaires pour les producteurs locaux. A tel point qu’ils peinent à répondre à la demande. Bintou Diallo reconnaît qu’il a fallu limiter les exportations vers le Mali voisin pour satisfaire la demande intérieure. Outre l’essor de la demande alimentaire, la société burkinabée s’engage à répondre à la demande en biocarburants. Elle a été sélectionnée par le gouvernement pour mener un projet pilote de biodiesel.

Le carburant vert pourrait compenser les faiblesses de la production d’électricité, une énergie encore trop rare et trop chère pour permettre le développement de l’industrie. Mais pour réaliser les promesses de l’huile de coton, encore faut-il que les paysans continuent à produire du coton, et donc de la graine. C’est le gros point d’interrogation.

La graine, longtemps considérée comme un déchet, est aujourd’hui valorisée par le débouché dans les huileries. Elle est d'ailleurs cédée à un prix bien au-dessous du marché par les sociétés cotonnières. Au bord de la faillite, ces sociétés vont sans doute revoir le prix de la graine à la hausse pour la prochaine campagne, mais cette augmentation n’est rien au regard de la menace de disparition pure et simple de la filière coton en Afrique sub-saharienne. Prévoyant le pire, c’est-à-dire la pénurie de graine de coton, la SN Citec se diversifie dans le tournesol et revient vers le karité.

(1) concours organisé par l’APVA. (Agence pour la valorisation des produits agricoles). A noter qu’une autre huile produite en Afrique a  également reçue  la médaille d’excellence dans la catégorie des huiles simples, il s’agit de l’huile de noix de cajou de la société sénégalaise Africajou.


par Dominique  Baillard

[22/06/2007]

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