Article publié le 10/07/2007 Dernière mise à jour le 10/07/2007 à 21:58 TU
Nicolas Sarkozy accueilli à son arrivée à Alger par son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika.
(Photo : AFP)
A Alger, le président français a fait part à son homologue Abdelaziz Bouteflika de sa volonté d'établir un « partenariat » politique et économique concret avec ce pays. Mais la population algérienne, quant à elle, ne voit pas vraiment ce que M. Sarkozy peut lui apporter de nouveau.
De notre correspondant à Alger, Amar Ben Salem
« S’il nous lâche pas les visas, ça ne nous intéresse pas », dit Djamel, jeune chômeur, devant une bande de copains assis sur des marches d’escalier qui mènent à hauteur du Boulevard Mohamed V, au centre d’Alger. Comme des milliers d’autres jeunes gens ailleurs dans le pays, ils sont là à « tuer le temps » faute de pouvoir traverser la Méditerranée, tout en caressant l’idée de le faire clandestinement à « la sénégalaise ».
Jacques Chirac, qu’ils avaient accueilli avec enthousiasme, n’a pas « lâché » les visas et ils ne s’attendent pas du tout à ce que son successeur le fasse. « Nicolas Sarkozy , c’est le verrou du domino », ironise l'un d’entre eux.
Le projet d’Union méditerranéenne ? Pour eux, c’est une affaire qui regarde les gens « d’en haut ». Chez les adultes, on ne voit pas concrètement ce que la visite du président Sarkozy pourrait apporter de nouveau à la population. Alors on attend de savoir ce qu’il pourrait proposer d’innovant.
Le dossier de l’histoire coloniale ? Il n’est pas mis en avant cette fois, mais le ministre des Moudjahidine (anciens combattants – ndlr) et quelques associations ont réclamé des « excuses officielles pour crimes perpétrés en Algérie durant l’ère coloniale comme condition pour établir des relations privilégiées avec la France ». Dans son discours à l’occasion de la fête de l’indépendance, le 5 juillet dernier, le président Bouteflika a dénoncé la colonisation mais n’a réclamé ni repentance, ni excuses officielles. Certains observateurs y ont vu une volonté d’apaisement.
En tous cas, bien qu’elle ne sache pas ce qu’a vraiment apporté Nicolas Sarkozy dans ses valises, la presse algérienne adopte un ton général plutôt optimiste. Il n’y a pas de rejet, à priori, d’une coopération plus qualitative dans le domaine de l’énergie, ni de l’idée d’une Union méditerranéenne. Le Soir d’Algérie croit même pouvoir déceler que l’Algérie est déjà acquise à ce projet, mais se demande si « l’appréciation du projet et l’évaluation de ses retombées ont fait l’objet d’une réflexion sérieuse ».
«L'Algérie ne s'est pas encore formellement prononcée, attendant d'en savoir davantage sur les objectifs politiques du président français. »
«C’est pas tout à fait anecdotique qu’avec Bernard Kouchner nous nous soyons d’abord rendus, ici, à Alger. »