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Politique française

Royal : petit bilan entre «amis»

par Valérie Gas

Article publié le 16/07/2007 Dernière mise à jour le 16/07/2007 à 17:38 TU

Ségolène Royal a retrouvé son équipe dans une salle de l'Assemblée nationale pour une première réunion de travail post-élections.(Photo : AFP)

Ségolène Royal a retrouvé son équipe dans une salle de l'Assemblée nationale pour une première réunion de travail post-élections.
(Photo : AFP)

Ségolène Royal a décidé de réunir le 16 juillet une centaine «d’amis» à l’Assemblée nationale. L’ex-candidate à la présidentielle a organisé cette rencontre pour dresser un premier bilan de sa campagne mais aussi préparer l’avenir. Fidèle à sa méthode, Ségolène Royal n’a pas inscrit sa démarche dans le cadre du Parti socialiste. Même si les conclusions de ces travaux devraient lui être présentées. Il s’agit d’un débriefing sur invitations, à huis clos. Les méchantes langues -dont elle a beaucoup dénoncé les méfaits- n’ont pas été conviées. Ségolène Royal a évoqué le passé pour déblayer le terrain avant les vacances. Histoire de pouvoir faire une rentrée sereine.

Elle a perdu la présidentielle. Mais cela ne doit pas empêcher Ségolène Royal de préparer 2012. C’est en tout cas le message qu’elle s’est appliquée à faire passer depuis le 6 mai, jour de victoire pour son adversaire, Nicolas Sarkozy. La candidate malheureuse a d’emblée essayé d’entretenir l’élan provoqué par sa campagne -et ses 17 millions de voix- dans l’inconscient collectif, plutôt que d’engager le processus d’analyse sur les raisons de sa défaite. Elle a immédiatement porté le débat sur la nécessaire rénovation du PS et a pris parti sans ambiguïté pour une accélération du calendrier interne. Autrement dit pour que le changement de direction ait lieu sans attendre, avec l’ambition à peine voilée de jouer sa carte pour succéder à son ex-compagnon, François Hollande.

Ségolène Royal a justifié cette manière de se projeter dans l’avenir en pointant le fait que, pour ce qui était des critiques, certains de ses camarades socialistes avaient fait le travail sans attendre. Elle a ainsi expliqué dans une interview à la chaîne de télévision TF1: «Je n’ai pas entendu d’autres candidats battus subir ce type d’attaques très condescendantes. Donc comme ils ont fait déjà cette critique, si en plus moi je faisais une autocritique…» Et Ségolène Royal ne s’est pas privée de glisser, une fois de plus, qu’elle considérait que le «principal point de faiblesse» de sa campagne avait certainement été les attaques contre elle -son manque de compétence, de crédibilité,…- distillées régulièrement dans sa propre famille. Avis aux camarades socialistes !

Improvisation : à qui la faute ?

Renvoyer la balle dans le camp du parti ne suffira pas à dispenser l’ex-candidate d’un travail plus en profondeur sur les causes de l’échec, sur les responsabilités des uns et des autres. Ségolène Royal en est consciente. Avant même le 16 juillet, elle avait déjà concédé qu’il y avait bien eu «une improvisation dans l’organisation». A quoi cela a-t-il tenu ? A sa personnalité et sa volonté de mener la campagne selon ses propres idées ou «intuitions», et avec une équipe volontairement très indépendante par rapport à la direction du PS ? Au processus de désignation du candidat à la présidentielle qui a été trop long et ne lui a pas permis de rivaliser avec un Sarkozy prêt depuis des mois, voire des années, à entrer dans l’arène ? A un déficit de vision et de proposition ?

Le séminaire de travail organisé par Ségolène Royal à l’Assemblée nationale a donc donné l’occasion à l’ex-candidate et à la centaine de membres de son entourage politique, mais aussi de parlementaires fidèles, de responsables fédéraux du PS, de maires et d’intervenants de l’extérieur réunis autour d’elle, d’aborder ces questions. Il a aussi vraisemblablement servi à discuter de la rénovation du Parti socialiste et de la meilleure manière pour Ségolène Royal d’y prendre part. A l’issue de la rencontre, elle a d’ailleurs estimé que le fruit de ces discussions serait utile au parti. Elle a revendiqué avoir apporté des «éléments refondateurs» susceptibles de rendre le PS plus «attractif». Et de citer la démocratie participative, la valeur travail ou l’ordre juste. Ségolène Royal a estimé qu’il fallait continuer «à travailler».

Au-delà du fond, ce debriefing s’inscrit dans une stratégie d’occupation du terrain médiatique. Après la parution d’un article dans le quotidien Le Parisien intitulé «La grande solitude», Ségolène Royal qui était un peu sortie de la lumière depuis les législatives, a jugé, semble-t-il, qu’il lui fallait réagir immédiatement. Elle a d’abord accordé une interview à l’AFP pour dire qu’elle avait choisi «de travailler dans le silence pour mieux rebondir» et nié tout isolement, en affirmant : «Je mets en place mes équipes». L’un de ses proches, Jean-Louis Bianco, a d’ailleurs expliqué que «les meilleurs» étaient restés avec elle. Une manière tout de même de concéder qu’il y a eu quelques défections depuis la présidentielle. 

Participer à la refondation

Et dans la foulée, la présidente de la région Poitou-Charentes a annoncé les différents rendez-vous de son planning, après les vacances qu’elle s’apprête à prendre, en France, avec enfants et amis. Mais désormais sans François Hollande, dont elle a annoncé officiellement qu’elle était séparée. Ségolène Royal a choisi de faire sa rentrée politique, le 25 août, dans sa circonscription, à Melle. Un an après son entrée dans la campagne pour l’investiture socialiste, à Frangy-en-Bresse, elle saisit une nouvelle fois l’occasion d’une «Fête de la rose» pour prendre ses marques. Juste avant l’université d’été du PS, à La Rochelle, à laquelle elle a confirmé qu’elle participerait. L’ex-candidate devrait aussi livrer le résultat de sa réflexion sur la campagne pour la présidentielle sous la forme d’un ouvrage, dont la parution est prévue courant septembre.

A la rentrée, Ségolène Royal va devoir négocier un virage important. L’un des enjeux sera pour elle d’adopter la bonne stratégie afin de conserver, voire améliorer, ses chances d’être encore une concurrente de poids au sein du Parti socialiste dans les années à venir. Elle semble désormais persuadée que le temps du «ni dehors, ni dedans» est fini. Son avenir est lié à sa capacité à participer, ou mieux incarner, la refondation du PS. Un exercice dans lequel elle va certainement encore trouver François Hollande sur son chemin.