par Rédaction Internet (avec AFP)
Article publié le 19/07/2007 Dernière mise à jour le 19/07/2007 à 21:43 TU
Au moins sept navires ont été récemment attaqués par des pirates au large des côtes somaliennes, selon le BMI.
(Carte : Darya Kianpour)
Les pirates qui opèrent au large de la côte somalienne se sont emparés récemment de plusieurs navires marchands, tuant au moins trois marins. Ils exigent le payement de rançons pour la libération des équipages. Près de 150 marins de 13 navires ont été pris en otage par des pirates habituellement bien armés, utilisant des chalutiers, apparemment inoffensifs, pour attaquer les cargos. En six mois, au moins 17 incidents ont été signalés au large de la Somalie, contre une dizaine d’attaques en 2006. Le Bureau maritime international (BMI, aussi connu comme IMB) recommande aux navires de rester à une distance d’au moins 200 milles nautiques des côtes somaliennes. Les actes de piraterie se sont également multipliés près des côtes du Nigeria.
Selon le BMI, basé à Londres, au moins sept navires ont été récemment attaqués par des pirates au large de la côte somalienne, longue de 3 700 kilomètres. Depuis le début de 2007, deux cargos sud-coréens, un taïwanais et un danois ont été arraisonnés. Le syndicat des marins du Danemark a dénoncé, mardi, le silence du gouvernement de Copenhague sur le cas des cinq membres de l’équipage du Danica White qui ont été capturés par des pirates, le 2 juin, à 240 milles des côtes somaliennes. Ce syndicat souhaite que les autorités compétentes reprennent des négociations avec les pirates en vue de la libération des cinq marins kidnappés.
Les autorités maritimes kényanes ont signalé, mardi, la disparition d’un navire battant pavillon du Panama, qui naviguait dans une zone infestée de pirates devant la côte de Somalie. Le dernier contact remonte au 26 juin dernier, date à laquelle l’Infinity Marine 1 naviguait à environ 37 milles nautiques au large du village de Ras Hafun, sur la côte nord-est de la Somalie. Le navire, en provenance des Emirats arabes unis, transportait des produits alimentaires, des véhicules, des tôles d’acier, du bois et des équipements électriques.
Un cargo nord-coréen, le Sea Prince, a également été porté manquant dans les eaux de la Corne de l’Afrique, après avoir chargé des marchandises dans le port de Djibouti. Les observateurs soulignent que l’activité des pirates avait pratiquement cessé pendant le second semestre 2006, quand les Tribunaux islamiques avaient pris le pouvoir en Somalie.
Les organisations internationales inquiètes
L’augmentation du nombre d’actes de piraterie dans cette zone de l’Océan indien préoccupe les organisations internationales, et tout particulièrement les agences des Nations unies. Ainsi, le 10 juillet dernier, l’Organisation maritime internationale (OMI/IMO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) ont appelé dans un communiqué commun à « une action internationale concertée et coordonnée pour résoudre le problème de la piraterie qui menace les bateaux au large de la Somalie ». Un responsable du PAM a souligné que « près de 80 % de l’aide alimentaire à la Somalie est acheminée par la mer mais, en raison de la piraterie, la disponibilité des bateaux transportant la nourriture a été diminuée de moitié. Les pirates ont peut-être une image romantique au cinéma, mais pas pour les personnes dont la survie dépend de l’aide alimentaire dans les camps de déplacés en Somalie ».
En termes quantitatifs, la situation est encore plus grave au Nigéria, où 19 incidents ont été signalés depuis le début de l’année. Au moins 15 navires ont été pris d’assaut par les pirates qui ont kidnappé 40 marins. Selon le Bureau maritime international, « ces attaques semblent être organisées par quelques groupes locaux, affirmant que leurs actions ont des buts politiques ». Dans une première phase, les pirates nigérians attaquaient surtout les navires de ravitaillement des plateformes pétrolières. Mais, selon le BMI, ils « ont commencé à attaquer des pétroliers pendant des opérations cruciales, ce qui représente un risque accru de morts et de dégâts énormes pour l’environnement ».
Dans son rapport semestriel, l’observatoire de la piraterie du BMI a dénombré un total de 126 attaques en mer dans le monde, de janvier à juin 2007, contre 127 sur la même période l’an dernier. Malgré une baisse importante des actes de piraterie depuis 2004 à l’échelle mondiale, les statistiques des trois derniers mois, avec les hausses enregistrées notamment au Nigéria et en Somalie, semblent indiquer une inversion de la tendance. L’Indonésie, avec 24 attaques au premier semestre 2007, reste le pays le plus dangereux du monde concernant la piraterie maritime. La situation s’est nettement améliorée dans l’Asie du sud-est, et tout particulièrement dans le détroit de Malacca, qui était une des zones les plus dangereuses de la planète, où ont été signalés seulement deux cas de piraterie en six mois.