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Sierra Leone

Peines exemplaires

par  RFI (avec AFP)

Article publié le 20/07/2007 Dernière mise à jour le 20/07/2007 à 17:49 TU

Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone.(Photo : SCLC)

Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone.
(Photo : SCLC)

Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), chargé de juger les auteurs de crimes commis durant la guerre civile, a prononcé, jeudi, ses premières condamnations. Ce sont trois anciens chefs de milices armées qui écopent de peines allant de 45 à 50 ans de prison. Ils ont été reconnus coupables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Ils ont commis des assassinats et des atrocités pendant la guerre civile qui a fait 120 000 morts dans ce petit Etat d’Afrique de l’ouest, entre 1991 et 2002. Les trois condamnés ont annoncé, vendredi, leur intention de faire appel du jugement.

Alex Tamba Brima, âgé de 35 ans et Santigie Borbor Kanu, 42 ans, ont été condamnés à 50 ans de prison chacun, et Brima Brazzy, agê de 39 ans, a été condamné à 45 ans, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Les trois accusés, qui avaient dirigé le redoutable Conseil des forces armées révolutionnaires, ont été reconnus coupables de crimes contre l’humanité et crimes de guerre, notamment des assassinats, des viols et des mutilations, ainsi que l’enrôlement d’enfants soldats. Ils avaient commandé des groupes armés qui se sont livrés à des exactions contre les populations de la région diamantifère de Sierre Leone et avaient participé à la prise meurtrière de la capitale, Freetown, en janvier 1999. Il s’agit des premières condamnations du TSSL depuis sa création en 2002. La lourdeur des peines prononcées par ce tribunal peut être expliquée par le fait que les inculpés n’avaient montré aucun signe de remords pendant les audiences et, de plus, ils avaient plaidé non-coupables. Le parquet avait demandé lundi des peines encore plus sévères : 50 et 60 ans.

Le Procureur adjoint du TSSL, Jeremy Waiser, espère que les autres accusés, qui attendent d’être jugés, fassent preuve de bonne volonté et collaborent davantage avec le tribunal.

Jeremy Waiser, procureur adjoint du tribunal pour la Sierra-Leone

Par Pauline Simonet

«Les juges ont envoyé un message aux autres leaders ; eux aussi sont susceptibles d'être condamnés à de telles peines.»

Les trois condamnés devront purger leurs peines en Suède et en Autriche. Le verdict du TSSL a été salué par les victimes des exactions commises pendant la guerre civile sierra-léonaise. Pour le président de l’Association des amputés et blessés de guerre, Ahmed Jusu Jakka, le jugement des trois anciens rebelles est une forme de soulagement.

Ahmed Jusu Jakka, président de l'Association des amputés et des blessés de guerre

Par Alexandra Brangeon

«Nous sommes très contents que ceux qui ont eu la plus grande responsabilité soient enfin traduits en justice.»

Le Sierra Léone est un des pays qui comptent le plus grand nombre de mutilés de guerre. Desmond Cole, qui a fui la guerre civile en 1999, actuellement refugié en France, a approuvé le verdict du Tribunal spécial pour la Sierra Léone, même s’il espérait des peines plus lourdes.

Desmond Cole, Sierra-leonais réfugié en France

Par Alexandra Brangeon

«J'aurais aimé que le verdict soit plus lourd à cause des atrocités qu'ils ont commises.»

Six autres suspects de crimes pendant la guerre civile au Sierra Leone sont actuellement jugés ou en attente de verdict. C’est le cas, notamment, de l’ancien président et ex chef de guerre libérien, Charles Taylor, qui est jugé aux Pays-Bas, pour avoir appuyé les rebelles sierra-léonais qui ont commis des atrocités. Son avocat a demandé un délai avant la reprise du procès, fin août, pour pouvoir prendre connaissance de tous les documents du dossier d’instruction, qui totalise plusieurs milliers de pages. La création du TSSL à Freetown résulte d’un accord entre le gouvernement sierra-léonais et les Nations unies, mais sa juridictions est extérieure à l’organisation internationale.