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Cyclisme / Dopage

Un tour de France en déroute

par Guillaume Naudin

Article publié le 26/07/2007 Dernière mise à jour le 26/07/2007 à 14:52 TU

L'équipe de Michael Rasmussen, Rabobank, a fait ses valises et a quitté le Tour à la demande des organisateurs.(photo : Reuters)

L'équipe de Michael Rasmussen, Rabobank, a fait ses valises et a quitté le Tour à la demande des organisateurs.
(photo : Reuters)

Il n'y aura pas de maillot jaune au départ de la 17e étape du Tour de France : le danois Michael Rasmussen, sur qui pèsent des soupçons de dopage, a été évincé hier soir par son équipe Rabobank. Et mercredi soir, un nouveau cas de dopage était dévoilé : Cristian Moreni était testé positif à la testostérone. L'italien et son équipe Cofidis ont donc été contraints de faire leurs valises du Tour, comme l'avaient fait la veille les Astana et leur leader Vinokourov.

Arrêt de mort ou nouveau départ, les commentateurs hésitent, mais ce qui est sûr, c'est que le cyclisme et le Tour de France se trouvent aujourd'hui à un moment clé de leur histoire.

Michael Rasmussen exclu par sa propre équipe : les organisateurs se disent soulagés. Car la façon dont les choses se sont déroulées est inhabituelle, c'est même une première. Ce n'est pas une preuve objective, ce n'est pas un contrôle antidopage positif incontestable qui ont conduit à cette éviction. C'est un faisceau de soupçons, une opinion de plus en plus répandue selon laquelle la domination du Danois était tout simplement humainement impossible.

Comment un coureur – que l'on ne voit que très rarement sur les autres courses – peut-il à ce point survoler les étapes de montagne ? Comment peut-il gravir les plus hauts cols plus vite que l'américain Lance Armstrong et même le défunt italien Marco Pantani ne l'avaient jamais fait ? Comment ce coureur, pur grimpeur au gabarit de poulet –« chicken » est d'ailleurs son surnom – pouvait-il en plus rivaliser avec les meilleurs dans l'exercice de la course contre la montre, ce qui réclame une puissance que ne lui autorise pas son physique modèle XXS ?

C'est ce défi permanent et arrogant aux lois de la physique, de la chimie et de la biomécanique qui a conduit le peloton et le public à se révolter si ouvertement, sans doute pour la première fois aussi.

Au départ d'Orthez, pour une étape qu'il allait une fois de plus survoler jusqu'au sommet du col de l'Aubisque, Michael Rasmussen est parti sous les sifflets, pendant que les coureurs de huit équipes (six françaises et deux allemandes), restaient symboliquement sur la ligne de départ quelques instants supplémentaires en signe de protestation après le contrôle positif du kazakh Alexandre Vinokourov et le retrait de son équipe Astana.

L'événement était déjà considérable, mais il est presque anecdotique au regard de la fin prématurée du mensonge Rasmussen. Car si Michael Rasmussen a été licencié par son employeur, c'est parce qu'il a menti. A tout le monde. Par omission d'abord, en oubliant de donner aux instances sportives la liste de ses dates et lieux d'entrainement, échappant par là-même à toute possibilité de contrôle inopiné ; par action ensuite, en affirmant aux responsables de son équipe qu'il s'entraînait au Mexique en juin, alors qu'il avait été vu à cette même période en Italie.

Le cas Rasmussen évacué, les organisateurs du Tour se retrouvent face à un problème équivalent avec Alberto Contador. L'espagnol de 24 ans est le seul à avoir pu suivre Rasmussen dans les cols, il fait partie de l'équipe Discovery Channel, ancienne formation de l'américain Lance Armstrong, soupçonné lui aussi de dopage à l'époque de sa splendeur. Le nom d'Alberto Contador avait également été cité, avant d’être disculpé, dans l'affaire Puerto, cette vaste enquête antidopage de la justice espagnole.

Pour sortir enfin d'un système qui fait la preuve de son inefficacité depuis plus de dix ans maintenant, les organisateurs du Tour appellent de leurs vœux une révolution et rejettent la faute sur l'Union cycliste internationale. L'UCI désigne pour partie, via son classement mondial et son circuit pro-Tour, les équipes participantes à la Grande Boucle.

Pour expulser les tricheurs et éviter la mort du vélo et du Tour, il faut maintenant des mesures radicales. Mais toutes les mesures du monde ne constitueront cependant pas une assurance « tout-risque ». En atteste le cas de Cristian Moreni, contrôlé positif à la testostérone. L'Italien évolue au sein de la formation Cofidis, une de ces équipes françaises très engagées pour un cyclisme propre. Cristian Moreni a au moins eu la correction d'assumer ses responsabilités et de reconnaître les faits, contrairement à d'autres avant lui. Cofidis s'est retirée d'elle-même du tour. Mais ce nouveau cas montre à quel point il sera difficile de faire un ménage complet.