Revue de la presse française du 2/8/2007

L’Afrique, nouvelle route de la drogue. C’est la une de La Croix ce matin. Le journal explique que la saisie de cocaïne effectuée au Sénégal le mois dernier, confirme la place importante que l’Afrique occupe désormais dans le trafic de stupéfiants. Le journal parle de double crime car si la drogue fabrique des enfers personnels, son trafic participe aussi très activement à la ruine collective que prépare le goût de l’argent facile. En chiffre d’affaires, la drogue est le 3^ème commerce mondial après le pétrole et l’alimentation. Le pactole des narcotrafiquants alimente d’abord les circuits mondiaux d’argent sale ou il croise celui de la corruption et des trafiquants d’armes. En quête de blanchiment, ces sommes amplifient la logique spéculative et prive les pays en développement des capitaux stables dont ils auraient besoin pour assurer leur décollage. La Croix nous parle aussi de l’explosion de l’usage dans les pays voisins des pays producteurs ou dans les pays de transit. C’est le cas par exemple au Sénégal où des structures commencent juste à voir le jour pour aider les toxicomanes.

Laurent Gbagbo a accordé un entretien à certains journalistes français en début de semaine. C’est à lire dans Le Figaro et dans Aujourd’hui en France - Le Parisien. Le président ivoirien revient sur ses rapports avec Jacques Chirac. « Le plus horripilant, c’était qu’il me parlait comme à un sous-préfet français, se souvient-il. La première fois que j’ai été reçu à l’Elysée, il  m’a appelé Laurent. J’étais assez surpris. Je pense qu’il s’est trompé de personne ou d’époque ». Laurent Gbagbo fait état de ses interrogations sur le bombardement du camp français de Bouaké en novembre 2004. Il ne comprend pas pourquoi la France ne veut pas d’enquête, pourquoi on a libéré les pilotes biélorusses impliqués dans le bombardement. « La vérité sur cette affaire ne doit pas arranger les autorités françaises », sous-entend-il.

Avertissement

« Il faut cesser d’infantiliser les rapports entre la France et l’Afrique. L’époque d’Houphouët, de Bongo ou d’Eyadema, c’est fini. La France ne peut plus changer les chefs d’Etat africains qui ne lui conviennent pas. Elle ne doit plus mettre son nez dans les affaires de la Côte d’Ivoire ». Et Le Figaro de s’interroger : s’agit-il d’un avertissement à Nicolas Sarkozy qui vient d’effectuer une tournée en Afrique en évitant l’étape ivoirienne ? « Tout le monde est le bienvenu chez nous, mais sans poser de conditions préalables ».

N’est-il pas déjà trop tard pour sauver le Darfour ? C’est La Nouvelle République du Centre-Ouest qui pose la question ce matin tout en notant que les grands de ce monde ont enfin eu une réaction à la hauteur de l’enjeu. Rarement déploiement militaire des Nations unies n’aura été aussi massif. Tout cela est encore très fragile. Libération le rappelle : la nouvelle résolution ne mentionne aucune sanction en cas de non-respect du texte. C’est à ce prix que la Chine l’a soutenue. Parmi les défis à relever, trouver dans un délai de trente jours des troupes majoritairement africaines. Le Nigeria et le Sénégal se sont déjà manifestés mais on est loin des 26 000 hommes prévus, nous dit le journal.

La presse réagit aussi ce matin à cet article publié dans Le Monde d’hier. Le fils Kadhafi y affirmait que la France s’apprêtait à fournir des missiles à Tripoli. « Il fallait être bien naïf pour imaginer que seul le sourire de Cécilia Sarkozy et l’activisme de son président de mari avaient permis de libérer les infirmières bulgares, s’exclame L’Est Républicain. On s’en doutait, on a les détails grâce aux confidences fanfaronnes du fils». Ce qui scandalise, c’est le procédé, ce chantage d’Etat clairement assumé. Pour La Presse de la Manche, il n’est pas sûr qu’il faille se choquer de cela. Après tout, dès lors que les otages bulgares ne le sont plus, on peut commercer avec Tripoli, étant entendu que de nouveaux comportements inadmissibles entraîneraient une réplique cinglante. Pour L’Indépendant du Midi, tout cela s’inscrit dans la tradition française des relations avec l’Afrique. Le Républicain Lorrain nous le confirme, les premiers pas du chef d’Etat français sur le continent africain laissent penser que la diplomatie des résultats évacuera vite les objections d’ordre moral.

Santé

Deux dossiers pour nourrir notre réflexion sur la santé en France et plus précisément sur l’hôpital. L’Humanité parle d’une main basse du privé sur l’hôpital public et donne l’exemple du nouveau centre hospitalier d’Evry, au sud de Paris. Pour le journal communiste, en confiant les hôpitaux aux grands groupes du bâtiment de travaux publics, l’Etat ouvre la voie à la privatisation des soins. En plus, ça coûtera plus cher. Pour se faire une idée de ce que ça donnera, le journal a regardé le dernier épisode d’Urgences sur France 2. Avec ce genre de dilemme pour le directeur du Cook County Hospital. Problème de budget : il faut choisir entre un bon médecin et un équipement. Lui a choisi l’équipement.

Libération, pour sa part, s’intéresse aux petits hôpitaux à hauts risques. Le journal consacre un grand reportage au service de chirurgie de Saint-Affrique dans l’Aveyron qui se bat pour sa survie. Le journal nous explique que l’échange entre praticiens est fondamental dans la pratique médicale et que c’est justement cela qui manque dans les petites structures. Le quotidien essaie d’imaginer un nouvel hôpital de proximité, organisé en réseaux. La chirurgie n’y serait plus le nerf de la guerre et on pourrait s’orienter vers la médecine, les soins palliatifs, le moyen séjour et l’accueil des urgences. Les interventions plus lourdes étant renvoyées vers des établissements de référence.

On termine avec les vacances qui commencent aujourd’hui pour les ministres français. Le Parisien distribue les bulletins de notes. Christine Lagarde, ministre de l’Economie, arrive première avec 15 sur 20. Elle a su trouver ses marques. Borloo, bon dernier avec un petit 7 sur 20. Guy Carcassonne, professeur de droit, leur donne des excuses. Avec un président omniprésent, ce n’est pas facile pour eux d’exister. Le plus drôle, c’est sans doute le dessin. Nicolas Sarkozy a l’air très fâché et il râle : pas brillant, y en a pas un qui a la moyenne en jogging.

par Emmanuelle  Klotz

[02/08/2007]