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France

Hausse du tabac, les buralistes s’inquiètent

par Myriam Berber

Article publié le 03/08/2007 Dernière mise à jour le 03/08/2007 à 16:34 TU

Après les produits laitiers, les céréales et la viande, c’est au tour du prix du tabac de flamber. Cette augmentation demandée par les fabricants, a été acceptée par le gouvernement qui veut renforcer la lutte anti-tabac.

Pour l'heure, les Français ne sont pas prêts à arrêter de fumer.(Photo : DR)

Pour l'heure, les Français ne sont pas prêts à arrêter de fumer.
(Photo : DR)

Le prix des cigarettes augmentera de 6% en moyenne, à compter du lundi 6 août. Du coup, le paquet de 20 Gauloises blondes va passer de 4,70 à 4,80 euros, et le paquet de 20 Marlboro de 5 à 5,30 euros. Il ne s’agit pas d’une augmentation de la fiscalité, un moratoire l’empêche jusqu’à fin 2007, mais d’un relèvement des tarifs des cigarettes par les fabricants eux-mêmes. La dernière hausse générale des prix du tabac remontait à janvier 2004. Les tarifs avaient alors augmenté de 8 à 10%, après une hausse importante de plus de 30% effectuée en 2003. Ce qui avait entrainé une baisse de même ampleur de la vente du tabac.

Les  buralistes, qui ont vendu en 2006 pour 65,7 milliards de cigarettes, pèsent d'un poids non négligeable dans le paysage économique français. Le tabac représente 9,3 milliards d’euros de taxes récoltées. Le budget de l’Etat bénéficie aussi de 1,4 milliard d’euros de TVA sur les ventes de tabac. Avec cette hausse de 6%, les recettes fiscales devraient augmenter de plus de 600 millions d’euros en année pleine. Les douanes anticipent un recul des ventes de 0,3 à 0,5%. Résultat, le surplus des rentrées fiscales est donc estimé à près de 400 millions d’euros pour 2008.

Tabac de contrebande

Malgré les recettes fiscales qui vont rebondir, le gouvernement veut relancer la lutte contre le tabac, au nom de la santé publique dans un pays où chaque année 60 000 personnes décèdent de maladies liées à leur consommation de cigarettes, avec une augmentation régulière chez les femmes. La moitié des jeunes ayant commencé à fumer à l'adolescence mourront du tabac et un quart d'entre eux perdront la vie avant 65 ans. Reste que pour l’heure, les Français ne sont pas prêts à arrêter de fumer. Le marché dans l’Hexagone a, en effet, progressé de 1,5% en volume et 1,8% en valeur en 2006 par rapport à 2005. Ces chiffres, qui ne concernent pas les achats transfrontaliers, s’établissent à 14,6 milliards d’euros.

Pour la Confédération des buralistes français, cette hausse des tarifs ne va diminuer en rien la consommation de tabac, mais va plutôt relancer « les achats transfrontaliers et  la contrebande ». Le ministre du Budget Eric Woerth a tenu à rassurer les débitants. Il a indiqué avoir « donné des instructions aux services des douanes, afin de renforcer les contrôles dans les zones et sur les axes sensibles pour empêcher toute reprise des petits trafics de proximité qui sont les plus nuisibles au réseau des débitants de tabac ».

« C'est trop tôt et trop fort », réagit le président de la Confédération des buralistes français. Et René Le Pape d’expliquer que « ce nouveau risque de déstabilisation de notre réseau de proximité s'ajoute aux autres menaces qui s'annoncent avec l'application prochaine du décret d'interdiction de fumer dans les bars-tabacs le 1er janvier prochain ». Les débitants de tabac évaluent entre 5% et 30% la baisse du chiffre d'affaires liée à la nouvelle réglementation en 2008. En effet, les fumeurs ne pourront plus s'attarder avec leur cigarette pour consommer boissons et autres produits annexes. Très anxieux également, les hôteliers et les restaurateurs, qui craignent une fréquentation inférieure de 20%.