Article publié le 08/08/2007 Dernière mise à jour le 08/08/2007 à 11:17 TU
Un sinistré de la mousson indienne à Muzzarfarpur remet la bâche de sa tente en attendant la décrue totale des eaux.
(Photo : Mouhssine Ennaïmi / RFI)
De notre envoyé spécial à Muzzarfarpur dans la région du Bihar (nord-est de l'Inde), Mouhssine Ennaimi
« Je n'ai rien à manger, rien à boire ! » crie cette mère devant sa tente de fortune où s'entassent ses quatre enfants. Comme elle, ils sont des milliers, probablement des millions aux bords de la route et des voix ferrées. Souvent à quelques centimètres à peine du niveau de l'eau. Leurs habitations sont totalement recouvertes par les inondations et seuls les pylônes électriques émergent à moitié de cette immense étendue d'eau. Ceux qui ont pu sauvé leur bétail peinent à trouver du foin pour les bêtes, attachées à moins d'un mètre de là.
Le ministre en charge des populations rurales a fait le déplacement. Sous une bâche en plastique et sous une pluie battante, il critique violemment le gouvernement. « Des millions et des millions de personnes sont affectées par les inondations et les fortes pluies. L'aide apportée est totalement inappropriée ! Il n'y aucune gestion malgré le fait que l'argent ne manque pas ! »
Ici, la route vient à peine d'être réouverte qu'elle est déjà investie par toutes sortes de véhicules. Tracteurs, jeeps, rickshaws, et autres cyclo pousse-pousse se faufilent plus ou moins habilement dans une cacophonie insupportable. La plupart des axes routiers et ferroviaires ont été coupés dès la montée des eaux rendant l'accès à l'aide impossible. Mais malgré le fait que les villageois aient consolidé les nids de poules et créer des passages temporaires, ils n'ont toujours pas reçu de soutien de la part des humanitaires.
« Il y a un peu de nourriture qui arrive mais les élus locaux la gardent pour eux, pour leurs familles ou leurs amis » témoigne ce père de famille travaillant dans une région voisine mais contraint de rentrer pour secourir ses proches.
Malgré la décrue récente des eaux de la mousson, la colère monte chez les sinistrés. De plus en plus, ils se sentent négligés et abandonnés par le gouvernement central de New Delhi. Pourtant, les besoins sont immenses. Les gens manquent d'abris temporaires, de nourriture, d'eau potable et surtout de médicaments. « Un membre de famille est tombé malade et vous savez pourquoi ? Parce qu'il n'avait rien d'autre à boire que cette eau noire » dit cet autre père de famille.
D'autres craignent des épidémies. Ils savent que les maladies telles que le choléra ou le paludisme vont souvent de pair avec la décrue ; ils s'inquiètent d'une catastrophe sanitaire. « Nous n'avons pas de médicaments. Nous prions pour que personne, en particulier nos enfants, ne tombent malade » dit cet instituteur. Devant le perron de sa maison, de l'eau jusqu'aux cuisses.