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Technologies

Spock, le moteur aux grandes oreilles

par Myriam Berber

Article publié le 09/08/2007 Dernière mise à jour le 09/08/2007 à 17:05 TU

Une entreprise américaine vient de dévoiler un nouveau moteur spécialisé sur la recherche de personnes baptisé «Spock.com ». A terme, cet outil ambitionne d’indexer les profils de près de 400 millions d’individus. De quoi susciter l’inquiétude des associations de défense de la vie privée.

Après plusieurs mois de développement, Spock vient d’ouvrir sur la Toile. Sous ce nom tout droit sorti de la série Star Trek se cache un moteur qui dispose d’ores et déjà de données sur plus de cent millions d’individus, des Américains pour la majorité. La société composée d’une trentaine d’employés basée en Californie, a été créée grâce à une levée de fonds de sept millions de dollars. Pour l’instant gratuit, le moteur espère financer son service par l’affichage de liens publicitaires ciblés.

Concrètement, Spock offre la possibilité de rechercher n’importe quel individu à partir de mots-clés. Chaque profil apparait sous la forme de fiches renseignées d’une photo, de mots-clés, censés décrire l’individu, et d’une liste de proches. Par exemple, on peut trouver une petite fiche sur le président français Nicolas Sarkozy associée à une fiche, pour le moment vierge d’informations, sur son épouse Cécilia. Le moteur permet aussi de faire une recherche à partir d’une liste de noms (un parti politique, une entreprise, etc.). Pour l’heure, aux côtés des hommes politiques, on trouve également des acteurs de cinéma, des milliardaires, ou bien encore des intellectuels. Mais ce n’est qu’un début. A terme, Spock ambitionne d’indexer près de 400 millions personnes.

Le maillage de milliers de fichiers

Il est de plus en plus facile de connaître le CV, la carrière, les goûts, les hobbies ou les condamnations d'un parfait inconnu avec la mise en ligne de toujours plus de documents, par tous les acteurs de la vie sociale américaine dont la justice dans certains Etats. L'efficacité du leader de la recherche sur le Net Google fait le reste. Pour alimenter sa base de données, Spock indexe donc les informations contenues sur des centaines de sites. Les agents de Spock piochent également des données dans les réseaux communautaires renseignés par les internautes eux-mêmes tels que Linked In, MySpace, Friendster et Facebook.

En fait, Spock se contente de rassembler des informations déjà disponibles sur la Toile. Données criminelles, gouvernementales ou médicales… Grâce aux « Big Brother» du réseau, c'est presque un jeu d'enfant de retrouver et de collecter des informations sur la toile mondiale. Internet, c’est un immense fichier où les données se croisent, se dupliquent, s’archivent. Outre-Atlantique, Internet stocke ainsi pratiquement tout : téléphones, adresses, fichiers-clients, notices COB ou greffes des tribunaux de commerce. Mais également des données provenant des serveurs de la Sécurité sociale, des services des impôts, des banques, des hôpitaux, des douanes, de la justice ou les fichiers des comptes bancaires. Il y a même des banques de données de banques de données. Sans oublier les sites de recherche généalogique et autres éditeurs d'annuaires qui se prêtent parfaitement à la collecte de renseignements.

Des risques d’abus

Spock n’est pas le premier moteur de recherche de ce type. Le pionnier Wink.com recense déjà plus de 200 millions de personnes. ZoomInfo.com, spécialisé dans les contacts professionnels, compte près de 37 000 profils. Grâce au caractère communautaire dont Spock se prévaut, le moteur se veut à l’abri de toute malveillance des utilisateurs. Les personnes fichées peuvent par ailleurs demander le retrait des informations qui les concernent.

Un dispositif qui est cependant loin de satisfaire les associations de défense des libertés individuelles comme l’Electronic Frontier Foundation qui dénonce une attaque contre la vie privée. Les Etats-Unis, à la différence de l’Europe, ne disposent pas d’un cadre juridique global pour ce qui concerne la protection des données personnelles. Ce n’est pas le seul point qui pose problème. A la question sur la rétention de données s’ajoute celle sur la véracité des informations disponibles. Le moteur encourage, en effet, chacun à créer un compte personnel et à ajouter des données sur les personnes de sa connaissance. Beaucoup s’interrogent donc sur la capacité des créateurs de Spock à contrôler et vérifier l’information.