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Semaine mondiale de l'eau

Comment gérer et financer la ressource?

par Myriam Berber

Article publié le 13/08/2007 Dernière mise à jour le 13/08/2007 à 17:27 TU

Un habitant sur cinq de la planète n’a pas d’accès à l’eau potable et un sur deux ne bénéficie pas de connexion à un réseau d’assainissement(Photo : Stéphanie Braquehais/RFI)

Un habitant sur cinq de la planète n’a pas d’accès à l’eau potable et un sur deux ne bénéficie pas de connexion à un réseau d’assainissement
(Photo : Stéphanie Braquehais/RFI)

Le changement climatique, tel est le thème de la Semaine mondiale de l’eau qui s’ouvre lundi à Stockholm, en Suède. Du climat à la gestion de l’eau, le lien n’est pas toujours évident et pourtant, selon les experts, l'eau joue un rôle primordial dans le réchauffement de la planète. La question du financement est également au cœur des discussions de l’ensemble des professionnels du secteur de l’eau.

La capitale suédoise accueille la 17ème édition de la Semaine mondiale de l'eau. Plus de 2 500 scientifiques, membres d’ONG, représentants de gouvernements et d’entreprises, venus du monde entier, y ont rendez-vous pour débattre des grands enjeux autour de cette ressource vitale : gestion de l’eau potable, services d’assainissement, commercialisation de la ressource mais aussi changements climatiques. Cette question a figuré en bonne place dans le discours inaugural du Premier ministre suédois. Et Fredrik Reinfeldt de rappeler : « Dans certaines parties du monde, le réchauffement de la planète va se traduire par des pénuries d'eau, la sécheresse et des déserts de plus en plus vastes. Dans d'autres parties du monde, il y aura de plus en plus de pluies ».

A en croire une étude récente du magazine britannique Nature, les précipitations se renforceraient dans certaines régions du globe. L'hémisphère Nord est devenu plus humide, de même que les régions situées au sud de l'équateur. En revanche, les pays situés juste au nord de l'équateur seraient de moins en moins arrosés. En simulant plusieurs modèles climatiques, les auteurs ont mis en évidence le rôle des émissions de gaz à effet de serre. Des membres du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec), auteur de rapports alarmants en 2007 sur le climat, seront parmi les intervenants. La question des biocarburants, souvent préconisés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais dont la production à grande échelle est très gourmande en eau, sera, elle aussi abordée au cours de la semaine.

Doubler les investissements en faveur de l’eau

Sur la planète, un habitant sur cinq n’a pas d’accès à l’eau potable et un sur deux ne bénéficie pas de connexion à un réseau d’assainissement. De plus, la consommation d’eau est inégalitaire : en moyenne 20 litres par personne et par jour dans les pays en développement, contre 150 à 300 litres dans les pays industrialisés. Ces dix dernières années, la problématique mondiale de l’eau a considérablement évolué. 80 % des catastrophes naturelles étaient d'origine météorologique. Les inondations qui affectent tous les ans quelque 66 millions de personnes sont les catastrophes naturelles les plus dramatiques. La situation est extrêmement variable selon les régions. En zone méditerranéenne, les spécialistes estiment que le danger est grand. En Afrique, la situation est disparate. Certaines zones sont très arrosées, d’autres extrêmement sèches.

C’est au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992 que, pour la première fois, l’eau a été identifiée comme un problème majeur. Depuis cette date, les initiatives se sont multipliées. Mais beaucoup reste à faire pour un traitement équitable dans les pays en développement, notamment en Afrique sub-saharienne mais aussi en Asie et en Amérique latine. Selon un rapport publié en 2005 par l’Unicef, la réalisation de cet objectif coûterait 11,3 milliards de dollars par an. Un faible investissement comparé à la réduction de la mortalité qu’il pourrait entrainer dans les pays en développement. Selon l’Institut international de l’eau à Stockholm, organisateur de la conférence, les diarrhées résultant du manque d'installations sanitaires et d'hygiène sont responsables de la mort de plus de 2 millions d'enfants pauvres chaque année. De 50 à 70% des hôpitaux dans le monde sont remplis de personnes souffrant de maladies liées à l’eau et qui pourraient être évitées facilement.

L’eau, un secteur pas rentable

La conférence devrait aussi attirer l’attention sur les problèmes de gestion. L’approvisionnement en eau et l’assainissement a un coût, estimé entre 10 et 30 milliards de dollars par an dans les prochaines décennies, selon le Conseil mondial de l’eau. Reste la question du financement. Pour le moment, les seuls qui investissent sont les Etats, les organismes officiels d’aide au développement et les organismes de financement multilatéraux. La trésorerie issue des recettes des compagnies des eaux ne couvrent le plus souvent qu’une partie des dépenses : exploitation, maintenance et réparations, mais ne contribuent que très rarement aux investissements.

Les difficultés de financement viennent au moins de deux facteurs. En premier lieu, l’eau n’est pas un secteur rentable. Dans les pays en développement, le retour sur investissement est de 20 à 25% dans les télécoms, de 13 à 15% dans l’électricité, mais d’à peine 5% pour l’eau potable et l’assainissement. Les infrastructures de l’eau sont celles requérant les plus forts investissements en capital. Les conduites et les pompes sont chères, comparées aux bénéfices directs que l’on peut en attendre. Beaucoup de bénéfices en matière d’eau sont indirects (santé, éducation…) et sont difficiles à évaluer de manière quantitative. Second facteur : le manque de visibilité. L’eau ne fait pas intervenir des technologies hautement sophistiquées et ne favorise pas, non plus, l’élection des hommes politiques : les tuyaux sont moins visibles que les routes ou les immeubles. Ils attirent donc moins les suffrages. 

Pour en savoir plus :

http://www.wordlwatercouncil.org