par Myriam Berber
Article publié le 16/08/2007 Dernière mise à jour le 16/08/2007 à 17:20 TU
Début août 2007, la maison de courtage Bear Stearns a annoncé que deux de ses « hedge funds » qui gèrent un portefeuille estimé à 20 milliards de dollars, ne valaient presque plus rien.
(Photo : AFP)
L’heure est aux explications. Face aux tensions observées sur les marchés, de nombreuses critiques sur le rôle des différents acteurs commencent à émerger. Qui peut être tenu responsable de cette crise ? Selon les spécialistes, la faute en revient aux banques qui - en étant de moins en moins regardantes sur le profil de l’emprunteur et en multipliant les risques (prêt à taux variable) - ont prêté à des ménages américains modestes, donc peu solvables. Tant que les prix des logements augmentaient et que les taux d’intérêt restaient très bas, le système fonctionnait. Mais le ralentissement du marché de l’immobilier américain, combiné à la hausse des taux d’intérêt sur lesquels sont indexés les remboursements, a changé la donne.
9 000 fonds spéculatifs dans le monde
Aujourd’hui, de nombreux foyers ne peuvent faire face à leurs traites. Aux Etats-Unis, le nombre des saisies immobilières a plus que doublé en un an. Depuis six mois, c'est un foyer sur 134 en moyenne qui a été dépossédé de ses biens et ce phénomène devrait s'accentuer. Les experts pronostiquent même 2 millions de saisies d'ici la fin de l'année. Ces défauts de paiement se sont répercutés sur les entreprises spécialisées dans le refinancement hypothécaire : les fameux fonds spéculatifs (hedge funds). En effet, les crédits hypothécaires aux Etats-Unis sont en majorité titrisés. Autrement dit, au lieu de rester dans le bilan des banques, ils sont le plus souvent vendus à un organisme financier qui émet en contrepartie des dettes négociables sur les marchés financiers. A terme, ces opérations de titrisation transfèrent des risques bancaires sur de très nombreux acteurs économiques.
Nicolas Sarkozy a demandé davantage de transparence sur les marchés financiers. Le président français propose que les ministres des Finances du G7, lors de leur réunion d'octobre à Washington, planchent sur des propositions pour améliorer le fonctionnement des marchés. Il reprend ainsi partiellement une proposition phare d’Angela Merkel, qui avait cependant été mise de côté au G8 d’Hellingham, il y a quelques mois. La chancelière allemande a fait en effet du contrôle des fonds spéculatifs, une priorité. Elle veut imposer des règles plus strictes à ces hedge funds pour assurer la sécurité des investisseurs. Mais invariablement, Angela Merkel se heurte aux réticences des Etats-Unis et du Royaume-Uni, puisque c’est là qu’opèrent la grande majorité de ces firmes. Actuellement, plus de 9 000 fonds spéculatifs sont recensés dans le monde, avec en gestion, environ 1 500 milliards de dollars.
Le rôle des agences de notation
Egalement montrées du doigt, les agences de notation, soupçonnées par certains analystes d’avoir évalué avec trop de complaisance le profil financier d’établissements spécialisés dans les prêts immobiliers. Les agences de notation sont-elles responsables ? C’est, en effet, à elles que revient le rôle d’apprécier la solidité des produits grâce auxquels les transferts de risque de crédit sont réalisés. Leur rôle doit donc faire l’objet d’un examen attentif des autorités de Bruxelles.
Selon le quotidien britannique Financial Times, des responsables communautaires ont jugé que le comportement des agences de notation n'est pas exempt de reproches. Le commissaire européen au Marché intérieur, Charlie McCreevy, discutera du sujet en septembre prochain avec le Comité européen des régulateurs des marchés de valeurs immobilières (CESR), qui rassemble les autorités de surveillance des marchés des 27 Etats membres. Ce comité doit remettre en avril 2008 un rapport sur la notation des instruments financiers. Charlie McCreevy, pourrait s’inspirer de ce rapport pour formuler une série de propositions. Reste que la Commission ne dispose d'aucun pouvoir de sanction direct et devra attendre plusieurs mois si elle souhaite mettre en place une réglementation du secteur. Une chose est certaine : l'étau se resserre alors que le gendarme de la Bourse américaine, la SEC, mais aussi l'AMF en France, réfléchissent à davantage de vigilance autour de ce secteur du marché.