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Libye

La nouvelle Constitution selon le fils Kadhafi

par  RFI (avec AFP)

Article publié le 21/08/2007 Dernière mise à jour le 21/08/2007 à 18:05 TU

Saïf al-Islam, dauphin présumé du dirigeant libyen, a pris la parole lundi soir à Benghazi pour présenter les grandes lignes d'un projet de Constitution tout en soulignant que des « lignes rouges » sont à respecter : « l’islam et l’application de la charia islamique, la sécurité et la stabilité de la Libye, l’unité du territoire et Mouammar Kadhafi ». Le fils aîné de la seconde épouse du colonel Kadhafi, qui s’exprimait devant des milliers de jeunes partisans et dont le discours a été retransmis en direct par la télévision nationale, a également appelé à un « dialogue national impliquant tout le peuple », en vue de l’élaboration d’une Constitution.

 

Saif al-Islam, fils du dirigeant libyen, a présenté un projet de nouvelle constitution pour son pays, soulignant que « des lignes rouges » sont à respecter.(Photo : AFP)
Saif al-Islam, fils du dirigeant libyen, a présenté un projet de nouvelle constitution pour son pays, soulignant que « des lignes rouges » sont à respecter.
(Photo : AFP)

Ce n’est surement pas par hasard que Saïf al-Islam a choisi de faire ses déclarations à Benghazi, la deuxième ville du pays après Tripoli, car il s’agit, fondamentalement, d’un bastion de l’opposition islamiste.

Il a ainsi déclaré que « le prochain défi de la Libye est de rédiger un ensemble de lois qui devront être entérinées par le peuple afin de devenir un contrat passé entre tous les Libyens ». Le fils du colonel Kadhafi a aussi souligné que la Libye doit se doter d’organismes indépendants, notamment une banque centrale et une haute cour de justice.

« Une société civile indépendante » 

Saïf al-Islam a également parlé de la nécessité de créer des médias indépendants « pour mettre en exergue la corruption, la fraude et la falsification », car selon lui, « la Libye doit avoir une société civile indépendante ». Il a ainsi souligné dans son discours la nécessité d’élargir le dialogue politique en dehors des « comités populaires », ces redoutables machines qui contrôlent le pays, institués après le coup militaire dirigé par Kadhafi, qui a renversé la monarchie en 1969.

Saïf al-Islam a aussi plaidé pour le renforcement du pouvoir du Premier ministre, pour qu’il puisse choisir ses ministres, actuellement désignés par les comités populaires. Le fils du Guide de la Jamahiriya a néanmoins tenu à fixer les « lignes rouges », notamment l’islam,  l’application de la charia, la sécurité et la stabilité du pays et l’unité territoriale.

Renforcer la lutte contre l’immigration clandestine

Ce discours va sans doute relancer la question de la succession à la tête de l’Etat, même s’il a garanti que « la Libye ne deviendra pas une dynastie ou une monarchie », en précisant : « nous voulons renforcer notre système et le rendre plus efficace ». Il a également parlé d’un plan de développement de 80 milliards de dollars et a affirmé la nécessité de renforcer la lutte contre l’immigration clandestine qu’il a qualifié de « deuxième forme de colonialisme ».

Les observateurs soulignent que Saïf al-Islam, 35 ans, est un homme d’influence qui s’est fait remarquer comme émissaire du régime de Tripoli, soucieux de normaliser les relations entre la Libye et l’Occident. Après avoir obtenu des diplômes à Vienne et à Londres, il a négocié les accords d’indemnisation financière des familles des victimes de l’attentat de Lockerbie, en 1988, et contre un DC-10 d’UTA en 1989. Ces deux attentats, attribués aux services secrets du colonel Kadhafi, avaient fait 270 et 170 morts, respectivement. En juillet 2007, Saïf al-Islam a également tenu un rôle de premier plan dans la libération des infirmières bulgares qui avaient été détenues pendant huit ans dans les prisons libyennes.