par Gérard Dreyfus
Article publié le 24/08/2007 Dernière mise à jour le 24/08/2007 à 18:19 TU
Pendant huit jours, la ville japonaise d’Osaka va vivre au rythme des onzièmes championnats du monde d’athlétisme.
La fête sera placée sous haute surveillance, après tous les scandales de dopage à répétition qui ont encore marqué ces derniers mois.
Premier sport olympique, à un an des Jeux de Pékin, l’athlétisme se doit d’être exemplaire. Il en a la volonté.
La fédération internationale a même, cette semaine, réclamé plus de sévérité pour les tricheurs. Elle procèdera à plus de 1000 contrôles pendant les neuf jours d’épreuves.
Un athlète averti en vaut deux. Ce n’est peut-être pas toujours le cas.
Nous sommes le samedi 24 septembre 1988 à Séoul, Corée du Sud.
L’index pointé vers le ciel, Ben Johnson jette un regard dédaigneux à ses adversaires Carl Lewis, Linford Christie et Calvin Smith.
Il vient de remporter le cent mètres des Jeux Olympiques, la course-phare, la course-référence, la course-symbole de tous les Jeux. Son temps, 9 '' 79 centièmes, constitue le nouveau record du monde.
Trois jours plus tard, le scandale éclate. Le Canadien, propulsé héros planétaire par tous les médias, est convaincu de dopage, déchu de son titre. Tous ses records sont effacés des tablettes.
C'est depuis ce 24 septembre 1988 que la suspicion est devenue la règle dans la quasi totalité des stades.
Dès qu’un athlète bat un record, sa performance est, dans l’instant même, mise en question.
Un an plus tard, c’est la chute du Mur de Berlin, avec sa somme incalculable d’incidences politiques mais sportives également.
Les portes les plus hermétiques des usines à champions d’Allemagne de l’Est, d’Union Soviétique et, plus largement, des pays d’au-delà du « rideau de fer » s’ouvrent, et révèlent, progressivement, à petites doses, l’ampleur de la triche organisée dans le seul but de propagande pour un régime politique.
Ce que l’on subodorait jusqu’alors sans avoir de preuves est avéré. Le dopage était bien une institution, à laquelle les sportifs de haut niveau étaient tenus de se soumettre. Ils n’avaient pas le choix.
Les champions étaient devenus, à l’insu de leur plein gré le plus souvent, des cobayes.
J’avais personnellement été très frappé aux Jeux de Montréal, en 1976, par la différence de gabarit qu’il y avait entre les nageuses et les gymnastes d’un même pays. Au même âge, les nageuses avaient la carrure d’haltérophiles, quand les gymnastes étaient des modèles réduits dont on avait volontairement arrêté la croissance.
Le dopage, les manipulations physiologiques sont depuis très longtemps la règle. En schématisant, on peut dire qu’ils ont toujours existé.
Toute cette semaine, on va donc suivre à Osaka, au Japon, les derniers championnats du monde d’athlétisme avant les Jeux de Pékin, en espérant qu’il n’y ait aucun contrôle positif.
Il faut le reconnaître : l’athlétisme, qui a été, avec le cyclisme, le sport le plus visiblement atteint par le mal, n’a pas hésité à sanctionner, quelquefois très sévèrement, les coupables, certains connus, voire très connus.
Cela a incontestablement fait de l’ombre à un sport qui est à la recherche de nouveaux cracks.
Toute cette semaine à Osaka, on va donc écouter, observer, apprécier, analyser les performances. Parce que le premier sport olympique se doit d’être une référence, la référence.