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Allemagne / Chine

Le franc-parler d’Angela Merkel à Pékin

par Stefanie Schüler

Article publié le 27/08/2007 Dernière mise à jour le 27/08/2007 à 18:04 TU

La chancelière allemande Angela Merkel avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao.(Photo : Reuters)

La chancelière allemande Angela Merkel avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao.
(Photo : Reuters)

La chancelière allemande l’avait annoncé : lors de sa tournée en Asie elle veut évoquer toutes les questions – y compris celles qui fâchent. Lors de la première journée de cette visite officielle, qui durera jusqu’au 31 août et l’amènera mercredi prochain au Japon, Angela Merkel a fait savoir à Pékin son désir d’intensifier les relations entre l'Allemagne et la Chine, non sans poser un certain nombre de conditions claires. Wen Jiabao, le Premier ministre chinois s’est félicité de la sincérité du dialogue sino-allemand.

Lors de ses premières rencontres officielles à Pékin, Angela Merkel n’a pas mâché ses mots. La chancelière allemande a rappelé à son homologue chinois, Wen Jiabao, avec lequel elle s’est entretenue pendant une heure ce lundi, la nécessité de « respecter les règles du jeu » international. Pour poursuivre sur la voie des relations fructueuses entre la Chine et l’Allemagne, « le respect mutuel et la protection de la propriété intellectuelle (seront) indispensables », a averti Angela Merkel.

Avant même d’entamer son deuxième voyage dans l’Empire du Milieu, la chef du gouvernement allemand avait laissé entendre samedi dernier qu’elle ne se gênerait pas d’aborder avec les dirigeants chinois les sujets qui fâchent. Les relations sino-allemandes seraient désormais « suffisamment solides pour pouvoir parler ouvertement des problèmes», avait-elle déclaré.

La stratégie du franc-parler

Pendant sa visite officielle en Chine, Angela Merkel aura plus d’une occasion pour mettre à l’épreuve sa stratégie du franc-parler. Qu’il s’agisse de l’espionnage industriel ou de l’affaire de logiciels espions chinois (surnommés « les chevaux de Troie ») découverts dans le réseau informatique du gouvernement à Berlin - la chancelière allemande n’évite aucun sujet difficile.

Cela vaut surtout pour les questions touchant aux droits de l’homme : « J'ai parlé des droits de l'homme avec les dirigeants chinois. J'ai spécialement insisté sur le fait qu'avec les prochains jeux Olympiques, le monde regarderait la Chine de près », a déclaré Mme Merkel après son entretien avec le président Hu Jintao. Mais la chancelière ne compte pas s’arrêter aux seuls dirigeants politiques, pour évoquer l’état dramatique des droits de l’homme en Chine. Elle doit également rencontrer des membres de la société civile, des écrivains et des journalistes chinois, pour parler notamment de la liberté d’expression.

Bien que cette démarche d’Angela Merkel constitue une véritable rupture avec celles de ses prédécesseurs Gerhard Schröder et Helmut Kohl (pour lesquels l’intérêt économique primait), les prises de positions de l’Allemande ne semblent pour l’instant pas choquer ses interlocuteurs chinois. « Vous aimez évoquer les choses d’une manière très directe », a confié ce lundi devant les journalistes le Premier ministre chinois Wen Jiabao à son invitée, avant de rajouter : « J’aime bien ce jeu ».      

Intensifier les échanges économiques

Angela Merkel n’est pas venue seule en Asie. Elle est accompagnée par une délégation forte de 25 patrons et de représentants de l'industrie allemande tels que les groupes ThyssenKrupp, MAN ou la compagnie aérienne Windrose Air. Et c’est justement cet entourage qui ne laisse aucun doute quant au deuxième objectif de la tournée asiatique de la chancelière : l’Allemagne, tout comme la Chine, souhaite intensifier les échanges économiques. La Chine est en effet le partenaire économique le plus important de l’Allemagne en Asie, tout comme l’Allemagne constitue le marché le plus important de la Chine en Europe.

Mais alors que l’année dernière les deux pays avaient signé des dizaines de contrats à l’occasion de la première visite d’Angela Merkel à Pékin, ce lundi seulement trois accords ont été conclus dont un signé par ThyssenKrupp Technologies AG pour un projet de fabrication de pièces de moteurs à Nankin dans l’est de la Chine.

La lutte d’Angela Merkel contre le réchauffement climatique

Les deux autres accords portent sur une coopération dans l'énergie et les technologies relatives à l'environnement. Le président de la fédération de l’industrie allemande, Jürgen Thumann, qui fait partie de la délégation d'Angela Merkel en Asie, avait proposé d’intégrer la Chine dans un « partenariat écologique ». Les technologies très avancées de l’Allemagne en matière de protection de l’environnement pourraient, selon lui, servir en Chine pour lutter contre la pollution dramatique de l’atmosphère provoquée par les centrales à charbon.

L’Empire du Milieu est devenu l’un des principaux responsables de la dégradation de l’environnement dans le monde. Pourtant, devant son homologue allemande, le Premier ministre chinois est resté prudent : La Chine voudrait réduire de 10 % les émissions de polluants jusqu’à 2010. Mais « il sera extrêmement difficile d'atteindre les objectifs », a admis Wen Jiabao, soulignant notamment le handicap que constitue l’immense population de son pays.

Japon

La chancelière Merkel s’envole mercredi 29 août au Japon où elle sera reçue par le chef du gouvernement, Shinzo Abe, ainsi que par l’empereur Akihito. Lors de cette première visite de la chef du gouvernement allemand au Japon, Angela Merkel doit faire un discours très attendu sur l’environnement dans la ville de Kyoto, qui a donné son nom au Protocole sur la réduction des gaz à effet de serre.