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Turquie

Abdullah Gül élu président

par  RFI

Article publié le 28/08/2007 Dernière mise à jour le 28/08/2007 à 14:56 TU

Abdullah Gül devient le onzième président de la République turque.(Photo : DR)

Abdullah Gül devient le onzième président de la République turque.
(Photo : DR)

Sans grande surprise, le ministre turc des Affaires étrangères, grand favori de l’élection, a été désigné à la tête du pays par le Parlement, au troisième tour de scrutin. Issu de la mouvance islamiste, ce qui fait grincer les dents de l’armée, il succède à Ahmet Necdet Sezer. Son rôle sera surtout protocolaire, mais Abdullah Gül ne sera pas, pour autant, dénué de pouvoirs.

En Turquie, chaque nouveau président endosse un costume symbolique car il devient le successeur d'Atatürk, le fondateur de la République, l'artisan de la Constitution de 1922.

A ce titre, le chef de l'Etat se doit d'être le garant des principes laïcs et républicains. 

Mais les adversaires d'Abdullah Gül doutent que cet engagement soit respecté car le voile porté par sa femme traduit, selon eux, son rejet de la laïcité.

L'opposition refuse que la première dame du pays apparaisse voilée lors des activités protocolaires liées à la fonction de son mari.  

Le rôle de celui-ci semble mineur car il relève essentiellement de la représentation.

Il désigne le chef d'état-major de l'armée 

Mais certains pouvoirs lui permettent quand même de peser sur la vie politique du pays.

Il nomme le Premier ministre, les juges de la Cour constitutionnelle, les recteurs d'université, les ambassadeurs et un quart des membres du Conseil d'Etat.

Commandant en chef de l'armée, il désigne également le chef d'état-major. 

Enfin, il peut dissoudre le Parlement et dispose d'un droit de veto sur les lois nouvellement votées.

Abdullah Gül : homme moderne ou islamiste déguisé ?

Pour les turcs libéraux, Abdullah Gül est le « Monsieur Europe » : c'est lui qui a lancé d'importantes réformes pour démocratiser le pays. Et c'est grâce à sa persévérance que les négociations avec l'Union Européenne ont pu être ouvertes en 2005.

Ce diplomate respecté et reconnu sur la scène internationale parle aussi bien l'anglais que l'arabe. Mais l'économiste de formation a du mal à se débarrasser de son passé islamiste qui lui colle à la peau.

Les défenseurs de la laïcité ne cessent de rappeler sa participation au premier gouvernement turc dirigé par les islamistes en 1995.

Pour eux, le bonhomme jovial à la moustache grise et au sourire charmeur n'est qu'un imposteur qui montrera son vrai visage une fois entré au palais présidentiel.

Ils l'accusent de brandir le drapeau de la laïcité pour mieux démanteler cette valeur fondamentale ensuite. 

Reste la popularité d'Abdullah Gül. Beaucoup de Turcs le surnomment « l'enfant de la République » : non seulement il est né un 29 octobre,  jour de la fête nationale, mais en plus, les Turcs voient en lui un homme moderne.

Issu d’un milieu modeste, cet homme pieux et père de trois enfants a réussi ce dont beaucoup de Turcs rêvent : une formidable ascension sociale.