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Attentat de Lockerbie

Le témoin suisse se rétracte

par  RFI

Article publié le 28/08/2007 Dernière mise à jour le 28/08/2007 à 17:14 TU

Les débris du Boeing 747 de la Panam. L'attentat a provoqué 270 morts le 21 décembre 1988.(Photo : AFP)

Les débris du Boeing 747 de la Panam. L'attentat a provoqué 270 morts le 21 décembre 1988.
(Photo : AFP)

Près de vingt ans après l'attentat de Lockerbie dans lequel la Libye a été reconnue responsable, voilà qui ressemble à un coup de théâtre : l'un des principaux témoins à charge affirme avoir menti. Il s'agit d'un ancien employé de la société suisse Mebo, spécialisée dans les équipements électroniques militaires. Cet homme, Ulrich Lumpert, ex-ingénieur de 65 ans, avait affirmé à l'époque que le retardateur de mise à feu retrouvé dans l'épave de l'avion de la Panam provenait d'un lot vendu au gouvernement de Tripoli. Maintenant, il donne une toute autre version. Il affirme avoir volé le retardateur en question dans les entrepôts de son entreprise, et l'avoir remis aux enquêteurs écossais qui auraient fabriqué eux-mêmes une fausse pièce à conviction. Une version qui tendrait à disculper le gouvernement libyen et qui est confirmée par l'un des fondateurs de cette entreprise helvétique.

L’explosion du Boeing 747 de la compagnie américaine Panam au-dessus de Lockerbie, le 21 décembre 1988, avait provoqué la mort de 259 passagers et 11 habitants du village écossais. Après 12 000 interrogatoires menés dans 54 pays par les enquêteurs britanniques et américains, aidés par Interpol, deux agents secrets libyens ont été mis en accusation, notamment Abdel Basset-Ali al-Megrahi qui aurait fait enregistrer à Malte la valise bourrée d’explosifs. Selon certains analystes, le retardateur est le seul élément qui permet d'établir un lien entre Tripoli et l'attentat de Lockerbie. D’autres pistes menaient à un groupuscule palestinien prosyrien et à l’Iran.

Il faut noter que la Libye n'a jamais reconnu sa culpabilité, même si elle a finalement accepté de payer 2,7 milliards de dollars aux familles des victimes en échange de la levée de sanctions économiques contre le pays en 2003.  L'unique coupable, à ce jour, le Libyen Abdek Basset Ali al-Megrahi a lui aussi toujours clamé son innocence. En janvier 2001, il a été condamné à la prison à vie par la justice écossaise. Mais les aveux d'Ulrich Lumpert pourraient changer la donne. En juin, une commission indépendante a accordé au coupable le droit de faire appel pour la deuxième fois. Son procès doit reprendre dans quelques mois. La commission a estimé que l'ancien agent secret libyen aurait pu être victime d'une erreur judiciaire. Les aveux d'Ulrich Lumpert pourraient ajouter un élément à sa décharge.

Edwin Bollier, l'un des fondateurs de l'entreprise suisse Mebo, accusée   d'avoir vendu le retardateur qui aurait servi dans l'attentat de Lockerbie, s’est déclaré satisfait des aveux de son ancien employé Ulrich Lumpert.

Edwin Bollier

Co-fondateur de l'entreprise Mebo

«Je pense qu'on a essayé de modifier la pièce à conviction intentionnellement. Je pensais que cette pièce devait servir à accuser la Libye. On voulait la rendre coupable pour des raisons politiques.»

Le journaliste français, Pierre Péan, auteur de plusieurs ouvrages sur le terrorisme, ne trouve pas étonnantes les révélations en provenance de Suisse. 

Pierre Péan

Journaliste français

«Cette révélation ne fait que confirmer l'évidence : l'attentat de Lockerbie n'a pas été commandité par Kadhafi mais par d'autres.»