Revue de presse Asie du 29/08/2007

Les journaux sud-coréens mitigés sur la libération des otages

Aussi surprenant que cela puisse paraître, c'est sans grand enthousiasme que les journaux sud coréens ont accueilli l’annonce de la prochaine libération des otages. Ils venaient d’apprendre la nouvelle au moment de mettre sous presse, ce qui laisse supposer qu'ils ont voulu rester prudents.
Le Chosun Ilbo rapporte tout de même la joie des familles, avec une photo de deux femmes proches d'un otage, qui affichent un sourire radieux. Pourtant, quelques minutes plus tôt, c'est dans une ambiance de grande nervosité que les familles attendaient les résultats des négociations. Elles ont explosé de joie, raconte le Chosun Ilbo, qui décrit un soulagement général. A l'instar du mari de l'une des otages qui souffle enfin: « Je n'osais pas dire à mes enfants que leur mère avait été enlevée, dit-il. J'ai fini par craquer. Et je suis sincèrement reconnaissant de pouvoir leur dire que leur maman va bien ». Les familles ont naturellement rendu hommage aux deux otages tués par les talibans. Mais la mort de ces otages est plus difficile encore à supporter à présent que les autres évangélistes vont être libérés, écrit l'éditorialiste du Chosun Ilbo. Le journal remercie Kaboul pour sa coopération sans limite. Mais « il faut tirer les leçons de la crise », écrit-il. « Pour la première fois, nous avons dû négocier avec des terroristes (…), il faudra retenir que même si nos intentions sont les meilleures du monde, on ne peut pas négliger les risques encourus dans un autre pays. » Le Korea Herald, quant à lui, est beaucoup plus sceptique au sujet de cette libération. « La bonne nouvelle mise à part, des questions se posent », commence abruptement le Korea Herald. Officiellement, rappelle le journal, les Talibans ont accepté de libérer les otages contre un retrait rapide des soldats sud-coréens d'Afghanistan, et la fin des missions évangélistes dans le pays. Mais c'est ce que la Corée du Sud proposait depuis le début des négociations, s'étonne le Korea Herald. Le journal cherche ce qui aurait pu faire céder les Talibans. Une rançon ? C'est probable. Les Allemands et les Italiens ont dû payer entre 2 et 5 millions de dollars pour libérer leurs otages. En retenant pendant 41 jours une vingtaine d'otages sud coréens, les Talibans ont eu ce qu'ils voulaient, écrit en somme un analyste cité dans le journal. Le Korea Herald poursuit : « les talibans ont complètement effacé le gouvernement afghan du champ médiatique ». Et le journal conclut que tout cela apprendra aux Sud-Coréens à mieux écouter les avertissements des autorités quand ils voyagent.

Aux Philippines, le scandale « Hello Garci » ressurgit

C'est une affaire qui hante Gloria Arroyo depuis son arrivée au pouvoir. Une affaire qui a fait de la présidente le « Richard Nixon des Philippines », écrit The Inquierer, dans une allusion au scandale du Watergate aux Etats-Unis. Aux Philippines, on appelle ce scandale « Hello Garci », « Salut Garci », en français. « Garci », est le diminutif de Virgilio Garcillano, le chef de la commission électorale du pays. Tout a commencé lorsqu'une cassette a été rendue publique : on y entend une voix qui ressemble à celle de Gloria Arroyo, appeler sans doute le chef de la commission électorale en commençant par ce fameux : « Hello Garci ! ».

Le scandale, c'est que cet appel a été passé avant que les bulletins électoraux aient été dépouillés, le jour de l'élection présidentielle de 2004. Aujourd'hui, c'est en quelque sorte un deuxième épisode de « Hello Garci » qui se joue. Une autre cassette a été rendue publique, sur laquelle on entend la voix supposée de la présidente demandant un million de votes d'avance sur son premier adversaire. Des sénateurs demandent donc qu'une enquête soit ouverte. The Inquierer soutient la démarche des sénateurs. Dans son éditorial, il rappelle les menaces qui ont pesé sur la presse pour qu'elle ne diffuse pas les enregistrements. Il rappelle encore que la présidente est parvenue à échapper à une commission de vérité et à une procédure « d'impeachement ». The Daily tribune, lui, explique que le processus sera long si les sénateurs veulent aller jusqu'au bout. Mais le journal cite des sénateurs optimistes et déterminés : pour eux, la première audience pourrait commencer dès la semaine prochaine.

En Chine, la presse salue l'arrivée d'une cyber-police virtuelle

Ils se promèneront à pied, en moto ou en voiture sur les écrans des internautes chinois. Ce couple version dessin animé va combattre les « activités illégales sur internet ». Toutes les demi-heures, une icône s'affichera sur les écrans des ordinateurs connectés dans toute la ville de Pékin, pour rappeler aux utilisateurs qu'ils sont surveillés. Selon le China Daily, les cibles sont aussi bien la pornographie que les jeux d'argent ou, plus généralement, toute « source de perturbation de l'ordre social ». Avec ces nouveaux policiers virtuels sur Internet, il est même possible de dénoncer ses voisins, explique l'agence de presse Xinhua. Un simple « clic » sur l'icône des policiers permet de se connecter au site de la police « réelle » de l'Internet, qui existe depuis plusieurs années déjà.

Les journaux chinois sont ravis de la visite d'Angela Merkel

La chancelière allemande achevait hier une visite de deux jours en Chine. Une visite saluée par le China Daily, et par le Quotidien du peuple. Les deux journaux remarquent l'engagement d'Angela Merkel pour l'environnement en Chine, notamment. Mais pas un mot, un seul, dans la presse, sur les propos d'Angela Merkel sur l'importance des droits de l'Homme, ou sur ses multiples rencontres avec des journalistes, ou rédacteurs en chef visés par la censure.

par Julie  Lerat

[29/08/2007]