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Entreprises

GDF-Suez : une fusion toujours incertaine

par Myriam Berber

Article publié le 29/08/2007 Dernière mise à jour le 29/08/2007 à 17:09 TU

Le projet de fusion entre Gaz de France et Suez «n’est pas mort». C’est ce que le PDG de GDF, Jean-François Cirelli a affirmé, mercredi 29 août, lors de la présentation des résultats semestriels de son groupe. Reste à savoir quelle sera la position du gouvernement français sur ce dossier particulièrement sensible en cette rentrée.

 

Un an et demi après l’annonce de la  fusion entre Gaz de France, détenu à 80% par l’Etat, et le groupe énergétique franco-belge privé Suez, celle-ci est toujours incertaine. Le patron de GDF, Jean François Cirelli a appelé, mercredi, Suez à faire les «pas nécessaires » pour que le projet « puisse être présenté aux deux conseils d'administration respectifs dans les meilleurs délais ».

Selon le quotidien économique britannique Financial Times, le patron de Suez Gérard Mestrallet, aurait adressé une lettre au président Nicolas Sarkozy pour lui demander de se prononcer sur la fusion d’ici la fin de la semaine. Dans un communiqué, la direction de Suez a réfuté avoir lancé un « quelconque ultimatum » mais a confirmé des «échanges réguliers avec le chef de l'Etat ».

Débloquer la fusion d’ici la fin septembre

Le temps des orientations définitives est venu. En effet, l’autorisation pour ce rapprochement accordée l’an passé par la Commission européenne expire à la fin septembre 2007, sinon il faudra obtenir une prolongation de l’autorisation. Le porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, a d’ailleurs confirmé, mercredi, lors du compte-rendu du conseil des ministres que «la date sur laquelle il fallait qu’on soit clair, c’est la fin du mois de septembre ».

Le mécano de cette fusion a d’ores et déjà été arrêté par les deux PDG il y a plusieurs semaines. Le principal obstacle au rapprochement, qui implique aussi la privatisation de Gaz de France, concerne la parité entre les deux entreprises. A l’origine, il était prévu que la fusion se fasse sur la base d’une action Suez contre une action GDF et que les actionnaires de Suez bénéficient du versement d’un dividende d’un euro. Mais, au fil des mois, les cours des deux groupes ont changé, faisant apparaitre une différence aux alentours de 4 à 5 euros par action. Suez affiche actuellement une capitalisation boursière d’environ 50 milliards contre 33 milliards pour GDF.  

Faire grossir GDF ou faire maigrir Suez

Selon le Financial Times, le PDG de Suez Gérard Mestrallet a proposé un scénario qui consisterait à faire grossir GDF pour rétablir l’équilibre. Les parts détenues par l’Etat dans le capital de Suez via Areva, la Caisse des dépôts et CNP Assurances seraient transférées au groupe gazier. Mais pour rétablir la parité avec GDF, une autre solution est envisageable pour le gouvernement français : faire maigrir Suez. Cela permettrait surtout d’éviter qu'un dividende exceptionnel soit versé aux actionnaires privés de Suez, une option susceptible d'être mal comprise par les contribuables.

Dans cette deuxième hypothèse, le groupe Suez devrait alors céder tout ou partie de son pôle Environnement, valorisé entre 15 et 20 milliards d’euros. Les acheteurs ne manquent pas, Veolia Environnement a déjà exprimé son intérêt pour les activités internationales du pôle. L’homme d’affaires François Pinault a, par ailleurs, été cité comme candidat pour la branche Environnement France, un secteur à forte rentabilité. Un scénario difficile à mettre en œuvre, le patron de Suez n’entend pas se défaire du pôle Environnement. Si la fusion tournait court, à Suez comme chez GDF, on a déjà envisagé des solutions de remplacement. Chacun chercherait de son côté des des nouveaux partenaires pour son développement.

Dans ce brouhaha de rumeurs et d’hypothèses, une seule certitude : les syndicats demeurent résolument hostiles à cette fusion. Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault a fait savoir qu’«il ne voulait pas être mis devant le fait accompli sur des décisions structurantes concernant l'avenir de GDF-Suez ». Jean-Claude Mailly de Force Ouvrière a réaffirmé son opposition au projet, estimant qu’ « il y avait d'autre choix possibles pour GDF » tout en précisant que son organisation souhaitait l'entreprise «reste dans le giron public ». Nul doute, Nicolas Sarkozy devra en tenir compte dans sa décision.