Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France

Messmer, légionnaire et baron gaulliste

par  RFI

Article publié le 30/08/2007 Dernière mise à jour le 30/08/2007 à 11:30 TU

La classe politique a rendu hommage à l'ancien Premier ministre Pierre Messmer, décédé mercredi à 91 ans à Paris, saluant « un héros de la France » et un compagnon du général de Gaulle. Le président Nicolas Sarkozy a fait l'éloge d'un «homme de devoir, homme de conviction», qui aura «incarné la fidélité sans faille au général de Gaulle».

Pierre Messmer(Photo : Reuters)
Pierre Messmer
(Photo : Reuters)

En apprenant sa mort, hier, ses amis gaullistes, ceux qui lui survivent et ils sont peu nombreux, ont posément expliqué que le mausolée du général avait perdu son gardien. Pierre Messmer était en effet une figure de la France libre, ce n'était un secret pour personne, du moins pas pour ceux qui s'intéressent à la Seconde Guerre mondiale et à l'histoire politique qui a suivi. Un homme qui pourtant affichait une sorte de souverain mépris pour ce qu'il appelait les « cuisines partisanes », disant même de la politique « ce n'est pas mon métier et j'en suis fier... »

Pourtant, Pierre Messmer sera non seulement un soldat remarquable, un légionnaire au regard bleu horizon qui savait vous transpercer et que Nicolas Sarkozy a qualifié de « magnifique combattant », hier en apprenant son décès, mais il était aussi un de ces barons du régime gaulliste, ministre des Armées pendant 9 années de 1960 à 1969, ce qui constitue un record. Seul Louvois sous Louis XIV avait tenu aussi longtemps.

Et le général lui-même disait de lui qu'il était, avec Couve de Murville, « un de ses deux bras », c'est dire si la place politique qu'il occupait à l'époque était importante et s'il était au cœur de tous les secrets du régime...

Surnommé l'Africain

Après le départ du général de Gaulle, Pierre Messmer contribuera à la chute de Jacques Chaban-Delmas et de sa « Nouvelle société » et il deviendra même Premier ministre de Georges Pompidou avant de refuser la proposition de ses amis qui le pressait de se présenter à l'élection présidentielle après la mort de ce dernier.

Valéry Giscard d'Estaing l'emportera alors sur François Mitterrand et Pierre Messmer ne redeviendra plus jamais ministre se contentant d'entretenir la mémoire du général de Gaulle en fidèle, comme seuls savent l'être les légionnaires.

L'Afrique, découverte pendant la guerre, a joué un rôle particulièrement important dans la première partie de la vie de Pierre Messmer. Dakar, le Gabon, l'Erythrée, la Syrie, la Tunisie et la Libye. Il sera de tous les combats de la France libre sur ce continent et s'illustrera particulièrement à Bir Hakeim et El Alamein.

Ensuite, il deviendra gouverneur et même Haut-commissaire général en Afrique Occidentale Française ce qui lui vaudra le surnom de l'Africain et des amitiés qui ne se démentiront jamais, même s'il y a quelques années il avait été mis en cause par les fils de Harkis qui reprochaient aux gaullistes d'avoir abandonné leurs pères aux bourreaux du FLN. Il faut rappeler qu'en 1962, Pierre Messmer était ministre des Armées et qu'il appliquait surtout les mesures très difficiles décidées par d'autres en bon soldat qu'il voulait être.