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Entreprises

Nokia en quête d’une nouvelle stratégie

par Myriam Berber

Article publié le 30/08/2007 Dernière mise à jour le 30/08/2007 à 17:14 TU

Devant l’ampleur du succès remporté par Apple, le numéro un mondial du téléphone mobile Nokia emboîte le pas à l’iPhone, pour occuper le créneau de la musique numérique. Parallèlement, le constructeur lance une kyrielle de services en ligne : une plate-forme musicale, des services de géolocalisation et de jeux sous la houlette d’une nouvelle marque, « Ovi. » L’objectif pour la firme est de conquérir le marché des téléphones-baladeurs où la concurrence est forte.

Les fabricants de téléphone sont condamnés à innover. Confrontés à une croissance ralentie, ils sont allés piocher sur internet les services les plus populaires comme la musique en ligne. Plus de 250 millions de téléphones-baladeurs ont été vendus dans le monde l’an dernier, représentant 25% de l’ensemble des mobiles écoulés. Nokia, le leader mondial de la téléphonie mobile, veut aussi marquer de son empreinte le domaine de la musique numérique. Devant un parterre de journalistes réunis à Londres, Olli-Pekka Kallasvuo, le patron de Nokia a dévoilé, mercredi 29 août, la nouvelle stratégie de son entreprise. Désormais, le géant finlandais ne se voit plus uniquement comme fabricant, mais comme un fournisseur de services en ligne.

 Olli-Pekka Kallasvuo(Photo : Reuters)
Olli-Pekka Kallasvuo
(Photo : Reuters)

Pilier de l’offensive de Nokia : la vente de musique sur internet. Le groupe a présenté son nouveau service de distribution de musique en ligne. Baptisé le «Nokia Music Store», il propose à l’heure actuelle près de 2 000 titres, téléchargeables aussi bien d’un ordinateur ou d’un téléphone Nokia dernière génération, grâce au système exclusif de DRM (gestion numérique des droits) de Microsoft. Le titre sera vendu au prix d’un euro pour le titre et 10 euros l’album, des tarifs similaires à ceux du l’iTunes Music Store d’Apple. Cette plate-forme musicale était attendue depuis que l’entreprise finlandaise a acquis, en 2006, l’américain Loudeye qui propose près de deux millions de morceaux de musique. Nokia a également annoncé le lancement d’une plate-forme de téléchargement de jeux vidéo baptisé «N-Gage ». D’où de nombreux partenariats avec des éditeurs comme les français Gameloft et Vivendi Games ainsi que l’américain Electronic Arts.

Le N95, le rival de l’iPhone

Pour exploiter tous ces services en ligne, le géant lance quatre nouveaux terminaux dédiés à la musique et au divertissement parmi lesquels le N81 doté d’une douzaine d’heures d’autonomie musicale. Mais le véritable téléphone jukebox sera le N95, un modèle multimédia à écran tactile, considéré par les spécialistes comme un rival de l’iPhone d’Apple. Ce combiné dont la commercialisation est attendue en 2008, offre tout à la fois la voix, la musique, l’appareil photo, l’accès à internet, une balise GPS, la cartographie et des jeux en ligne.

Ces nouveaux services de Nokia sont certes un pari risqué pour le géant finlandais, mais qu’il lui faut prendre, car le plus grand risque serait de rester absent du marché du média mobile où Apple installe sa puissance. Après le fameux baladeur iPod (70 millions écoulés en cinq ans), la firme de Steve Jobs annonce un million d’exemplaires vendus de son iPhone lancé en juin dernier aux Etats-Unis et qui devrait être lancé à la fin 2007 en Europe. Et c’est loin d’être fini. Selon certaines rumeurs relayées par la presse américaine, Apple envisage même de devenir MVNO (opérateur virtuel) aux Etats-Unis.

La téléphonie mobile est l’un des marchés les plus dynamiques au monde. Un chiffre record : 2,8 milliards de personnes dans le monde ont un mobile. Mais des différences géographiques persistent. L’Europe et l’Amérique du Nord, deux marchés matures, affichent peu de croissance. Les abonnés continuent d’acheter, mais essentiellement des combinés de remplacement. La région Asie-Pacifique se positionne en leader. Si l’on en croit les spécialistes de l’Idate (Institut des télécoms en Europe), le prochain milliard de téléphones vendus le sera en Chine et en Inde. Si internet et mobile arrivent à s’entendre, les perspectives seront impressionnantes sur ces marchés émergents, où l’équipement en ordinateurs n’est pas généralisé. La prochaine génération de téléphones avec disque dur risque donc de voler la vedette aux baladeurs numériques.