par Stefanie Schüler
Article publié le 04/09/2007 Dernière mise à jour le 04/09/2007 à 17:28 TU
Les députés irakiens ont effectué ce mardi leur rentrée. A l’agenda politique des prochaines semaines : deux lois pour promouvoir la réconciliation nationale, jugées cruciales par l’administration américaine et le gouvernement irakien. Mais les parlementaires n’ont visiblement pas été du même avis. Lors de leur première session, ils se sont même gardés d’évoquer les projets de lois en question.
Ce n’est pas le cœur léger que les 275 députés irakiens ont regagné, ce mardi, leurs sièges au Parlement à Bagdad après de longues vacances estivales. Ils sont en effet attendus sur des dossiers difficiles, dont un est depuis des semaines au cœur de la polémique sur la question irakienne : la réconciliation nationale. Celle-ci passera – au moins du point de vue américain - par deux projets de loi jugés hautement sensibles : la réintégration d’anciens fonctionnaires du régime de Saddam Hussein et l’avenir du pétrole irakien.
Une loi sur le pétrole
L’Irak abrite les troisièmes réserves de brut du monde, mais ses ressources sont aujourd’hui à peine exploitées. Le projet de loi que doivent examiner les députés vise à organiser la répartition des revenus du pétrole entre les différentes régions du pays. Le texte prévoit également une large participation du secteur privé et des entreprises étrangères dans une industrie nationalisée en 1972.
Le texte a déjà été approuvé par le gouvernement al-Maliki au mois de juillet, mais les parlementaires ne se sont pas encore penchés sur la question. Après une phase de concertations et de réflexions au sein des différentes factions parlementaires, il est très peu probable qu’un accord soit rapidement trouvé. « La loi sur le pétrole est importante mais son approbation va prendre beaucoup de temps vu les différences d’opinion », prédit Omar Abdoul Sattar Mahmoud, membre de l’alliance sunnite le Front de la Concorde.
Le retour des anciens baassistes
Autre pomme de discorde entre chiites et sunnites : la réhabilitation d’anciens membres du Baas, le parti unique sous Saddam Hussein. Après l’invasion de l’Irak en mars 2003, l’administrateur des Etats-Unis, Paul Bremer, avait ordonné la « débaassification » de l’ensemble de l’administration irakienne et la dissolution de l’armée. Des centaines de milliers d’Irakiens se sont trouvés sans emploi, dont un certain nombre avait ensuite rejoint l’insurrection.
Aujourd’hui, les députés sunnites au Parlement irakien s’engagent fortement en faveur de la réintégration de ces anciens fonctionnaires qui – selon la conception sunnite – n’ont commis aucun crime mais ont été contraints d’être affiliés au Baas pour être embauchés sous le régime de l’ancien raïs. Les députés chiites, en revanche, envisagent le possible retour des baassistes avec beaucoup de méfiance. Communauté majoritaire en Irak, les chiites rendent ces anciens membres du parti unique responsables de leur persécution sous Saddam Hussein.
Si la question de la réhabilitation des ex-baassistes se fait aussi pressante dans le calendrier des députés irakiens, c’est parce que leur pays manque cruellement de fonctionnaires compétents et de services de sécurité professionnels. « Il n’y a personne pour gérer les affaires publiques au quotidien, ce sont les baassistes qui connaissaient les rouages de l’Etat et le gouvernement actuel n’a pas le personnel compétent », a reconnu le député kurde, Mahoud Othman devant l’AFP.
Survie politique
La réussite de la réconciliation nationale en Irak est devenue l’enjeu majeur aussi bien pour le président américain que pour le Premier ministre irakien.
C’était aussi le message que George W. Bush a passé à Nouri al-Maliki ce lundi, lors de la visite surprise du chef de l’Etat américain sur une base militaire dans la province irakienne d’al Anbar : « Vous avez un dur travail à faire et vous savez que nous le comprenons ».
Le président Bush se trouve en effet devant une échéance cruciale : la semaine prochaine, le commandant des forces américaines en Irak, le général David Petraeus, et l’ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, Ryan Crocker, vont présenter devant le Congrès à Washington leur rapport très attendu sur la situation en Irak. L’administration Bush devra ensuite convaincre les parlementaires de continuer à financer la guerre.
Pour Nouri al-Maliki, la réussite de la réconciliation nationale irakienne est devenue la clé de sa survie politique. Aussi critiqué à Bagdad qu’à Washington, le Premier ministre irakien a voulu voir dans la visite éclair du président américain un signe de soutien.
Mais les parlementaires irakiens ne semblent pas soucieux de fournir un appui politique à leur chef du gouvernement. Lors de leur première session, ce mardi, ils n’ont même pas évoqué les deux lois, jugées pourtant cruciales par M. Maliki et George W. Bush.