par Stefanie Schüler
Article publié le 11/09/2007 Dernière mise à jour le 11/09/2007 à 18:26 TU
Les premières conclusions du général Petraeus et de l’ambassadeur Crocker n’ont pas fourni à l’opposition l’élan espéré pour s’imposer significativement dans le débat sur la future stratégie américaine en Irak. A la veille d’une échéance cruciale sur le financement de la guerre en 2008, qui se déroulera fin septembre au Congrès, les démocrates sont à la recherche de nouveaux alliés.
Le commandant des forces alliées en Irak, David Petraeus, n’avait pas encore commencé, lundi, sa première audition devant les commissions réunies des Forces armées et des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, que les démocrates ont dû se rendre à une douloureuse évidence : la stratégie de l’administration Bush qui consiste à envoyer des troupes supplémentaires en Irak a produit exactement l’effet souhaité par George W. Bush. Ce renfort militaire « n’a pas permis de gagner la guerre. Il n’a pas permis non plus la réconciliation nationale en Irak », comme le constate le quotidien The Washington Post, « mais il a fait gagner du temps supplémentaire à Washington, rapproché ainsi M. Bush de son objectif principal : garder un nombre élevé de troupes en Irak au-delà de l’élection présidentielle de 2008 ».
« Le prochain président va devoir se débrouiller »
Les premières conclusions du général Petraeus et de l’ambassadeur américain en Irak, Ryan Crocker, n’ont pas permis au camp démocrate le sursaut anti-guerre tant attendu et espéré. Depuis des mois, l’opposition se bat pour un calendrier précis du retrait des troupes. Mais la proposition faite lundi par le commandant en chef en Irak, de rapatrier d’ici l’été 2008 les 30 000 soldats américains envoyés en renfort au printemps dernier, n’est qu’en apparence une concession aux partisans d’un retrait massif. L’idée du général Petraeus semble, au contraire, renforcer la position de l’administration Bush qui fonde sa stratégie sur une présence continuelle des forces armées américaines en Irak. Tout au long de la première audition du général devant les commissions du Congrès, pas une seule question n’a par ailleurs été posée sur l’interrogation principale des Américains : combien de temps faudra-t-il encore attendre avant le retrait définitif de la dernière troupe en Irak ? « Il semble bien que M. Bush va quitter la Maison Blanche avec 100 000 soldats ou plus en Irak. Ça sera au prochain président de se débrouiller avec ce gâchis » a expliqué un parlementaire démocrate sous couvert de l’anonymat.
« L’élan pour changer la politique américaine en Irak a diminué »
Les démocrates américains espéraient fermement que le camp anti-guerre se renforce encore durant les mois d’été, aussi bien au sein de l’opinion publique que dans les rangs des républicains, dont certains s’étaient ouvertement attaqués à la stratégie du président Bush. Mais, affirment aujourd’hui en privé certains membres de l’opposition démocrates déçus, les choses ne se sont finalement pas passées comme prévues. « En juin et juillet il y avait une sorte d’élan pour changer la politique. Mais cette tendance a nettement diminué » avoue un représentant démocrate au Washington Post sans vouloir donner son nom. « J’étais persuadé que le mois de septembre serait le mois du changement. Maintenant cela semble moins être le cas ».
Ce qui met les adversaires de l’administration Bush dans une situation délicate. En effet, si les démocrates veulent continuer de peser jusqu’à l'élection présidentielle de l’automne 2008 dans le débat sur la guerre en Irak, ils doivent impérativement remporter une victoire au Congrès.
Prochaine bataille sur le financement de la guerre pour la fin septembre
La prochaine bataille pointe déjà son nez : le 30 septembre marquera la fin de l'année fiscale aux Etats-Unis. Le Sénat doit d'ici là se prononcer sur la demande de la Maison Blanche d’un financement supplémentaire de 167 milliards de dollars pour la guerre en Irak et en Afghanistan. A cela pourrait s'ajouter 50 milliards de dollars pour poursuivre la stratégie engagée en Irak depuis six mois. Faute d'obtenir une contrepartie, les démocrates ont déjà annoncé vouloir s’opposer à ce nouveau plan de financement pour la guerre en Irak en 2008. Cependant, ils ne disposent pas d’une majorité assez large pour passer outre la volonté du président Bush qui peut imposer son texte en se servant de son droit de véto. Les démocrates ont donc besoin du soutien d’au moins quelques uns des parlementaires républicains.
Mais alors que ces derniers mois des divergences semblaient se dessiner au sein de la famille politique de George W. Bush, les voix républicaines qui s’étaient accordées avec le chœur démocrate pour un retrait rapide des « boys » du bourbier irakien, se sont tues. Le rapport du général Petraeus a en effet réussi à calmer la rébellion contre la stratégie irakienne qui avait fait rage durant le printemps au sein du camp républicain.
Les démocrates à la recherche de nouveaux alliés
Ainsi privés de leur soutien espéré, les démocrates doivent chercher à toute vitesse de nouveaux alliés. Lors de l’ouverture de la première audition de David Petraeus et de Ryan Crocker, ce lundi, le représentant démocrate du Missouri, Ike Skelton, président de la commission des Forces armées s’est donc lancé dans un appel à l’aide à peine masqué. Selon lui, la vraie question serait maintenant de savoir si « la guerre en Irak vaut le risque de détruire notre armée et d’être par conséquent incapable de gérer d’autres dangers qui pourraient menacer notre nation ». Avec cette mise en garde, le démocrate Skelton s’est tourné vers le Pentagone où les démocrates savent qu’un certain nombre de généraux partagent cette inquiétude concernant l’impact d’un prolongement de la mission militaire en Irak, sur la disponibilité des forces armées américaines.
Faute de pouvoir mettre un terme à la guerre avec l’aide de quelques républicains mécontents de la politique Bush, les démocrates espèrent trouver un nouveau soutien à leur cause dans le camp des militaires.
«Georges Bush s'exprimera donc jeudi soir... Les médias estiment qu'il va suivre le rapport du général Petraeus... Les lignes de fracture sont profondes. La présidente démocrate de la chambre des représentants Nancy Pelosi estime qu’au vu du rapport Petraeus, les troupes américaines sont encore en Irak pour 10 ans… Plus de 60% des Américains pensent désormais que la guerre était une erreur. »