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Afrique du sud

Steve Biko reste une idole, 30 ans après sa mort

par Valérie Hirsch

Article publié le 11/09/2007 Dernière mise à jour le 11/09/2007 à 21:18 TU

Trentième anniversaire de la mort de l'activiste anti-apartheid Steve Biko, assassiné le 12 septembre 1977.(Crédit : AFP)

Trentième anniversaire de la mort de l'activiste anti-apartheid Steve Biko, assassiné le 12 septembre 1977.
(Crédit : AFP)

L’Afrique du Sud célèbre ce mercredi la mémoire de Steve Biko, le leader du Mouvement de la Conscience noire, tué par la police, il y a trente ans. Le président Thabo Mbeki prononcera un discours à l’université du Cap, tandis que son parti, l’Azapo (Azanian People's Organisation), organisera un service de commémoration, suivi d’une marche à Johannesburg.

De notre correspondante à Johannesbourg

Steve Biko avait créé en 1969 le premier syndicat étudiant exclusivement noir. Sa philosophie de la « Conscience noire », plus radicale que celle de l’ANC (il prônait que les Noirs retrouvent d’abord leur fierté et se libèrent eux-mêmes, en rejetant toute aide des Blancs), a débouché sur le soulèvement des lycéens de Soweto, en juin 1976.

Arrêté par la police du régime d’apartheid le 18 août 1977, Steve Biko, alors âgé de 30 ans, avait été retrouvé sans vie dans sa cellule le 12 septembre. Le pouvoir a d’abord soutenu qu'il n'avait pas résisté à une grève de la faim, mais la journaliste Helen Zille (actuelle chef du principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique) avait réussi à prouver qu’il avait succombé suite aux tortures infligées par la police. Le ministre de la Justice de l'époque, Jimmy Kruger, avait réagi en déclarant que la mort de Biko le laissait « froid ». Indignée, la communauté internationale avait adopté pour la première fois des sanctions contre le régime d'apartheid.

Trente ans après, Biko reste une figure très populaire dans le panthéon des leaders de la lutte anti-apartheid. « Il est un puissant symbole d'espoir », selon son fils, Nkosinathi Biko, 36 ans, qui préside la Fondation Steve Biko. « Il nous a aidés à comprendre et à construire notre identité, et il continue à influencer les jeunes ». Cette présence se marque notamment sur les T-shirts, les affiches et dans le tube du rappeur haïtien-américain Wyclef Jean, Diallo, qui trace un parallèle entre le meurtre de Biko et celui d’un jeune immigrant africain à New York, tué par la police en 1999. Le leader assassiné a inspiré pas moins d’une vingtaine de chansons, dont le célèbre Biko de Peter Gabriel (http://www.dailymotion.com/video/xwqxp_biko_music) , en 1980, et plusieurs  films, dont Cry Freedom, en 1987.

En Afrique du sud, le message de Biko, qui voulait « communiquer à la communauté noire une nouvelle fierté », reste d’actualité dans une société toujours très marquée par le préjudice racial. A cause du chômage et de la pauvreté, « les Noirs courent toujours le risque d'être spectateurs d'un jeu auquel ils devraient participer », estime le fils de Biko. Pour les jeunes Noirs « branchés» de Johannesburg, peu politisés, Biko est une icône au même titre que Mandela, dont l’image est recyclée dans une nouvelle culture urbaine, qui mélange allègrement les héros du passé avec les marques de vêtements et autres symboles de la consommation.

Si Biko reste un symbole fort, « ses idées n'ont plus d'influence dans l'élaboration de la politique », relativise Kopano Ratele, professeur à l'Université d'Afrique du Sud (Unisa). Les partis dont il était proche, l’Azapo et le PAC, n’ont plus aucune influence au Parlement. Les idées de Biko ont néanmoins marqué beaucoup de Sud-Africains, aujourd’hui aux commandes du pays : le projet de « Renaissance africaine », cher au président Mbeki, semble directement s’inspirer du philosophe de la Conscience noire, qui estimait que les Noirs devaient déterminer eux-mêmes leur propre destinée, sans le concours des Blancs.

Nicolas Champeaux, correspondant de RFI

Reportage au musée de l'apartheid, à Johannesburg

«Les jeunes lycéens noirs qui visitent le musée connaissent Steve Biko, qui figure en bonne place dans la section consacrée au « Black consciousness movement »… Son portrait figure aussi dans la section consacrée aux exécutions politiques...»