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Social

La stratégie de Nicolas Sarkozy

par Myriam Berber

Article publié le 18/09/2007 Dernière mise à jour le 18/09/2007 à 17:10 TU

Devant l’association des journalistes de l’information sociale (Ajis) réunie au Sénat, Nicolas Sarkozy a détaillé « la stratégie sociale de son gouvernement ». Le chef de l’Etat a fixé à cette occasion le cadre, les objectifs, le calendrier et la méthode des réformes à mener. Il a comme prévu précisé la réforme des régimes spéciaux de retraite. Dès ce mercredi, le ministre du Travail Xavier Bertrand entamera sur ce sujet les discussions avec les partenaires sociaux.
Nicolas Sarkozy au Sénat, le 18 septembre 2007.(Photo : Reuters)
Nicolas Sarkozy au Sénat, le 18 septembre 2007.
(Photo : Reuters)

« Le système social n’est pas tenable financièrement et décourage le travail ». C’est en partant de ce principe que Nicolas Sarkozy a présenté ses réformes sociales devant la presse spécialisée, ce mardi. Premier axe de ce plan d’action : améliorer le taux d’emploi des seniors en France qui reste un des plus faibles parmi les pays européens avec 37,9% des 55-64 ans contre 42,5% pour l’ensemble de l’Union européenne. Dans cette perspective, Nicolas Sarkozy a indiqué qu'il souhaitait « la suppression des mises à la retraite d'office avant 65 ans » et a annoncé que « les préretraites seraient plus lourdement taxées ». « Je demande au gouvernement de supprimer les verrous fiscaux, sociaux et réglementaires qui pénalisent ceux qui voudraient continuer à travailler», a-t-il déclaré. Néanmoins, il n’est pas revenu sur une de ses promesses de campagne : sa proposition d'un contrat unique, auquel les syndicats sont hostiles, même si, selon lui, le contrat de travail doit être réformé.

Second axe de travail : la réforme des régimes spéciaux de retraite. Alain Juppé s’y était essayé en 1995 mais avait échoué. Le sujet avait jeté des centaines de milliers de personnes dans les rues, provoquant la chute du gouvernement Juppé. Aujourd’hui, c’est au tour du président Nicolas Sarkozy de s’emparer du dossier. Mais cette fois-ci une majorité de Français est largement favorable à un alignement des régimes spéciaux de retraite sur le régime de la fonction publique. Les motifs économiques ne manquent pas pour justifier une telle réforme : 1,6 million, c’est le nombre de personnes qui bénéficient d’un régime particulier ; 5 milliards d’euros, le coût de son existence pour la collectivité. 

« Harmoniser les régimes spéciaux avec celui de la fonction publique »

Pour Nicolas Sarkozy, il y a un consensus quasi-général sur le fait de réformer les fameux régimes spéciaux. C’est également « une question d'équité ». Après avoir salué le travail et le dévouement des gaziers, des électriciens, des agents de la RATP, il a évoqué « un rapprochement  des régimes spéciaux avec celui de la fonction publique ».  La nuance est importante puisque le chef de l’Etat ne parle pas de supprimer les régimes spéciaux. Pour atteindre cet objectif, le chef de l’Etat a donné deux semaines au ministre du Travail Xavier Bertrand pour préciser les principes communs de l’harmonisation avec les partenaires sociaux. Ces principes seront ensuite déclinés par négociations, entreprise par entreprise, pour tenir compte des spécificités de chaque régime.

Lorsqu’ils ont été mis en place, il y a plus d’un siècle, il s’agissait de compenser la pénibilité des tâches et les risques encourus dans les métiers concernés. Les salariés d’EDF-GDF, SNCF, RATP, les marins, les mineurs ou encore les clercs de notaire qui ont échappé jusque là à toute réforme, peuvent partir à la retraite à l’âge de 55 ans après 37,5 ans de cotisation au lieu de 40 ans dans le privé et la fonction publique.

Un système de franchises médicales

Nicolas Sarkozy a également largement évoqué les évolutions à apporter au marché du travail, notamment avec la fusion des deux organisations chargées du chômage, l’ANPE et l’Unedic, ou encore la réforme des règles régissant le Smic (salaire minimum interprofessionnel de croissance).  Dans cette perspective, le chef de l’Etat a annoncé qu’une conférence sur l’emploi et le pouvoir d’achat se tiendra dans la seconde quinzaine du mois d’octobre, avec notamment pour objectif de « dépassionner le débat sur la fixation du Smic ». 

Pour redresser les comptes de la sécurité sociale, Nicolas Sarkozy en appelle à « la responsabilité individuelle de manière beaucoup plus forte pour réduire son déficit galopant ». Le déficit du régime général de la Sécurité sociale devrait atteindre 12 milliards d’euros en 2007, soit 4 milliards de plus que prévu. Il a confirmé la création d’un système de franchises médicales dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2008. Une franchise médicale de 50 euros par personne et par an, non remboursée par l’assurance maladie, devrait être mise en place sur les médicaments à raison de 50 centimes par boîte et sur les actes paramédicaux pour le même montant. Les plus modestes, les enfants et les femmes enceintes devraient être dispensés de cette franchise.

D’autres annonces concernant la réforme de l’Etat sont attendues, mercredi, à Nantes, à l’Institut régional d’administration (Ira) où Nicolas Sarkozy parlera de la fonction publique et des métiers de la fonction publique.