par Stefanie Schüler
Article publié le 24/09/2007 Dernière mise à jour le 24/09/2007 à 19:05 TU
C’est le patron lui-même qui avait lancé les invitations : en marge de la 62ème session de l’Assemble général des Nations unies, Ban Ki-moon a convoqué les représentants de quelque 150 pays dont 81 chefs d’Etat et de gouvernement ce lundi à New York pour discuter du changement climatique. C’est le plus grand rassemblement de dirigeants du monde entier jamais réalisé sur ce sujet. Le secrétaire général de l’Onu est décidé à faire du climat l’une des priorités incontournables de la communauté internationale, même s’il a insisté sur le caractère informel de la rencontre.
« Ce n’est pas un forum de négociation que j’organise, mais un échange de vues franc et direct qui devrait déboucher sur un engagement ferme de la part des participants », a expliqué Ban Ki-moon dans un entretien accordé au quotidien Le Figaro. « J’espère qu’il sortira de cette conférence un message fort et clair, crédible et focalisé ». Si le diplomate sud-coréen ne compte pas sa peine pour réveiller la conscience internationale sur le problème du climat, c’est qu’il craint l’impasse lors de la prochaine conférence internationale sur le réchauffement climatique, organisée par l’Onu à Bali en Indonésie du 3 au 14 décembre 2007.
Les suites de Kyoto |
En 1997, 36 nations industrialisées se sont engagées dans le protocole de Kyoto à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5 % par rapport aux niveaux de 1990. Cette année, les participants de la conférence onusienne sur le réchauffement climatique à Bali, doivent donner le coup d’envoi de nouvelles négociations pour décider d’un accord pouvant succéder au protocole de Kyoto, qui expire en 2012. |
« Le temps du doute est passé »
« Le temps du doute est passé », a martelé le secrétaire général de l’Onu à l’ouverture du sommet sur le climat, ce lundi à New York. « Le groupe intergouvernemental de l'ONU sur le changement climatique a affirmé sans équivoque que notre système climatique se réchauffe et que c'est directement dû aux activités humaines ».
En effet, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a rendu, cette année, toute une série de rapports inquiétants. Selon les spécialistes, la température du globe pourrait augmenter en cent ans jusqu’à 6,4 degrés Celsius, entraînant des conséquences catastrophiques comme l’élévation du niveau de la mer, des sécheresses et la disparition de nombreuses espèces. Concernant une solution pour éviter la catastrophe, les experts du GIEC sont formels : l’unique moyen efficace est la réduction des gaz à effet de serre.
Seulement voilà : jusqu’à présent, la communauté internationale était divisée sur la méthode à suivre pour parvenir à cet objectif.
Quel rôle joueront les Etats-Unis ?
La logique du protocole de Kyoto, qui se base sur les objectifs chiffrés et obligatoires, est mise en question depuis que le plus grand pollueur mondial, les Etats-Unis, s’y est retiré en 2001.
George W. Bush s’est toujours farouchement opposé au modèle contraignant du protocole de Kyoto, car, selon son avis, cet accord pénalise injustement les pays riches et exonère les pays en voie de développement, comme l’Inde ou la Chine. Les experts sont pourtant unanimes : dans l’avenir, aucune action efficace contre le réchauffement climatique ne pourra se mettre en place sans les Etats-Unis. C’est aussi l’avis de Tim Wirth, de la Fondation des Nations unies : « A moins que les Etats-Unis ne décident d’être un acteur majeur et engagé de ce dossier, et ne prennent des engagements très spécifiques à la hauteur de cette ambition, le reste du monde restera pour l’essentiel caché dans le jupes des Etats-Unis à ne rien faire ».
Washington, conscient du rôle clé qui est désormais le sien, est en train de changer de stratégie. Après s’être vu montré du doigt par les écologistes du monde entier, l’administration Bush compte devenir le leader mondial en matière de lutte contre le changement climatique – non sans imposer ses propres règles. La philosophie américaine sur ce sujet diverge en revanche radicalement avec ce qui s’est fait jusqu’à présent dans le domaine de la protection environnementale : l’équipe présidentielle privilégie une approche qui repose sur le volontarisme et l’innovation, mettant l’accent principal sur le progrès des nouvelles technologies.
Le temps presse
Pour présenter ces idées et regagner en importance, la Maison Blanche va jusqu’à organiser, jeudi et vendredi prochain, sa propre conférence sur le réchauffement climatique. Seront présent non pas 150 mais seulement 16 pays. Selon l’administration américaine, il s’agirait des plus grandes puissances économiques mondiales et donc également des plus grands pollueurs. Mais la Maison Blanche n’a pas encore révélé la liste exacte des participants à cette conférence ni à quel niveau de responsabilité ils y seront représentés.
En attendant les résultats de ses premières consultations, l’organisateur de la conférence onusienne, Ban Ki-moon, a rappelé que le temps pressait. « Il faut progresser rapidement et parvenir à un accord décisif d’ici à 2009 afin qu’il puisse entrer en vigueur d’ici la fin 2012 », a souligné le secrétaire général des Nations unies. « Il ne faut pas laisser un vide se créer après l’expiration du protocole de Kyoto ».