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Sénégal

Amertume, cinq ans après le naufrage du «Joola»

par  RFI (avec AFP)

Article publié le 26/09/2007 Dernière mise à jour le 26/09/2007 à 23:38 TU

Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2002, le navire sénégalais le Joola sombrait au large de la Gambie faisant officiellement 1 863 morts. Il n’y a eu que 64 survivants. Il s’agit d’une des plus graves catastrophes maritimes de l’histoire, plus de victimes que le Titanic. Le Joola a chaviré alors qu’il reliait Ziguinchor, principale ville de Casamance (sud), à Dakar. Cette tragédie révéla d’incroyables disfonctionnements. Non seulement le bateau transportait plus de trois fois sa capacité en passagers, mais en plus les secours n’arrivèrent que de longues heures après la catastrophe. Cinq ans après, les familles des victimes du naufrage demandent des comptes aux autorités sénégalaises. Elles réclament le versement de la totalité des indemnités aux ayants droit, le renflouement de l’épave et des poursuites judiciaires à l’encontre de responsables civils et militaires sénégalais. Une cérémonie œcuménique a été organisée mardi à Dakar.

A Dakar, sur des plaques on peut lire le nom des gens morts dans le naufrage du ferry <em>Joola </em>en 2002.(Photo : AFP)
A Dakar, sur des plaques on peut lire le nom des gens morts dans le naufrage du ferry Joola en 2002.
(Photo : AFP)

Les proches des victimes ne parviennent pas à faire leur deuil. Et même si les poursuites judiciaires ont été abandonnées au Sénégal, en échange d’une indemnisation. Certaines familles sénégalaises et françaises réclament toujours justice et ont déposé plainte en France. Une instruction est en cours au tribunal d'Evry, mais l'enquête piétine.

Nassardine Haidara

Auteur du livre «Aux victimes du bateau Le Joola, l'hommage d'un père»

«Le premier responsable du naufrage, c'est l'Etat, qui avait en charge de gérer le bateau.»

Cinq ans plus tard, les familles de victimes se sont retrouvées, mardi, au cimetière Saint Lazare de Dakar pour une cérémonie œcuménique, autour du mausolée du souvenir, construit il y a deux ans par l'église catholique. Les familles des victimes, toutes religions confondues, sont venues honorer un devoir de mémoire, mais rappeler aussi que leur douleur et souvent leur colère reste intacte.

Nadine Verschate

de l'Association des victimes françaises du Joola, interrogée par Christophe Champin

«Notre esprit vagabonde et descend dans les sombres profondeurs dans ce navire encore et toujours abandonné par les pouvoirs politiques.»

Abandon ! Le mot est également revenu plusieurs fois concernant les quelque 1 900 orphelins du Joola, dont la prise en charge promise par le gouvernement, est restée « lettre morte », selon Idrissa Dialo, président du Collectif de victimes.

Idrissa Dialo

Président du Collectif de victimes, interrogé par Christophe Champin

«Son effectivité dans la prise en charge des besoins de ces orphelins, que ce soit leur santé, leur scolarité demeure inexistante... »

Des familles, dont certaines réclament toujours justice, malgré l’indemnisation offerte par l’Etat, mais qui attendent également le renflouement de l’épave qu’elles voudraient transformer en mémorial. Prenant la parole, l’archevêque de Dakar, Théodore Adrien Sar a lancé un appel en leur faveur.

Théodore Adrien Sarr

Archevêque de Dakar

«Tous ensemble, travaillons à soulager les douleurs.»

Sans faire de nouvelles promesses, Christian Sina Diatta, membre du gouvernement, a promis de transmettre à qui de droit.

Le Sénégal doit recevoir en 2008 un bateau actuellement en construction en Allemagne, destiné à assurer la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor, comme le Joola. Le nouveau ferry, l’Aline Situé Diatta, sera propriété du Sénégal et pourra transporter près de 500 passagers à la fois.