par Myriam Berber
Article publié le 26/09/2007 Dernière mise à jour le 26/09/2007 à 17:17 TU
C'est à Eric Woerth, ministre du Budget et des Comptes publics, et Christine Lagarde, ministre de l'Economie, des Finances et de l’Emploi qu’est revenu la charge de présenter le projet de loi de Finances pour 2008 en conseil des ministres. Le texte a ensuite été dévoilé à Bercy. Eric Woerth et Christine Lagarde ont confirmé un déficit 2008 de 41,7 milliards d’euros, à peine inférieur à celui inscrit dans la loi de finances de 2007 (41,9 milliards d’euros). Quant au poids de la dette, l’objectif du gouvernement est de le ramener à 64% du PIB à la fin 2008, après 64,2% prévue fin 2007 (soit 1 150 milliards d’euros).
« On est en très légère réduction, ça veut dire qu’on n’est pas loin de la stabilité », a déclaré le ministre du Budget, Eric Woerth, tout en prenant soin de préciser qu’il s’agissait d’un «budget d’investissement et d’avenir ». Les dépenses du budget général sont prévues à 271,8 milliards d’euros pour 2008. Eric Woerth a défendu « un effort en matière de maîtrise de dépenses publiques, rappelant qu’elles n’augmenteraient pas plus que le rythme de l’inflation». Côté dépenses, la priorité va à l’enseignement supérieur et la recherche, et à la justice. Le poste de la recherche progresse de 7,33%. Le crédit d’impôt recherche se traduira par un coût de 800 millions d’euros en 2008 et la réforme de la taxe professionnelle est évalué à 2,9 milliards d’euros. Le budget de la justice progresse de 4,6%, avec 1 600 créations d'emplois pour le programme de construction de nouvelles prisons. A noter que les sommes allouées à l’aide publique au développement sont stables, avec 3,11 milliards d’euros de crédits de paiement contre 3,12 milliards en 2007.
29 921 fonctionnaires en moins l’an prochain
Pour bâtir son budget, le gouvernement compte sur une hypothèse de croissance d’au moins 2,25% mais le contexte économique n’est plus le même qu’au début de l’été. L'ensemble des organismes internationaux et des économistes indépendants estiment que cette croissance ne dépassera pas 2%. Outre les incertitudes conjoncturelles, les allégements fiscaux votés cet été limitent les recettes (9 milliards d’euros en 2008 et jusqu’à 12 milliards d’euros en année pleine de manque à gagner pour l’Etat). Dès lors où trouver les 230,5 milliards d’euros de recettes ? Le gouvernement compte notamment sur les économies générées par la réduction des effectifs des fonctionnaires. Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, le projet de loi de Finances 2008 prévoit de supprimer le remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite, soit 22 921 fonctionnaires, ce qui permettra d'économiser 458 millions d'euros en 2008. Certains ministères sont plus exposés, c’est le cas de l'Education nationale (-11 200 postes), la Défense (-6 037 postes), le ministère de l'Economie (-2 830) et celui de l’Intérieur (-2 236 postes).
L’Etat espère également tirer 600 millions supplémentaires de la taxation de certains produits financiers. Le gouvernement envisage, en effet, d’instaurer un prélèvement libératoire forfaitaire de 16% les dividendes d’actions et non plus seulement les placements bancaires. Cette disposition a le mérite de faire entrer par anticipation de l’argent dans les caisses de l’Etat. Pour redresser les comptes, le gouvernement mise également sur de nouvelles recettes, parmi lesquelles on trouve l'interdiction pour les entreprises de déduire certaines amendes et pénalités.
Bruxelles surveille mais ne commente pas
Dans leur ensemble, les syndicats ont pointé du doigt les suppressions d’effectifs dans la fonction publique, les plus importantes de ces dix dernières années. Pour la CFDT, « le problème reste entier », cette mesure intervenant «avant tout débat sur la Fonction publique» et notamment avant le lancement, le 1er octobre, d'une conférence nationale sur les valeurs et missions de la fonction publique. La FSU, première fédération de l'Education, dénonce pour sa part une «saignée historique» qui «ne tient pas compte des besoins». La CGT estime que «les sommes dégagées seront marginales au regard d’un déficit de plus de 40 milliards ».
Le premier secrétaire du Parti socialiste a également réagi. Pour François Hollande, le «budget affiché » par le gouvernement pour 2008 est « incohérent, insincère et inconséquent » et dissimule un « budget caché qui s'appelle l'austérité ».
«Nicolas Sarkozy prétend qu'il n'y a pas de budget d'austérité. (...) Quand on a échoué à relancer la croissance, quand il y a eu des mesures à contre-sens, il y a un moment où il faut payer la note.»
De son côté, Bruxelles n’a pas souhaité faire de commentaires officiels. Reste que le commissaire aux Affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia a prévenu que la France devrait s’attendre dans les mois qui viennent à «subir la pression de ses pairs ». Avec ce budget 2008, la France respecte le critère de Maastricht d’un déficit public inférieur à 3%, en revanche la dette dépasse toujours largement la limite de 60% du PIB fixée par Bruxelles.