par RFI
Article publié le 27/09/2007 Dernière mise à jour le 27/09/2007 à 01:18 TU
Dr Sein Win, le Premier ministre du gouvernement birman en exil, en conférence au Centre d'accueil de presse étrangère à Paris, ce 26 septembre 2007.
(Photo : S. Borelva/RFI)
Cette mobilisation apparaît déjà tardive. A partir du moment où les autorités birmanes ont opté pour l'écrasement du mouvement par la force, les militaires et la police anti-émeute ont passé toute la journée à pourchasser et à frapper les manifestants, au point que certains moines ont été battus à mort.
Dans ces conditions, on peut douter de l'impact éventuel de l'Onu sur les autorités birmanes, elles ne sont pas du tout prêtes à envisager la moindre concession face aux protestataires.
On peut même penser qu'un durcissement du régime est envisageable du fait même des réactions enregistrées du côté de pays alliés à la Birmanie. Le cas de Moscou est symptomatique. La Russie qui forme et qui équipe l'armée birmane a estimé qu'il s'agissait d'une « affaire interne » qui ne menaçait pas la sécurité régionale et internationale.
L'Inde partenaire incontournable de la Birmanie, elle aussi a réagi tardivement et faiblement, en se disant préoccupée, mais sans condamnation franche du recours à la violence par la junte.
Quant à la Chine son appel à une gestion correcte de la crise a peut-être fait traîner la riposte armée quelques jours, mais maintenant, il faudrait beaucoup plus pour que la junte fasse machine arrière.
En attendant, on assiste à une riposte graduée mais néanmoins sévère avec, selon les témoignages, des centaines d'arrestations, des manifestants battus à mort et des prisonniers torturés.
«Aucun accord n'a été trouvé sur la réponse de la communauté internationale sur la situation à Rangoon.»
Le Conseil de sécurité a quand même approuvé la décision du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, d'envoyer son émissaire spécial en Birmanie. Ibrahim Gambari devait partir très rapidement mais sans savoir s'il serait autorisé à pénétrer dans le pays.
En France, le président Sarkozy a reçu à l'Elysée le Premier ministre du gouvernement birman en exil, Sein Win.
«Le président Sarkozy a affirmé qu'il allait demander à l'Union européenne d'arrêter les investissements en Birmanie.»
« La France n'acceptera pas que l'opposition birmane soit muselée », a déclaré le chef de l'Etat français après son entretien avec le Dr Sein Win. Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a appelé à l'adotion des sanctions contre la Birmanie et a demandé aux sociétés françaises, dont le groupe pétrolier Total, de renoncer à tout nouvel investissement dans ce pays.
«Je demande à la junte birmane de faire très attention au respect des droits de l'homme s'agissant de manifestations pacifistes.»
Pendant ce temps la violence s'intensifie en Birmanie. Au moins quatre personnes ont été tuées, dont trois moines bouddhistes, une centaine de blessés dont une cinquantaine de religieux.
«Les mises en garde et les restrictions n'ont pas affaibli leur détermination et il semble que la répression ne l'entamera pas non plus.»
Dans la nuit de mercredi à jeudi, deux monastères de Rangoon ont été investis par les forces de l'ordre et des centaines de moines bouddhistes ont été arrêtés. Selon des témoins, des opérations du même genre auraient également été menées dans d'autres monastères du nord-est du pays. Pour empêcher toute manifestation, l'armée a monté des barrages routiers dans le centre de Rangoon. Les forces de l’ordre ont effectué de nombreuses arrestations, dont deux hauts responsables du parti de l’opposante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.