par Myriam Berber
Article publié le 27/09/2007 Dernière mise à jour le 27/09/2007 à 17:33 TU
Face à la violente répression des manifestations à Rangoon, la mobilisation internationale tente de s’organiser, mais difficilement. La France a d’ailleurs regretté, jeudi 27 septembre, par la voix du porte-parole de la présidence, David Martinon, l’absence de « consensus » au Conseil de sécurité de l’Onu en faveur de sanctions contre la Birmanie. La veille, Après avoir reçu Dr Sein Win, le Premier ministre de l’opposition birmane en exil, Nicolas Sarkozy s’était prononcé pour l’adoption « sans tarder » de sanctions et avait appelé les entreprises françaises, notamment le groupe pétrolier Total à « faire preuve de la plus grande retenue s’agissant des investissements en Birmanie. Il leur avait demandé « qu’il n’y en ait pas de nouveaux ».
Réagissant, ce jeudi, à l’appel lancé par Nicolas Sarkozy, Total a affirmé ne pas avoir fait d'investissement depuis 1998. « Nous n'avons pas l'intention de quitter le pays », a également déclaré une porte-parole à Paris, jugeant qu' « un retrait forcé ne conduirait qu'au remplacement de Total par d'autres sociétés ». Total est présent en Birmanie depuis 1992 où il exploite le champ gazier de Yadana, dans le sud du pays. Il extrait 17,4 millions de mètres cube de gaz naturel par jour de ses puits birmans. Aujourd’hui, le groupe français est présent dans le pays par une de ses filiales qui emploie environ 270 personnes. Selon certaines estimations, le groupe pétrolier français apporterait, à lui seul, au régime entre 200 et 450 millions de dollars.
Des échanges avec l’UE et les USA en diminution
A l’exception de Total, l’implantation des sociétés européennes en Birmanie est très faible. Les échanges avec l’Union européenne se sont élevés à 468 millions de dollars en 2005, soit une baisse de 30% par rapport à 2004. Ceux avec les Etats-Unis occupent également une place marginale. Les sanctions commerciales imposées par la Maison Blanche en 1997 puis en 2003, interdisant l’exportation de produits birmans sur le sol américain, ont donné leur pleine mesure. En 2004, les échanges ont été réduits de 83%. Les exportations birmanes vers les Etats-Unis sont désormais inexistantes (0,2 million de dollars) alors qu’elles se montaient à 204 millions en 2003. De nombreuses compagnies internationales se sont également retirées du pays, telles que Pepsi-Cola, Levis, Texaco, Unilever, Carlberg, Heineken, Reebok, C&A, Hewlett Packard, Shell et Exxon.
La Birmanie commerce plutôt avec ses voisins asiatiques. Trois pays de la zone, la Thaïlande, la Chine (Hong-Kong inclus) et Singapour représentent à eux seuls près des deux tiers des exportations birmanes. Le premier partenaire commercial de la Birmanie est officiellement la Thaïlande qui a vu le volume de ses échanges doubler sous l’effet de la hausse des exportations de gaz, suivie par la Chine. La part de marché officielle de la Chine est estimée à près de 20%. Un chiffre vraisemblablement sous-évalué tant les échanges informels avec ce pays ont pris une importance considérable ces dernières années.
Les principaux clients de la Birmanie sont la Thaïlande (43% des exportations birmanes), la Chine (17%) et l’Inde (11%). Singapour reste le quatrième client (7%) tandis que le Japon maintient sa cinquième position (3,6%). Les exportations sont axées essentiellement sur les matières premières (gaz) et les produits agricoles de base (légumineux, riz, produits de la pêche). La levée des barrières douanières entre les pays asiatiques de l’Asean d’ici à 2010 devrait encore accentuer cette tendance au recentrage régional de l’économie birmane.