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Fonds monétaire international

Les chantiers de Dominique Strauss-Kahn

par Myriam Berber

Article publié le 28/09/2007 Dernière mise à jour le 28/09/2007 à 17:39 TU

L’ancien ministre français de l’Economie a été désigné, vendredi 28 septembre 2007, à la tête du Fonds monétaire international (FMI), en remplacement de l’espagnol Rodrigo Rato. Dominique Strauss-Kahn (DSK) prend les rênes d’une organisation internationale en pleine crise d’identité. Les pays émergents y sont sous représentés et l’institution cherche de nouvelles sources de financement.
Dominique Strauss-Kahn a été élu, ce 28 septembre 2007, nouveau directeur général du Fonds monétaire international (FMI). (Photo : AFP)
Dominique Strauss-Kahn a été élu, ce 28 septembre 2007, nouveau directeur général du Fonds monétaire international (FMI).
(Photo : AFP)

Les vingt-quatre membres du conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI), dont le siège est à Washington, ont élu, vendredi 28 septembre 2007, le nouveau directeur général de l'institution internationale qui regroupe 185 pays. Sans surprise, le Français Dominique Strauss-Kahn (DSK), 58 ans, candidat de l’Union européenne et des Etats-Unis, l’a emporté devant le Tchèque Joseph Tosovsky.

Après Pierre-Paul Schweitzer, Jacques de Larosière et Michel Camdessus, le leader socialiste est le quatrième Français à prendre les rênes de l’organisation. Il aura fort à faire. Il arrive à la tête d’une institution en pleine crise d’identité. Depuis la création il y a 60 ans des institutions de Bretton Woods, un accord informel veut que le FMI soit présidé par un Européen et la Banque mondiale par un Américain. Ce partage de pouvoir est de plus en plus contesté par les pays émergents.

Réformer le système des quotes-parts

Le « G24 », qui regroupe les principaux pays en développement dont la Chine, l’Afrique du Sud, le Brésil, a répété ses réserves sur ce mode de désignation qui exclut une bonne partie du monde. Il demande notamment une liste de candidatures plus ouverte, sur le modèle des Nations unies, où l’ensemble des membres élisent leur directeur général.

Dominique Strauss-Kahn qui a parcouru 100 000 kilomètres cet été pendant sa campagne, sait que ces pays attendent du changement sur la question de la représentativité. Il a promis de réformer le système des quotes-parts qui règle l’équilibre des pouvoirs au sein de l’institution, et de changer les règles de vote pour certaines décisions cruciales. A l’heure actuelle, les pays développés représentent près de 69% des voix. La Chine, par exemple, malgré son rang de troisième puissance mondiale, dispose seulement de près de 3% des voix. Mais avec 16,79% de voix, les Etats-Unis disposent d’un droit de veto sur les décisions les plus importantes.  

De nouvelles sources de  financement

Autre grand chantier : la redéfinition des missions de l’institution. Bon nombre de pays n’ont plus besoin du FMI. Alors que le Fonds avait aidé à résoudre la crise latino-américaine de la dette dans les années 80 ou la crise des changes des pays dans les années 90, il doit se réinventer une mission. La plupart des anciens pays débiteurs (Russie, Chine) ont désormais assez de réserves pour se passer des prêts du FMI. A l’heure actuelle, le FMI est uniquement engagé auprès de la Turquie et de l’Indonésie. Résultat, les recettes que le Fonds retirait des prêts qu’elle accordait ont mécaniquement chuté. Le budget 2006-2007 s’est achevé sur un déficit de 105 millions de dollars.

D’où l’idée de Rodrigo Rato de trouver de nouvelles sources de  financement. Parmi les solutions envisagées : la vente d’une partie du stock d’or du FMI dont le produit serait placé sur des actifs ou la facturation de l’assistance technique fournie par le Fonds auprès des pays membres, assistance qui était, jusqu’à présent, fournie gratuitement. Faute de solutions, on verra bientôt apparaître les projets de FMI régionaux comme celui du président vénézuélien. En février dernier, Hugo Chavez a lancé l’idée d’une « Banque du Sud » censée promouvoir la solidarité entre pays latino-américains et prêter à ceux qui seraient en crise. 

Le PS orphelin

En France, la nomination de DSK a été saluée unanimement par les socialistes français, à l'instar de leur chef François Hollande. Le Parti socialiste voit cependant s'éloigner le plus populaire de ses dirigeants, figure de proue incontestée d'un courant social-démocrate « à la française ». En effet, en s’engageant à accomplir l’intégralité de son mandat de cinq ans, soit fin 2012. Dominique Strauss-Kahn, candidat malheureux à l’investiture socialiste pour l’élection présidentielle met probablement un terme à ses ambitions politiques.