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Birmanie

Violences policères avant l'arrivée de l'émissaire de l'ONU

Article publié le 29/09/2007 Dernière mise à jour le 29/09/2007 à 11:53 TU

Ibrahim Gambari, l'émissaire spécial de l'Onu pour la Birmanie.(Photo : AFP)

Ibrahim Gambari, l'émissaire spécial de l'Onu pour la Birmanie.
(Photo : AFP)

L'émissaire des Nations Unies, Ibrahim Gambari a une lourde tâche. Sa visite à partir d'aujourd'hui en Birmanie concrétise le souhait de la communauté internationale de trouver une issue à la crise aigüe que vit le pays depuis quelques semaines. La répression policière musclée (13 morts officiels en  trois jours, dont un journaliste japonais) n'arrive pas à étouffer les protestations populaires: ce samedi les manifestants ont de nouveau été matraqués et arrêtés à Rangoon où la police semblait contrôler la circulation.

Ibrahim Gambari est arrivé ce samedi en Birmanie où il rencontre d'abord les dirigeants de la junte dans leur nouvelle capitale, Naypidaw ( voir encadré ci-dessous). Le diplomate nigérian espère obtenir des progrès de ses discussions avec le pouvoir birman alors que les manifestations se poursuivent toujours dans le pays, à Pakokku, une ville du centre et à Rangoon où la police a tapé fort, comme en témoigne Emmanuel Goué, chef de mission pour MSF- Suisse en Birmanie. Il est interviewé au téléphone par RFI.

Emmanuel Goué, chef de mission de l'antenne suisse de Médecins sans frontières

par Julie Lerat

«C’est vrai que les gens ont peur, il y a beaucoup de magasins qui sont fermés, il n’y a pas beaucoup de monde dans les rues… »

" Ce que l’on a vu dans les zones habituellement sensibles, dans la région de la Pagode Sule, en face de l’hôtel Traders, ce sont quelques manifestants -entre 200 et 300- qui étaient présents là et qui ont commencé à lancer des slogans. Ils ont été, puisqu’on l’a vu, chargés par les militaires. Certains d’entre eux ont été arrêtés et les autres se sont volatilisés dans les rues adjacentes.
Ce que l’on pense, c’est qu’ éventuellement cela pourrait être lié avec l’arrivée de Monsieur Gambari, puisque l’hôtel Traders est devenu une espèce de deuxième bureau pour les agences des Nations Unies.
C’est vrai que les gens ont peur et il y a beaucoup de magasins qui sont fermés. Il n’ y a pas beaucoup de monde dans les rues. Hier, les écoles étaient aussi en partie fermées. Il y a une espèce de rumeur qui court -difficile pour moi de la vérifier, parce que ce sont des annonces en birman-  qui dirait que plus personne au centre ville (down town)  ne doit être dans les rues à partir de midi. Moi, j’habite au centre ville et je suis passé plusieurs fois dans la zone et j’ai toujours vu des gens qui circulaient. Ceci dit, le grand marché de Rangoon a été fermé aussi aujourd’hui. "

 

La nouvelle capitale Naypidaw

Les généraux au pouvoir ont, dès 1989, changé le nom de la Birmanie en "Myanmar". En 2005, ils ont franchi un nouveau pas en décidant de déplacer la capitale administrative du pays de Rangoon à Pyinmana, rebaptisée Naypidaw.
" Naypidaw ": littéralement la "cité royale". Cette ville de 85 000 habitants, au centre du pays, présentait plusieurs avantages pour la junte. Enclavée dans une région montagneuse, à près de quatre cents kilomètres de la mer et éloignée du principal fleuve du pays, elle permet de se protéger contre toute éventuelle intervention militaire extérieure. Quitter Rangoon était également l'occasion, pour les militaires birmans, de s'éloigner d'une population politisée et ouvertement hostile au régime comme l'ont prouvé les récentes manifestations.
Naypidaw, en effet, est située dans une région rurale, plus traditionnelle et moins ouverte aux influences extérieures. La ville est également plus proche de la frontière avec la Chine et la Thailande, deux pays qui sont parmi les principaux alliés de la junte birmane.
En déplaçant leur capitale, les généraux au pouvoir ont enfin voulu récupérer un symbole historique. C'est en effet à Pyinmana que la résistance birmane s'était installée pour combattre l'occupation japonaise durant la seconde guerre mondiale. Une résistance qui préparait également l'indépendance vis à vis de la Grande Bretagne.
Ironie de l'histoire, l'un des animateurs de cette résistance n'était autre que le père de l'opposante prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi.

Par RFI