Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Finances

Les banques rattrapées par la crise des «subprimes»

par Myriam Berber

Article publié le 02/10/2007 Dernière mise à jour le 02/10/2007 à 16:24 TU

Le groupe bancaire américain Citigroup et les banques helvétiques Credit Suisse et UBS estiment que leurs pertes dues à la crise des <em>subprimes</em> ne sont que passagères. (Photo : Wikimédia/Montage L. Mouaoued/RFI)

Le groupe bancaire américain Citigroup et les banques helvétiques Credit Suisse et UBS estiment que leurs pertes dues à la crise des subprimes ne sont que passagères.
(Photo : Wikimédia/Montage L. Mouaoued/RFI)

Des deux côtés de l’Atlantique, les banques commencent à dévoiler l’impact de la crise du crédit immobilier à risque «subprimes» qui a secoué les marchés financiers cet été. Trois grandes banques d’affaires, l’américain Citigroup et les suisses UBS et Crédit Suisse, viennent de publier le montant de la facture dans leurs comptes du troisième trimestre. Malgré des résultats inquiétants, les Bourses ont plutôt bien réagi.

La crise américaine des « subprimes » continue de faire des victimes alors même que l’ex-président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan, prophétise la fin probable des turbulences des marchés. Après la britannique Northern Rock et les allemandes IKB et SachsenLB, c’est au tour de la première banque américaine, Citigroup, de reconnaître avoir subi d’importantes pertes cet été dans les crédits hypothécaires à risque.

Citigroup a annoncé, lundi 1er novembre 2007, un bénéfice net pour le troisième trimestre en chute de 60% par rapport à l’an dernier à environ 2 milliards de dollars. Son patron, Charles Prince, évoque « une mauvaise performance dans le marché du crédit obligataire, des dépréciations sur des créances relatives à des prêts à effet de levier et une augmentation des coûts du crédit à la consommation ».  Dans les prêts immobiliers titrisés (transformation des crédits en titres financiers), la banque estime avoir perdu 1,3 milliard de dollars. Par effet domino, le manque de liquidités dans les opérations de financement à effet de levier (LBO) (portefeuille de crédits accordés aux fonds d’investissement) a fait perdre à Citigroup 1,4 milliard de dollars.

Des rumeurs sur la Deutsche Bank

Même si Citigroup a prévu « un retour à la normale en terme de résultats au quatrième trimestre », cette annonce reflète les difficultés du secteur bancaire américain. Le numéro deux, Bank of America et JP Morgan Chase ont reconnu, en septembre dernier, que la crise devrait avoir un «impact significatif » sur leurs comptes. Parmi les autres victimes potentielles, la banque d’investissement Bear Stears et le courtier Merrill Lynch. 

En Europe, de jour en jour, la liste des établissements financiers touchés par cette crise s’allonge. Les banques commencent à communiquer sur leur exposition. Le premier groupe bancaire suisse UBS a annoncé, lundi, avoir enregistré d'importantes pertes au troisième trimestre, une première depuis neuf exercices. Ces pertes, entre 510 et 680 millions de dollars, entraînent les départs du directeur de la banque d'investissement et du directeur financier. Par ailleurs, 1 500 postes seront supprimés d'ici à la fin de l'année, principalement aux Etats-Unis. La crise a également touché la deuxième banque helvète, Crédit Suisse. Mais son impact devrait être plus modeste. Crédit suisse a seulement indiqué que ses activités en banque d’investissement et en gestion d’actifs avaient été affectées « par les récents évènements du marché ».  Le groupe ne devrait pas, toutefois, enregistrer de pertes au troisième trimestre.

En Allemagne, des rumeurs sur la Deutsche Bank évoquent des pertes au troisième trimestre allant jusqu’à 2,4 milliards de dollars. Au Royaume-Uni, Northern Rock, sauvé de justesse de la faillite par la Banque d’Angleterre, pourrait être reprise par des fonds d’investissements. Pour les banques françaises, il faudra attendre la publication effective des comptes début novembre.

Possible retour de bâton pour les investisseurs

Malgré ces mauvais résultats, les marchés boursiers ont réagi calmement, estimant que le plus dur était derrière eux. Un avis qui est loin d’être partagé par bon nombre d’analystes financiers qui mettent en garde contre un possible retour de bâton pour les investisseurs dans les semaines ou les mois qui viennent. Selon Howard Archer, chef économiste au cabinet londonien Global Insight : « la crise est toujours là et ne va pas disparaître de sitôt, et l’on pourrait bien essuyer de nouveaux chocs dans les prochains mois, en dépit de l’action des banques centrales ». Même constat pour Mitul Kotecha, économiste à la banque Calyon pour qui « les marchés reviennent à la normale, mais les dégâts pourraient bien tout juste commencer à se faire sentir sur l’économie mondiale », en affectant la consommation des ménages et les bénéfices des entreprises.