par Solenne Le Hen
Article publié le 02/10/2007 Dernière mise à jour le 02/10/2007 à 17:52 TU
Le Premier ministre Gordon Brown a évoqué ce mardi, devant les troupes britanniques à Bassorah, dans le sud de l'Irak, le rapatriement de 1 000 soldats d'ici la fin de l'année.
(Photo : Reuters)
En visite à Bagdad et Bassorah, Gordon Brown a annoncé mardi le retrait de 1 000 soldats britanniques d’Irak d’ici Noël. Le Premier ministre britannique, au pouvoir depuis trois mois, n’a jamais caché le désir de voir son pays se désengager de l’Irak. Début septembre, 500 soldats se sont déjà retirés d'un palais de Bassorah, pour rejoindre une base aérienne en périphérie de la ville.
La Grande-Bretagne a compté jusqu’à 46 000 hommes en Irak, lors de l’invasion du pays en mars 2003. Ils ne sont aujourd’hui plus que 5 500. Interrogé sur une réduction supplémentaire des troupes britanniques en 2008, Gordon Brown s’est contenté d’indiquer qu’il prendrait ses décisions futures « en fonction de l’évaluation de la situation sur le terrain ». Mais selon les médias britanniques, il pourrait annoncer dès le début 2008 le départ de 3 000 soldats supplémentaires.
Les militaires britanniques en Irak depuis 2003 |
Ils sont basés au sud du pays, à majorité chiite et relativement épargnés par les attentats. Cette région de Bassorah constitue le principal débouché maritime de l’Irak sur le Golfe. Lors de l’offensive en mars 2003, 46 000 soldats britanniques avaient été déployés. Après la guerre, deux mois plus tard, ils étaient 18 000. Début 2007, le contingent avait chuté à 7 000. En septembre 2007, 500 soldats ont quitté le centre de la ville de Bassorah. Le 2 octobre 2007, Gordon Brown annonce le retrait de 1000 soldats supplémentaires, et espère atteindre les 4 500 d’ici Noël. |
La province de Bassorah laissée aux Irakiens
Les Britanniques avaient pris en 2003 le contrôle de quatre provinces du sud du pays. Une région stratégique, dotée de débouchés portuaires sur le Golfe et de champs pétrolifères. Ils ont déjà transféré trois d’entre elles au gouvernement irakien. Et mardi, Gordon Brown a également proposé à son homologue Nouri al-Maliki de reprendre en main dans les deux prochains mois la dernière, celle de Bassorah, le grand port pétrolier sur le Golfe. Il devrait officialiser cette proposition à l’occasion de la rentrée parlementaire à Londres, le 8 octobre prochain.
A terme, l’état-major britannique souhaiterait se limiter à la surveillance de la frontière Irak-Iran, à la sécurité des routes d’approvisionnement entre Bassorah et Bagdad. Et surtout à l’entraînement et à la formation des troupes irakiennes. Gordon Brown a également proposé la mise en place d'une agence de développement et d'investissement à Bassorah, pour aider la création d'emplois et améliorer la sécurité.
La présence militaire en Irak |
Environ 160 000 soldats américains sont actuellement déployés en Irak, dont 85 000 à Bagdad. Près de 15 000 hommes d’une vingtaine de pays renforcent ce contingent. La Grande-Bretagne représente la deuxième force armée, avec 5 500 hommes. Présents également : la Corée du Sud (2 300 soldats), l’Australie, la Pologne, la Géorgie, la Roumanie, le Danemark, le Salvador, l’Azerbaïdjan, l’Albanie, la Lettonie, la Slovaquie, la Mongolie, la République tchèque, la Lituanie, l’Arménie, la Macédoine, l’Estonie et le Kazakhstan. |
La Maison Blanche assure ne voir aucun problème à ce désengagement britannique. Au contraire, estime Dana Perino, sa porte-parole, puisque « la Grande-Bretagne respecte le calendrier établi. Cela prouve que les forces de sécurité irakiennes sont en mesure de prendre en charge la sécurité à Bassorah ». A l’inverse, les Etats-Unis ont choisi d’envoyer en Irak un contingent de 25 000 soldats supplémentaires.
Renforcer l’avance de Brown dans les sondages
Sur le plan intérieur, Gordon Brown prend soin de se démarquer de son prédécesseur. La décision de Tony Blair de participer à l'invasion de l'Irak en 2003 avait été mal accueillie par l'opinion publique britannique et le Parti travailliste. Son intransigeance à demeurer l’allié indéfectible de George Bush a contribué à le faire quitter ses fonctions avant la fin de son mandat. Gordon Brown est, lui, davantage en phase avec cette opinion publique. Les militaires britanniques ont payé un lourd tribut, 170 morts depuis le début du conflit. Un rapport du comité parlementaire britannique sur les affaires internationales critiquait fin août l’approche des Américains, jugeant la réussite de leur stratégie peu probable.
Les déclarations du Premier ministre britannique à Bagdad ne peuvent donc que renforcer son aura dans le pays, à une période cruciale. Les rumeurs sur le déclenchement imminent d'élections anticipées en Grande-Bretagne sont chaque jour plus fortes, et Gordon Brown est déjà bien placé dans les sondages.