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Equateur

Rafael Correa aux pleins pouvoirs

par Stefanie Schüler

Article publié le 02/10/2007 Dernière mise à jour le 02/10/2007 à 18:02 TU

Le nouveau président Rafael Correa peut réformer la Constitution et imposer un <em>«socialisme du XXIe siècle»</em> en Equateur.(Photo : Reuters)

Le nouveau président Rafael Correa peut réformer la Constitution et imposer un «socialisme du XXIe siècle» en Equateur.
(Photo : Reuters)

Le mouvement du président équatorien a obtenu la majorité absolue des sièges dans la nouvelle Assemblée constituante. Rafael Correa a maintenant les mains libres pour réformer la Constitution équatorienne et instaurer un modèle économique qui devrait répondre aux critères du « socialisme du XXIe siècle ».

Fort de la très large victoire de sa formation politique Alianza Pais lors des élections pour la composition de la nouvelle Assemblée constituante le week-end dernier, le désormais tout-puissant président Rafael Correa n’a pas hésité à annoncer la première mesure. Et celle-ci n’a pas manqué de faire grincer les dents de ses adversaires : la dissolution du Congrès, dont les membres doivent « rentrer à la maison », selon « le verdict du peuple équatorien ».   

Si le jeune président socialiste a décidé de faire dissoudre le Congrès par la nouvelle Assemblée constituante et d’élever cette dernière au rang de pouvoir suprême, c’est surtout pour des raisons pratiques. Rafael Correa veut avoir le champ libre pour réformer l’Equateur tel qu’il l’avait annoncé dès son élection à la tête de l’Etat en novembre 2006. Le Congrès, où l’opposition conservatrice tenait jusqu’à présent les rênes, aurait bloqué ces projets présidentiels. Ce sera donc l’Assemblée constituante, fraîchement désignée par les élections du week-end dernier et largement acquise à sa cause, qui concrétisera maintenant les visions de M.Correa.  

Réforme de la Constitution : un président aux pouvoirs renforcés 

L’un des principaux objectifs affichés par le jeune président est la stabilisation de la vie politique en Equateur. En effet, le pays a connu huit présidents en seulement dix ans. La réforme de la Constitution, telle qu’elle est envisagée par Rafael Correa, devrait fortement renforcer le rôle du président en répartissant les pouvoirs entre ce dernier et le Parlement. C’est ainsi que le chef de l’Etat, 44 ans, compte démocratiser, selon ses propres dires, la vie politique équatorienne.

Ses adversaires ne l’entendent évidemment pas du tout de la même oreille : pour l’opposition, Rafael Correa tente simplement de s’octroyer une position de toute-puissance sans tolérer le moindre contre-pouvoir. Les conservateurs équatoriens crient donc au scandale et essaient de prévenir ce qu’ils qualifient de « dérives totalitaires ».

Le « socialisme du XXI siècle » à l’équatorienne

« Il faut en finir avec les mythes du néo-libéralisme », est une des phrases fétiches du président Correa. Cet économiste de gauche et ancien professeur universitaire veut inscrire l’Equateur dans le « socialisme du XXI siècle ». Ceci n’est pas sans rappeler son ami et homologue vénézuélien Hugo Chavez.

Mais à en croire Rafael Correa, le président équatorien n’a pas l’intention de faire de son pays une simple copie conforme du modèle chaviste. Hostile au modèle communiste, M. Correa exclue toute nationalisation des moyens de production ou la fin de la propriété privée.

En revanche, le président socialiste est déterminé à en finir avec le monopole des banques, qui contrôlent les télévisions et autres moyens de communication en Equateur, comme il est décidé à accroître le poids de l’Etat en tant que régulateur de l’économie.  « Nous ne croyons pas en une économie où la compétition est ouverte, qui est une lutte fratricide entre humains, nous croyons en une économie solidaire », a aussi expliqué l’un des directeurs de campagne du parti présidentiel, Alfredo Acosta.

Conséquences économiques redoutées par l’opposition

La conception de l’économie du camp Correa n’est pas de nature à rassurer l’opposition conservatrice. Dans les rangs des entrepreneurs aussi, des voix critiques s’élèvent : la crainte que Rafael Correa, à l’instar d’Hugo Chavez, pourrait éloigner le pays de la politique du libre marché est omniprésente.

Selon les experts, les conséquences de la nouvelle politique économique du gouvernement socialiste en Equateur ne vont pas se faire attendre. « Il existe actuellement un insécurité juridique, une persécution et un xénophobie contre les investisseurs qui, maintenant, préfèrent les pays voisins », s’inquiète le président du comité des entrepreneurs équatoriens, Patricia Donoso.

Même son de cloche chez Jaime Carrera. Cet analyste économique est persuadé que la réforme du président Correa va ralentir les investissements privés. « Les implications seront dures pour l’économie et la société », prédit-il.