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Darfour

Les attaques se succèdent

par  RFI (avec AFP)

Article publié le 09/10/2007 Dernière mise à jour le 09/10/2007 à 22:41 TU

Plusieurs dizaines de civils ont péri, ce lundi, dans une attaque aérienne et terrestre à Mouhajirya.(Carte : I.Artus/RFI)

Plusieurs dizaines de civils ont péri, ce lundi, dans une attaque aérienne et terrestre à Mouhajirya.
(Carte : I.Artus/RFI)

La ville de Mouhajirya a été victime, lundi, d'une attaque meurtrière. Les rebelles accusent les forces gouvernementales soudanaises, également soupçonnées d’avoir rasé Haskanita. Selon le bilan établi par le Mouvement de libération du Soudan (SLM), 48 civils ont péri dans le raid aérien et terrestre mené par l'armée soudanaise et ses supplétifs. Des corps jonchent le sol, le marché et de nombreuses habitations ont été brûlés précise un porte-parole militaire de l’Armée de libération du Soudan (SLA), branche armée du SLM, qui assure que ses hommes ont finalement repoussé l'assaut des forces gouvernementales.

Au sein de l'Union africaine, qui dispose d'une base militaire à proximité, on ne se prononce pas sur ce bilan mais on confirme que des civils ont tenté de trouver refuge auprès des soldats de l'UA. Le commandant de la force de l'Union africaine, après avoir évoqué qu'un raid aérien avait bien été perpétré par l'aviation soudanaise, est revenu sur ses propos. Selon le général Agwai, si des avions survolaient hier la zone, rien n'indique que des bombes ont été larguées. Ses soldats auraient, d'après lui, confondu bombardement aérien et tirs d'artillerie.

Quels que soient ses motifs, cette attaque vient encore compliquer la préparation des discussions qui doivent se tenir le 27 octobre en Lybie. La branche du SLA qui tient Mouhajirya est celle de Minni Arkou Minawi, le seul chef rebelle à avoir signé la paix avec Khartoum en 2006. Une paix désormais fragilisée. Un chef militaire de la rébellion a en effet annoncé, mardi après-midi, que ses hommes relanceront la guerre si de telles attaques se reproduisent.

L'armée soudanaise a nié, une nouvelle fois, toute implication dans ces incidents, affirmant qu'il s'agit d'affrontements entre tribus de la région. Khartoum dément avoir fait survoler la zone, même si l'Union africaine a bien confirmé la présence d'un avion militaire soudanais au-dessus de cette région.

Les organisations internationales sont préoccupées

Selon Amnesty international, l'armée soudanaise s'apprêterait par ailleurs à lancer des attaques au Nord Darfour. L'organisation de défense des droits de l'homme dit avoir reçu des informations en ce sens et demande l'intervention rapide de la force hybride UA-Onu dans cette zone. Cette force de 26 000 hommes doit remplacer les 7 000 soldats africains présents sur le terrain.

Les rebelles de la SLA ont également accusé les forces gouvernementales soudanaises et ses milices alliées d’avoir rasé, ces derniers jours, le village d’Haskanita située à 90 kilomètres de Mouhajirya. Selon les rebelles, qui accusent Khartoum de se livrer à une « tactique de terre brûlée »,105 personnes ont été tuées et la plupart des 7 000 habitants d’Haskanita sont en fuite, après la reprise de ce village par les forces soudanaises. Le SLM affirme également que les soldats soudanais ont agi en représailles, après l’attaque du camp militaire de l’Union africaine, situé dans les faubourgs d’Haskanita, le 29 septembre dernier. Dix soldats de la mission de l’Union africaine (Amis) avaient été tués lors de cette attaque attribuée à des rebelles non identifiés.

Les responsables des Nations unies se déclaraient, mardi, inquiets de la montée des violences au Darfour, à trois semaines des négociations de paix en Libye. Ces pourparlers sont destinés à mettre fin à un conflit qui a fait près de 200 000 morts et plus de deux millions de déplacés, selon les organisations humanitaires. Le gouvernement de Khartoum conteste ces chiffres et parle de 9 000 morts seulement.

Victor Tanner

Chercheur spécialiste du Darfour à l'université John Hopkins à Washington

«Ce qu’on va voir, c’est une prolongation de conflits locaux armés et encouragés par le gouvernement.»