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Prix Nobel de la paix

Al Gore : l'ironie d'un destin

Article publié le 12/10/2007 Dernière mise à jour le 12/10/2007 à 19:08 TU

Oslo, le 12 octobre 2007. Le président du comité Nobel, Ole Danbolt, annonce l'attribution du prix Nobel de la paix à l'ancien vice-président américain Al Gore et au panel de l'Onu pour le climat (GIEC).(Photo : Reuters)

Oslo, le 12 octobre 2007. Le président du comité Nobel, Ole Danbolt, annonce l'attribution du prix Nobel de la paix à l'ancien vice-président américain Al Gore et au panel de l'Onu pour le climat (GIEC).
(Photo : Reuters)

En recevant le prix Nobel de la paix conjointement avec l’organisme des Nations unies connu sous le nom de GIEC, Al Gore devient l’exemple d’une éclatante reconversion. Destiné depuis le berceau à être président des Etats-Unis, il a vu sa carrière lui échapper de façon spectaculaire lorsque la Cour suprême a tranché l’élection de l’an 2000 en faveur de George Bush. Après une pénible traversée du désert, la défense de la planète lui a donné sa revanche.

De notre correspondante permanente à Atlanta, Anne Toulouse

Lorsque le premier sénateur Al Gore a eu un enfant tard dans sa vie, en mars 1948, il a téléphoné au principal journal de son Etat The Tennessean, pour donner les instructions suivantes : si c’est un garçon, je veux un titre en première page, car il sera président des Etats-Unis.

Albert Gore qui porte le même nom que son père est ainsi arrivé dans la vie avec un destin tout tracé. Sa principale biographie intitulée le Prince du Tennessee raconte comment ses choix personnels ont toujours fini par céder devant la volonté paternelle.

Lorsqu’au retour du Vietnam il étudie la théologie a l’université Vanderbilt à Nashville, puis se lance dans le journalisme, il est vite rattrapé par la tradition familiale : il est élu à la Chambre des représentants en 1976, avant de reprendre en 1984 le siège de son père au Sénat.

La route de la Maison Blanche lui est ouverte par Bill Clinton dont il est le vice-président de 1992 à 2000 et l’héritier naturel. Leur entente ne s’est jamais remise de la décision d’Al Gore de prendre ses distances avec le président pendant sa campagne électorale.

La traversée du désert

Après sa défaite contestée de l’an 2000, Al Gore connaît des années difficiles. Il essaie sans grand succès de donner des cours dans des universités, publie un livre de photos avec sa femme Tipper et siège dans des conseils d’administration. Il est retourné s’installer à Nashville ou il prend du poids et perd de l’influence.

Lorsqu’en 2004 il tâte le terrain pour se lancer dans la course à l’élection présidentielle, il recueille peu d’argent et peu d’encouragements dans le parti démocrate.

Sauvé par la planète

Dés son accession à la vice-présidence, Al Gore a manifesté de l’intérêt pour un sujet qui n’était pas encore à la mode : l’écologie. En 1992, il publie un livre dans lequel il met en garde contre la détérioration de l’environnement. Ironiquement, pendant sa campagne présidentielle le thème de l’écologie lui est volé par Ralph Nader.

Al Gore redevient un champion de la sauvegarde de la planète avec un autre livre  An Inconvenient Truth (une vérité qui dérange). Le documentaire, qui porte le même titre, lui vaut un Oscar à Hollywood, dont il devient l’enfant chéri.

C’est d’ailleurs en Californie qu’Al Gore a appris qu’il avait reçu le prix Nobel. Dans un  communiqué, il  affirme que le réchauffement de la planète n’est pas un problème politique. Il est cependant difficile de le dissocier de sa carrière précédente.

Candidat en 2008 ?

Ce prix Nobel relance les spéculations sur une éventuelle candidature d’Al Gore à l’élection présidentielle de 2008. Le fait que l’intéressé ait dit à plusieurs reprises qu’il n’était pas partant ne semble pas décourager ses partisans.

Mercredi dernier une organisation  baptisée « draftgore.com », forte de 100 000 signatures, a acheté une page entière dans le New York Times pour supplier l’ancien vice-président de reprendre du service. Al Gore apparaît depuis plusieurs mois dans le peloton de tête des ceux pour qui les électeurs démocrates voudraient voter.

 Il est pourtant peu probable qu’il surmonte ce qu’il appelle lui-même son « désamour » de la politique. Il est d’ailleurs très tard pour mettre en place la lourde machine d’une campagne électorale et bien qu’il ait été en délicatesse avec le clan Clinton, il semble  difficile qu’il aille à ce stade de la compétition affronter Hillary. Selon toute vraisemblance, Al Gore va maintenant savourer les retombées de son prix Nobel et continuer à défendre une cause qui lui a apporté la richesse et la gloire.