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Pakistan

Le retour de Benazir Bhutto, entre fanfare et menaces

par  RFI

Article publié le 18/10/2007 Dernière mise à jour le 18/10/2007 à 09:30 TU

Une foule de sympathisants de Benazir Bhutto attend son arrivée à l'aéroport de Karachi, ce jeudi 18 octobre.(Photo : Reuters)

Une foule de sympathisants de Benazir Bhutto attend son arrivée à l'aéroport de Karachi, ce jeudi 18 octobre.
(Photo : Reuters)

Après plus de huit ans d'exil entre Londres et Dubaï, malgré les incertitudes politiques et les risques d'attentats, Benazir Bhutto est rentrée au Pakistan ce jeudi. L'ancienne Premier ministre a décollé jeudi matin de Dubaï pour Karachi où elle est arrivée à la mi-journée. Sur place sa formation politique, le Parti du Peuple pakistanais, lui a organisé un accueil triomphal : des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans les rues de la capitale économique du Pakistan. Vingt mille policiers ont aussi été déployés, en raison de menaces islamistes.

Hier, lors d'une conférence de presse, Benazir Bhutto a présenté son retour comme une alternative au chaos, en se prononçant pour la rupture...

« De la dictature à la démocratie, de la violence à la paix, a-t-elle dit, avec moi le peuple pakistanais marchera enfin vers son destin »....

On le voit, l'ancienne Première ministre du Pakistan a déjà adopté une posture de chef, et une rhétorique faite de larges promesses.

Est-ce son prénom Benazir qui signifie « l'unique », ou bien la mort tragique de son père en 1979 qui lui confère cette autorité naturelle ? Sûrement les deux.

En tout cas, à 54 ans, Benazir Bhutto n'est plus cette icône glamour de la fin des années 80, lorsqu'à peine sortie d'Oxford et d'Havard, elle devenait, après un premier exil, la première femme responsable d'un gouvernement dans un pays musulman.

Benazir Bhutto dit avoir muri en exil, oublié ses critiques contre le président pakistanais... et elle veut rentrer au Pakistan pour faire la différence.

L'objectif de Benazir Bhutto est donc de redevenir Premier ministre. Ce qu'elle a déjà été, par deux fois. Entre 1988 et 1990, puis entre 1993 et 1996.

Cinq années de pouvoir marquées par des luttes de clans et des affaires de corruption qui, à chaque fois, ont obligé Madame Bhutto à quitter son poste, et à fuir le pays, en 1999, pour échapper à la justice.

Aujourd'hui, son triomphe romain redevient possible pour deux raisons : d'abord parce que toutes les accusations de corruption qui pèsent contre elle ont été levées. Ensuite, parce que le chef de l'Etat, Pervez Musharraf, très affaibli ces derniers mois, a besoin d'un alllié de poids et d'une caution démocratique reconnue en occident pour consolider son pouvoir, quitte à organiser un partage de ce pouvoir.

Des négociations sont d'ailleurs en cours entre les deux parties depuis le mois de juillet.

Pour beaucoup d'observateurs, le couple Bhutto-Mousharraf ressemble à un mariage contre nature. Il est toutefois soutenu par les Etats-Unis, et devrait donc déboucher sur un accord après les élections générales du 14 janvier prochain.

Bhutto redeviendrait Premier ministre, et Musharraf abandonnerait son uniforme de général pour rester président.

Ce qui peut faire barrage à cette alliance, c'est la Cour suprême du Pakistan, qui doit dire dans les prochains jours si l'élection du président Musharraf par le parlement le 6 octobre dernier est bien légale.

Ensuite, cette même Cour va examiner le décret d'amnistie qui protège Madame Bhutto. Voilà pourquoi le président Musharraf lui avait demandé de reporter son retour. Mais l'ancienne Première ministre se sent suffisamment forte pour ne pas faire attendre ses partisans.