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Pakistan

Un massacre pour accueillir Benazir Bhutto

Article publié le 19/10/2007 Dernière mise à jour le 19/10/2007 à 12:14 TU

Une voiture brûle près du camion dans lequel se trouvait Benazir Bhutto.(Photo : Reuters)

Une voiture brûle près du camion dans lequel se trouvait Benazir Bhutto.
(Photo : Reuters)

Selon un nouveau bilan, au moins 133 personnes ont été tuées et 400 autres blessées dans la nuit de jeudi à vendredi dans un double attentat à la bombe qui visait l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto à Karachi, dans le sud du Pakistan. Madame Bhutto s'en est sortie indemne. Elle était rentrée triomphalement jeudi dans son pays après huit ans d'exil. La communauté internationale a condamné ce double attentat, qualifié par le président pakistanais Pervez Musharraf de « complot contre la démocratie ».

Les derniers détails sur l’attentat et ses commanditaires présumés

Par Eric de Lavarène, correspondant de RFI, au Pakistan

Il y a eu une première explosion assez légère qui a entraîné un début de panique et ensuite un véhicule a explosé juste à côté du camion qui transportait Benazir Bhutto et une partie de son staff de campagne, le Parti du peuple pakistanais. Il y eu immédiatement de très nombreux morts, parce que la foule était très compacte autour de ce camion. Trois véhicules de la police qui protégeaient Benazir Bhutto ont été détruits, de très nombreux policiers ont été tués. Ce matin, les hôpitaux sont débordés. Ils ont lancé un appel à l’aide à la population. On relève près de 500 blessés, il y a des dons de sang qui s’organisent. Benazir Bhutto est saine et sauve. Elle a immédiatement été évacuée et elle se trouve actuellement chez elle sous bonne protection policière.

Par notre envoyé spécial à Karachi

Eric de Lavarène

«Les blessés se comptent par centaines après le double attentat contre Benazir Bhutto.»

Juste avant son retour, le 18 octobre, les militants islamistes, proches des réseaux al-Qaïda, qui se trouvent actuellement sur la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan, lui avaient demandé de ne pas rentrer et l’avait menacée d’un attentat contre elle, ce jour même. Il faut dire que Benazir Bhutto a déclaré à la presse quelques jours avant son retour qu’elle autoriserait, si jamais elle redevenait Premier ministre, les soldats américains à rentrer en zone tribale pakistanaise ; ce qui a entraîné une certaine colère dans la population pakistanaise.

« Je sais qui veut me tuer »

Mais elle se disait également menacée par les militaires pakistanais, par l’armée elle-même, qu’elle a critiquée durant ces huit années d’exil. Dans une entrevue réalisée dans la nuit de jeudi à vendredi avec l’hebdomadaire français, Paris-Match, Benazir Bhutto accuse directement les partisans de l’ancien régime du général Mohamad Zia-ul-Haq d’être à l’origine de l’attentat qui la visait. « Je sais exactement qui veut me tuer. Ce sont les dignitaires de l’ancien régime du général Zia qui sont aujourd’hui derrière l’extrémisme et le fanatisme » a ainsi déclaré Benazir Bhutto

Quelques heures après l’attentat, les rues de la ville sont cernées par la police, tout le centre-ville est actuellement bloqué. Ce que l’on redoute, ce sont des représailles venant des partisans de Benazir Bhutto. Actuellement, le Parti du peuple pakistanais est réuni autour de Benazir Buttho. Ils doivent adopter une décision. De très nombreuses personnes sont massées autour de sa maison et on peut s’attendre éventuellement à des débordements.